1,5°, ce seuil qui fait la différence
2024 restera dans l’histoire comme la première année où la moyenne des températures mondiales a dépassé le seuil de 1,5° par rapport à la période préindustrielle.
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Corina Cristea, 14.02.2025, 10:19
2024 restera dans l’histoire comme la première année où la moyenne des températures mondiales a dépassé le seuil de 1,5° par rapport à la période préindustrielle. Un seuil au sujet duquel les scientifiques se sont accordés pour dire qu’il faudrait tenter à tout prix de ne pas dépasser. La mauvaise nouvelle, annoncée par le programme Copernicus de l’UE sur les changements climatiques, présage du pire. En effet, le dépassement constant de ce seuil durant les dix à vingt années à venir risquerait de faire la différence entre une planète habitable et une planète devenue un véritable cauchemar pour ses habitants. Dans le contexte, le professeur Mircea Duțu, président de l’Université écologique de Bucarest, ne mâche pas ses mots :
« L’on a enregistré un dépassement des valeurs de l’année précédente durant chaque mois, entre janvier et juin 2024. Un nouveau record de la moyenne quotidienne globale a été établi le 22 juillet 2024, à 17,6°. Et il s’agit d’une tendance lourde des dix dernières années. La cause principale, on la connaît : la hausse de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, la concentration de dioxyde de carbone atteignant 422 parties par million (ppm), un record absolu, l’année dernière, à cause de l’utilisation incontrôlée des combustibles fossiles. Aussi, ce seuil symbolique de 1,5° prévu par l’Accord de Paris a été dépassé. L’on est à 1,6° par rapport à la période de référence 1850-1900. Cependant, pour que cette tendance se confirme il faut encore que cette moyenne se confirme sur une période de plus de vingt ans ».
Diviser par deux les émissions des gaz à effet de serre avant 2030
Les 196 Etats signataires des Accords de Paris s’étaient pourtant engagés de diviser par deux leurs émissions des gaz à effet de serre avant 2030, pour viser la neutralité carbone à l’horizon 2050. Force est de constater que l’on est encore loin, alors que la hausse des températures ne fait que contribuer à l’apparition des phénomènes météo extrêmes à travers le globe. Les vagues de chaleur ont fait nombre de victimes l’année dernières, depuis les pèlerins venus faire leur devoir religieux à la Mecque au mois de juin, mais encore au Mexique, en Thailande, en Inde et jusqu’en Grèce. Quatre millions de personnes qui vivent en Afrique centrale et de l’Ouest ont eu besoin d’aide humanitaire à la suite des inondations dévastatrices qui ont fait plus de 1.500 victimes. Plus près de nous, l’Espagne a été à son tour victime l’année dernière à des inondations terribles. Les ouragans ont frappé les Caraïbes, dévastant des larges régions d’Asie, les Filipines en particulier. La sécheresse a touché des régions étendues du continent américain, provoquant des incendies jamais vus jusuqu’aux régions humides de l’Amazonie. Au sud du continent africain, 26 millions de personnes se retrouvent menacés par la famine à cause des conditions météorologiques extrêmes, selon le Programme alimentaire des Nations-Unis. Les scientifiques soutiennent de concert que quasi toutes les catastrophes naturelles de 2024 ont été intensifiées par les conséquences des émissions des gaz à effet de serre évaqué par l’homme dans l’atmosphère. Des catastrophes dont les coûts en termes financiers s’élèvent selon les estimations à près de 140 milliards de dollars. A nouveau, Mircea Duțu :
« La Terre connaît une véritable poussée de fièvre, surprenante par sa violence. A la fin de la période El Niño au mois de juin et en attendant La Niña pour l’automne, l’on s’attendait à une diminution des températures. Cela n’a pas eu lieu et il est improbable à ce que cela ait lieu dans le contexte actuel. La Niña s’est laissée attendre. Cela dit, depuis des millions d’années l’atmosphère terrestre n’a plus connue une telle concentration de dyoxide de carbone. Pendant les deux dernières millénaires la vitesse de réchauffement de la terre a été lente. La poussé actuelle de fièvre est surprenante. Et dans ce contexte de réchauffement climatique, après le passage d’un El Niño les températures demeurent anormalement élevées. »
Un signale d’alarme
Le dépassement de la barre de 1,5°C en une année constitue un signal d’alarme pour l’avenir. Le professeur Mircea Duțu :
« C’est l’état de l’océan planétaire qu’il faudrait suivre avec attention. 2025 ira probablement se placer sur le podium des années les plus chaudes jamais enregistrées, mais derrière 2023 et 2024. Au mois de décembre passé l’on a constaté une baisse des températures de l’eau de surface des mers. Durant les mois qui suivent nous allons pouvoir mieux comprendre de quoi cette année sera faite, de l’évolution des températures océaniques, qui vont probablement enregistrer des anomalies dans le Pacifique équatorial. »
Sans prendre en compte les pertes financières, les spécialistes estiment qu’en l’absence d’une baisse drastique des émissions des gaz à effet de serre, les conséquences des changements climatiques se traduiront par 2,3 millions de décès supplémentaires qui auront lieu dans 854 villes d’Europe avant la fin du siècle. (Trad. Ionut Jugureanu)