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40 ans depuis le premier vol d’un Roumain dans l’espace

Après 7 jours, 20 heures et 42 minutes passés dans l’espace, les deux hommes rentreront dans l’atmosphère, dans l’après-midi du 22 mai, la capsule atterrissant sans encombre dans les steppes du Kazakhstan. Le programme spatial qui a permis ce vol s’appelait Interkosmos, un programme voué à faire participer les pays socialistes d’Europe de l’Est, voire d’autres Etats amis, au programme spatial soviétique. C’est grâce à Interkosmos que Dumitru Prunariu est devenu le premier et, jusqu’à présent, le seul cosmonaute roumain.

40 ans depuis le premier vol d’un Roumain dans l’espace
40 ans depuis le premier vol d’un Roumain dans l’espace

, 23.07.2021, 11:48

Après 7 jours, 20 heures et 42 minutes passés dans l’espace, les deux hommes rentreront dans l’atmosphère, dans l’après-midi du 22 mai, la capsule atterrissant sans encombre dans les steppes du Kazakhstan. Le programme spatial qui a permis ce vol s’appelait Interkosmos, un programme voué à faire participer les pays socialistes d’Europe de l’Est, voire d’autres Etats amis, au programme spatial soviétique. C’est grâce à Interkosmos que Dumitru Prunariu est devenu le premier et, jusqu’à présent, le seul cosmonaute roumain.

Aujourd’hui, quatre décennies plus tard, lors de l’anniversaire de sa mission, organisé par le ministère roumain des Affaires étrangères à Bucarest, Dumitru Prunariu s’est rappelé les conditions de ce vol et les expériences scientifiques réalisées lors de cette mission spatiale: « Notre vol cosmique comprenait une série d’expériences élaborées par des chercheurs roumains et des instituts scientifiques, dont une bonne partie était regroupée autour de l’Institut central de physique de Măgurele, près de Bucarest. D’autres ont visé des expérimentations médicales, censées par exemple étudier les conditions d’adaptation du corps humain à l’apesanteur, suivies des mesures effectuées sur l’organisme humain lors du retour sur Terre, pour déterminer la manière dont il se réadapte aux conditions terrestres. D’un point de vue technologique, certaines expériences tenaient du domaine de l’astrophysique, telle l’étude du rayonnement cosmique. J’avais, par exemple, mesuré, à l’aide d’un appareil numérique conçu en Roumanie, le niveau de rayonnement cosmique au-dessus de différentes zones de la Terre, notamment au-dessus de l’Atlantique Sud, région qui présente une anomalie du champ magnétique terrestre. Nous avons pu enregistrer des valeurs de rayonnement cosmique 20 fois plus élevées dans cette zone que dans les autres régions survolées. Nous avons réalisé encore des expériences pour étudier le comportement des particules lourdes à différentes altitudes de vol, d’autres expériences scientifiques et leurs applications technologiques. Ce fut, par exemple, le cas, lorsqu’on avait étudié la possibilité d’obtenir des matériaux d’une grande pureté, qui avaient des applications dans l’industrie électronique, y compris dans l’industrie des cellules solaires, censées pouvoir produire de l’énergie dans l’espace. Ce qui m’avait très vite frappé, c’est la minceur de l’atmosphère terrestre. Si l’on comparait la Terre à une pomme, l’épaisseur de l’atmosphère ne dépasserait pas l’épaisseur de la peau du fruit. Cela fait un choc de comprendre que la vie s’est développée et que tous les processus vivants ont lieu dans cette couche mince, alors que nous, dans notre ignorance, nous polluons cette atmosphère, nous empoisonnons l’air que nous respirons et que les générations futures respireront, en défrichant les forêts qui représentent l’usine à oxygène de la planète. » avait martelé, inquiet, Dumitru Prunariu, 40 ans après son vol cosmique.

Mais quel avenir pour la conquête spatiale dans les années à venir ? Et quels acteurs pour ce faire : publics ou privés ? Ecoutons, à nouveau, Dumitru Prunariu: « Sans aucun doute, l’avenir de la conquête spatiale devrait utiliser tant le public que le privé, en étroite collaboration. Les gouvernements ne sont plus les seuls acteurs qui investissent dans l’espace. Et au fur et à mesure que le domaine s’est développé, l’on a vu apparaitre des opportunités commerciales et des sources de profit. Regardez Elon Musk, qui envoie, avec ses fusées, des gens à bord de la station spatiale internationale. Il prépare et teste également une navette spatiale géante, censée transporter des éléments d’infrastructure, pour ériger la future base permanente au pôle Sud de la Lune. La même navette qu’il compte utiliser pour envoyer 20 personnes dans une mission complexe vers la Lune, ainsi que vers Mars. C’est un entrepreneur visionnaire, qui sait utiliser son argent à bon escient, à la fois pour soutenir l’effort du programme spatial américain, car il travaille en collaboration étroite avec la NASA sur nombre de ses programmes, mais aussi en faisant de bonnes affaires, grâce à ses fusées réutilisables. Il y a deux ans, il fournissait environ 20% du total des lancements de satellites commerciaux dans le monde et, par la suite, des agences gouvernementales ont commencé à leur tour à étudier la possibilité de créer des fusées récupérables, ce qui aura pour effet de réduire considérablement les coûts d’exploitation de l’espace. Certes, le prix par kilogramme envoyé dans l’espace va de la sorte baisser par rapport au prix actuel, qui est d’environ 15 – 20 000 dollars. Aussi bien Elon Musk que Jeff Bezos, qui est aussi l’homme le plus riche au monde, compte mettre sur pied des vols touristiques dans l’espace, même des vols suborbitaux à des prix raisonnables pour les gens fortunés, probablement à quelques centaines de milliers de dollars le voyage. Quant aux vols interplanétaires, non seulement la Lune sera explorée, mais encore des planètes plus lointaines, telle Mars, qui fait l’objet de programmes de recherches très poussés, vu que l’on suppose qu’il y avait autrefois de la vie, de l’eau qui puisse encore exister enfouie sous le sol de la planète. Aussi, le rover américain Persévérance recherche d’une façon très organisée des traces biologiques ancestrales au fond du lac où il s’était posé. La fusée chinoise qui s’est récemment posée sur la Lune, utilise, elle aussi, les qualités de son rover pour mener des recherches pointues. La concurrence dans le domaine de la conquête de l’espace et de la recherche spatiale force la coopération entre le public et le privé. Même la Russie et la Chine s’ouvrent aux initiatives privées, car la présence du privé est stimulante et utile, accélérant l’essor du domaine. »

En 2021, au-delà du 40e anniversaire du vol de la mission Soyuz 40, seront célébrés deux autres moments marquants de l’histoire de la conquête spatiale : 70 ans depuis le premier vol habité (avec la mission de Youri Gagarine, le 12 avril 1961) et 40 ans depuis le vol inaugural du programme Space Shuttle, avec le lancement de la navette spatiale américaine Columbia. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

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