Afghanistan, un endroit chaud de notre monde
Les deux récentes attaques déroulées en
Afghanistan ont compté des citoyens roumains parmi les victimes : un
représentant de la mission diplomatique de la Roumanie à Kaboul et un
militaire, chauffeur dans le cadre des structures de commandement de l’OTAN. Les
deux Roumains ont perdu la vie suite à l’explosion d’une voiture piégée près de
la Zone verte à Kaboul. Les attentats ont été revendiqués par les insurgés
talibans, qui organisent régulièrement de telles actions, en prenant en général
pour cible les forces de l’OTAN et leurs alliés, les citoyens étrangers qui
vivent à Kaboul ainsi que les institutions afghanes. La Roumanie compte en ce
moment plus de 760 militaires en Afghanistan, qui agissent dans le cadre de la
mission Resolute Support.
Corina Cristea, 20.09.2019, 14:06
Les deux récentes attaques déroulées en
Afghanistan ont compté des citoyens roumains parmi les victimes : un
représentant de la mission diplomatique de la Roumanie à Kaboul et un
militaire, chauffeur dans le cadre des structures de commandement de l’OTAN. Les
deux Roumains ont perdu la vie suite à l’explosion d’une voiture piégée près de
la Zone verte à Kaboul. Les attentats ont été revendiqués par les insurgés
talibans, qui organisent régulièrement de telles actions, en prenant en général
pour cible les forces de l’OTAN et leurs alliés, les citoyens étrangers qui
vivent à Kaboul ainsi que les institutions afghanes. La Roumanie compte en ce
moment plus de 760 militaires en Afghanistan, qui agissent dans le cadre de la
mission Resolute Support.
Invité sur les ondes de Radio Roumanie, l’analyste
militaire Hari Bucur-Marcu détaille la situation actuelle en Afghanistan et
explique pourquoi la responsabilité internationale est nécessaire pour cette
zone: « L’Afghanistan est un pays particulier, entouré par d’autres Etats qui essayent
de résoudre leurs disputes économiques ou sécuritaires par voie militaire. L’on
parle du Pakistan, de l’Iran, voire de la Russie. Il s’agit, si on y réfléchit
bien, des pays qui ont été bâtis sur cette base, où la puissance militaire compte
dans la vie de tous les jours, sans même parler de la position internationale
de cet Etat. Un tel pays, l’Afghanistan en l’occurrence, est arrivé dans la
situation où les Etats Unis, mais aussi leurs alliés, l’ont attaqué pour la
simple raison qu’il abritait l’une des organisations terroristes les plus
dangereuses au monde, respectivement Al-Qaïda, celle qui est à l’origine de
l’attaque perpétrée contre les Tours jumelles de New York le 11 septembre 2001.
Depuis 18 ans, les Etats-Unis sont présents en Afghanistan, ont fait la guerre
aux talibans qui détenaient le pouvoir à ce moment-là, les ont vaincus
militairement, mais ils n’ont pas réussi à les faire disparaître complètement.
Les talibans ont réussi malgré tout à survivre en tant qu’organisation. Et
voilà, de temps à autre, ils arrivent à remplir un camion avec de l’explosif et
à le faire sauter près d’une cible. C’est un peu ce contexte. Le grand point d’interrogation,
c’est de savoir que fait la Roumanie dans toute cette histoire. Et là, il n’y a
qu’une seule réponse : il s’agit de notre responsabilité internationale. », constate l’analyste militaire Hari Bucur-Marcu.
Depuis que les Etats-Unis ont lancé leurs
opérations militaires en Afghanistan, en octobre 2001, plus de 2.400 militaires
ont été tués et plus de 20.000 – blessés, selon les statistiques du Pentagone.
Et parmi ces victimes, l’on compte 30 Roumains. Dans les zones de conflit, les
cibles de choix sont, en général, les ressortissants des grandes puissances.
Maintenant, suite à cette attaque, l’Ambassade de Roumanie a été détruite à 80%,
devenant, du moins pour le moment, inutilisable. Et cela se passe alors que la
Roumanie est considérée comme l’un des pays plutôt bien agréés par la
population afghane. Quelque chose aurait changé entre temps? La réponse de la ministre
roumaine des Affaires étrangères, Ramona Manescu, est négative : « Pas du tout. La perception est la même. Mais la sympathie envers les Roumains
et la Roumanie ne pèse pas lourd dans la prise de décision des terroristes. Il
s’agit d’une attaque terroriste contre une mission étrangère située en Afghanistan,
la mission diplomatique d’un Etat européen, ce n’est aucunement lié au niveau
de sympathie ou d’antipathie envers la Roumanie. », explique la ministre roumaine des Affaires étrangères.
De fait, l’attaque a eu lieu
peu après la rencontre entre le président afghan Ashraf Ghani et l’émissaire américain
Zalmay Khalilzad, consacrée au projet d’accord de paix avec les insurgés afghans,
projet qui n’était par ailleurs pas agréé par une partie des talibans. Et tout
ce processus de paix se trouve maintenant à l’arrêt, après l’arrêt des négociations de paix avec les talibans, décidé par le président
Donald Trump, suite
à cette attaque justement. Le leader de la Maison Blanche avait en effet
brusquement annoncé l’annulation d’une rencontre prévue avoir lieu à Camp
David, à l’approche de la date de commémoration des attentats du 11 septembre 2001.
D’ailleurs, le président Trump, celui qui s’était engagé à retirer les troupes américaines
d’Afghanistan et à mettre un terme à l’intervention américaine dans ce conflit
qui dure depuis 18 ans, a justifié le changement de cap par l’attaque récemment
commise à Kaboul, où un militaire américain avait par ailleurs perdu la vie. Toutefois,
les Etats-Unis n’excluent pas la reprise de leurs négociations avec les
talibans, pour autant que les insurgés changent d’attitude et qu’ils respectent
leurs engagements, a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo.
Plusieurs anciens ambassadeurs des Etats-Unis en Afghanistan ont averti, dans
une lettre ouverte, sur les risques potentiels qu’un retrait précipité ferait
courir à la zone. A Kaboul, le président Ashraf Ghani a déclaré que la paix ne
serait une option qu’à condition que les talibans mettent un terme aux
violences et se mettent autour de la table avec le gouvernement afghan. Près
de 200 personnes ont été tuées et environ 900 – blessées dans les attaques que la capitale afghane a connues depuis le début de l’année. (Trad. :
Ionuţ Jugureanu)