YARD SALE – une nouvelle vie pour les vieilles choses
România Internațional, 27.06.2013, 12:24
Dans toutes les grandes capitales européennes il y a des endroits particuliers où les gens peuvent vendre à très bas prix les petites choses qui ne leur sont plus utiles. Les Français ont leur « Marché au Puces », les allemands le « Fleemarkt ». Des ventes similaires sont faites depuis les porte-bagages des voitures ou dans la cour des maisons — les Anglais appellent cela « carboot sale » ou « Yard Sale ».
Ces petites foires aux puces donnent une nouvelle vie aux choses qui gisent, inutiles, dans les placards et pour lesquelles leurs propriétaires ont peut-être dépensé des sommes importantes. Eh bien, ces foires commencent à faire fortune à Bucarest. Elles sont plutôt une façon de recycler des choses dans une société qui se dirige à grands pas vers le consumérisme. Gabriela Andreea Urdă compte parmi les organisateurs de tels événements, qu’elle a baptisés « Yard Sale ». Pourquoi a-t-elle choisi ce syntagme anglais au lieu de son équivalent roumain ? « Il s’agit d’une foire aux puces, mais cette notion, comme beaucoup d’autres, a perdu son sens initial et acquis une connotation péjorative. Alors nous avons préféré l’appeler « Yard sale ». La première édition a été organisée en février dernier. Tout a commencé lorsque, en déménageant, j’ai constaté que je possédais beaucoup de vêtements et toute sorte d’objets dont je n’avais plus besoin, mais qui pouvaient encore être utiles à d’autres personnes. Je pouvais les vendre à bas prix ou les échanger contre d’autres choses. J’ai donc pensé que je pouvais organiser un « Yard Sale » – et pas uniquement pour moi, car il y a tellement de gens dans cette situation. Et voilà, nous en sommes déjà à la 5e édition. »
Les vendeurs d’objets à bas prix s’inscrivent d’une édition à l’autre car cela commence à leur plaire et ils emmènent de nouveaux vendeurs. D’autres personnes intéressées les rejoignent, qui en ont entendu parler, soit grâce aux différents médias, sur Internet ou en consultant le site de Gabriela. Comment cela se passe-t-il d’habitude ?« Ils s’inscrivent, ils paient une taxe modique, couvrant uniquement les coûts d’organisation et le prix de location de l’espace respectif. Jusqu’ici nous nous sommes réunis dans un café, pourtant à présent nous allons chercher un espace plus grand. Nous nous rencontrons le dimanche matin et jusqu’au soir nous attendons les clients, qui viennent nombreux, fouillent et achètent des choses presque pour rien — c’est-à-dire pour des prix allant de 5 à 50 lei (soit entre un euro et 10 euros environ). Il y a une centaine de personnes qui viennent à chaque édition. »
Qu’est-ce qui attire toutes ces centaines d’acheteurs, c’est Gabriela Urda qui nous explique :« Nombre de ceux qui y viennent, aiment plutôt fouiller et découvrir des choses que d’acheter dans des magasins des objets que tout le monde possède. Dans une vie comme la nôtre, dirigée par les différentes normes et assez limitée, les gens ont toujours besoin d’être surpris. C’est tout simplement une découverte et la joie de faire une bonne affaire. Puis, la plupart de ceux qui viennent pour acheter différents objets pensent aussi à vendre leurs propre bric-à-brac. Tous ces objets doivent être réintégrés dans ce circuit parce que notre société de consommation nous pousse à accumuler beaucoup d’objets qui arrivent ensuite à la poubelle. Mais finalement il ne s’agit pas d’ordures. Tout devrait être réutilisé, recyclé. C’est ainsi que nous réussissons à réintroduire dans ce circuit, en fait à mettre dans l’armoire de quelquun d’autre des vêtements qui ne sont pas du tout à mettre à la poubelle. Nous arrivons à mieux utiliser certaines ressources. J’ai organisé un salon vintage il y a quelque temps. Le vintage c’est tout ce qui daté entre 1920 et 1980. D’habitude, ils ont une importante valeur esthétique ou tout simplement une valeur sentimentale. Les robes de grand-mère par exemple. Ils s’agit d’objets créés il y a de nombreuses années, des bibelots et des bijoux qui n’ont pas une trop grande valeur, sont faits pour être consommés. On achète une blouse, on la porte une année et puis qu’est qu’on fait avec ? Elle reste dans l’armoire, elle occupe de la place, accumule de la poussière et c’est tout. En l’apportant chez nous à Yard Sale, on peut l’échanger avec quelques chose d’autres sinon on peut la vendre à quelquun d’autre. »
Quelle a été la plus grande surprise de ces réunions de dimanche ? Réponse avec Gabriela Urda : « Les gens ont été la plus grande surprise, comme toujours. Leur large ouverture. Nous avons rencontré un grand nombre d’amis que n’avons pas revu depuis longtemps, des gens de l’industrie de la mode, des stylistes, des journalistes, des gens qui ont appris de cet événements depuis une multitude de sources. L’information s’est répandue d’une manière organique, ce qui signifie qu’il s’agissait d’un besoin important. Ce genre de socialisation qui se passe chaque dimanche, attire les gens, qui viennent et passent plus de temps que dans un magasin. Il me semble qu’ils soient plus joyaux quand ils quittent l’endroit. C’est un événement social que je voulais transformer en un événement de la communauté de jeunes passionnés de la mode qui souhaitent aussi quelque chose de différent. Enfin, de tels événements se passent aussi chez nous. Je veux le transformer en un événement mensuel, en une foire de bric-à-brac une bonne occasion d’apprendre que les objets peuvent avoir plusieurs vies. »
Selon Gabriela Urda, c’est un de nos principaux défauts : nous sommes des acheteurs compulsifs. C’est pourquoi nous arrivons à garder tous ces vêtements dans les armoires. Au moment où nous découvrirons qu’ils occupent inutilement de la place dans nos armoires, Yard Sale peut s’avérer une solution. (Trad.: Dominique, Alex Diaconescu)