UTOPICA, une exposition pas comme les autres
Le point de départ fut l’idée d’un atelier destiné aux enfants provenant d’une zone défavorisée de la capitale : le quartier de Giuleşti-Sârbi. Les enfants ont joué, ils ont découvert des musées, ils se sont rapprochés de l’art et des artistes et ils ont créé « Le monde parfait ». Le monde parfait était leur réponse à la question lancée aux participants à cet atelier : « A quoi ressemblerait le monde parfait ? » C’est à partir de leurs idées et créations que l’exposition interactive UTOPICA a été réalisée. Lancé par l’association Da’DeCe (Mais pourquoi ?) et cofinancé par l’Administration nationale du fonds culturel, le projet « UTOPICA par l’art » a débuté par un atelier urbain, organisé du 8 au 12 juillet 2019 au Manoir Golescu-Grant et auquel ont participé 15 enfants bénéficiaires du Programme intégré d’éducation à la diversité. Iulia Iordan, éducatrice au sein de l’Association Da’DeCe raconte le cheminement des artéfacts réalisés par les enfants dans le cadre de cet atelier, jusqu’à l’exposition « Utopica » :
Ana-Maria Cononovici, 12.11.2019, 13:42
« Utopica » est le premier de toute une série de projets expérimentaux censés évaluer l’intérêt des enfants pour un changement de la société où ils vivent. Notre association met en œuvre, d’habitude dans des musées, des projets culturels pour les enfants. Le projet « Utopica » est pourtant une première. L’été dernier, nous avons organisé un atelier urbain au manoir Golescu-Grant, qui a accueilli notre exposition. Les enfants qui y ont participé provenaient d’un quartier pauvre de la capitale, celui de Giuleşti-Sârbi. Educateurs et artistes ont travaillé côte à côte avec eux, tâchant d’évaluer leur intérêt pour la culture, pour les espaces destinés à l’art et pour un monde idéal. Cette exposition en est le résultat. « Utopica » n’est pas une exposition classique, c’est une exposition interactive, une expérience. Le visiteur suit un certain trajet, mais avant d’y avoir accès, il doit déposer « une plainte », à laquelle il devra aussi trouver une solution à la fin de sa visite. Cette exposition est un espace de réflexion : chacun de nous doit penser au monde où il vit, avec ses problèmes, qu’il est invité à transformer par l’intermédiaire de l’art, dans l’espace que nous avons conçu. »
Quel genre de « plaintes » les enfants ont-ils déposée, quels mécontentements ont-ils exprimé ? Iulia Iordan dit et on cite : « Les plaintes des enfants sont liées pour la plupart à l’école, mais beaucoup d’entre elles concernent également la pollution, les déchets. Ils s’avèrent très attentifs, en fait plus attentifs que l’on ne l’aurait cru, au monde où ils vivent et l’état de fait qu’ils signalent n’est pas très encourageant. Il est intéressant de voir les solutions qu’ils proposent, pas à pas ; d’une certaine façon, ils sont réalistes, très bien ancrés dans la réalité. Il y a aussi des « plaintes » liées aux relations interhumaines. Certains enfants ont déploré le mensonge, le manque d’affection, l’absence de quelqu’un avec qui ils puissent échanger. Leurs mécontentements sont très divers. Et, ce qui est très important, à mon avis, l’exposition n’est pas destinée uniquement aux enfants, mais aussi aux adultes. On m’a demandé en quoi les plaintes déposées par les adultes sont différentes de celles déposées par les enfants. Et il paraît qu’en fait, nos enfants font preuve d’une grande maturité, ils se posent des questions importantes, similaires à celles des adultes. »
Iulia Iordan nous a ensuite expliqué quelles étaient les différences entre les enfants provenant des milieux défavorisés et les autres enfants. « Il y a des différences liées, avant tout, à leur expérience de vie. Ces enfants ont moins accès à la culture, mais ils sont, en échange, plus habitués aux activités en plein air, dans la rue, ils sont attirés par le sport. Pourtant, d’où qu’ils proviennent, nous devons éduquer ces enfants, les déterminer à s’intéresser à l’art, par les méthodes que nous proposons. Nous les avons emmenés visiter des musées, ils n’avaient jamais vu un atelier d’artiste. Dans le cadre de notre projet, ils ont eu la possibilité de rencontrer le peintre Ştefan Câlţia et de visiter son atelier. Ce fut un enchantement et une révélation pour eux. Ils se sont ouverts, ils lui ont posé de nombreuses questions; l’expérience a été extraordinaire non seulement pour eux, mais aussi pour nous, qui y avons assisté. »
Et pour accroître l’impact du projet, nous souhaitons que cette exposition devienne itinérante. Iulia Iordan: « C’est une exposition de petites dimensions. Elle a été ainsi créée à dessein, parce que nous souhaitons la présenter dans toutes les écoles qui ont une salle de classe disponible. Nous espérons pouvoir l’ouvrir dans de nombreux endroits, car toutes les informations que nous avons recueillies de nos visiteurs méritent d’être partagées. Il y a notamment cette « plainte », présente dans la partie introductive et à la fin, ensuite nous parlons de la maison idéale. Là, nous avons plusieurs beaux ouvrages réalisés par les enfants durant notre atelier. C’est également un espace où chaque visiteur apporte un élément qui lui permet de se sentir chez soi et l’ajoute à ceux déjà mis en place par les visiteurs qui l’ont précédé. Le volet « Ecole » propose deux personnages, l’Utopique et l’Ennuyée, qui portent un dialogue sur l’histoire et les problèmes de l’école. »
L’exposition UTOPICA s’adresse aux jeunes et très jeunes, âgés de plus de 7 ans, qui souhaitent changer quelques chose dans le monde. (Trad. : Dominique)