Une ville, une rivière, une histoire
Aujourd’hui nous vous racontons l’histoire de la rivière de Dâmbovița qui traverse Bucarest, la capitale roumaine. Si jadis elle passait presqu’inaperçue, de nos jours les rives de la rivière se veulent une véritable artère verte de la ville, où chacun peut se réunir pour partager et profiter de la nature. Bref un véritable lien entre les quartiers de la capitale. Pour ce faire, tout un événement a été mis sur pied sous le nom de « Dâmbovița Delivery ». Le nom fait référence au festival « street delivery » organisé chaque année à Bucarest et dont l’objectif est de permettre aux piétons de se réapproprier l’espace urbain.
Ana-Maria Cononovici, 27.09.2022, 15:02
Aujourd’hui nous vous racontons l’histoire de la rivière de Dâmbovița qui traverse Bucarest, la capitale roumaine. Si jadis elle passait presqu’inaperçue, de nos jours les rives de la rivière se veulent une véritable artère verte de la ville, où chacun peut se réunir pour partager et profiter de la nature. Bref un véritable lien entre les quartiers de la capitale. Pour ce faire, tout un événement a été mis sur pied sous le nom de « Dâmbovița Delivery ». Le nom fait référence au festival « street delivery » organisé chaque année à Bucarest et dont l’objectif est de permettre aux piétons de se réapproprier l’espace urbain.
Rencontre avec Valentin Talabă, manager en communication chez Nod Maker Space, une association qui organise des évènements, qui nous a expliqué la genèse du projet « Dâmboviţa Delivery » : « Toutes les grandes villes d’Europe sont traversées par un fleuve. Berlin par le Spree, Paris la Seine et le canal St Martin, Londres par la Tamise. Bucarest est traversée par la Dâmboviţa, un cours d’eau dont on n’exploite pas pleinement le potentiel. Beaucoup de Bucarestois remarquent à peine qu’une rivière traverse la ville. C’est comme ça qu’est née l’idée : faire le lien entre les deux secteurs traversés par la Dâmboviţa, les secteurs trois et quatre. Utiliser cette ressource pour créer du lien entre les habitants, atour d’activités culturelles et ludiques pour les petits et les grands, dans un lieu agréable. »
Comment s’est déroulé le festival « Dâmboviţa Delivery » ? Valentin Talabă nous répond : « Nous avions organisé une trentaine d’activités. Des ateliers pour enfants, des activités culturelles, des rencontres littéraires, des concerts, le tout en entourés de food-trucks. L’activité phare de cet évènement était la promenade en barque sur la rivière, entre la place de l’Union dans le centre, où se trouve la Bibliothèque Nationale, et jusqu’à Mihai Bravu. Cela nous a permis de mettre en évidence l’importance de rendre la rivière accessible dans la ville. Nous avons mis au point des pontons permettant aux visiteurs de traverser la rivière d’une rive à l’autre. Le long de ces pontons étaient organisées des activités artistiques collaboratives. Les participants ont pu collaborer avec les artistes et artisans pour mettre au point un arc-en-ciel actuellement suspendu au dessus de la rivière. Nous avons réaménagé le pont de l’Abattoir et travaillé atour du lit de la rivière pour lui redonner des couleurs. L’important, c’est d’avoir permis aux habitants de prendre conscience qu’il était possible de vivre la ville autrement, sans consommer, sans dépenser, simplement en s’adonnant à des activités, en reconnectant avec soi-même et avec sa communauté. »
« Si vous avez des idées pour transformer la rivière Dâmbovița, dites-le nous ! Nous recherchons des intervenants pour des activités artistiques, des projets éducatifs, des ateliers interactifs afin de redonner vie aux espaces qui longent la rivière » annonçait l’évènement. Alina Tofan, eco-performer était présenter à l’évènement avec son installation Plastic Womb dont elle est venue nous parler : « Georgiana Vlahbei et moi-même, du collectif Plastic Art Performance, avons participé à cette édition de Dâmboviţa Delivery. Nous y avons présenté notre installation d’éco-performance et d’objet. L’objectif était de tirer la sonnette d’alarme et d’attirer l’attention des citoyens sur la pollution plastique dans l’eau et ses conséquences sur les écosystèmes fluviaux. Nous avons eu d’excellents retours, surtout de la part des organisateurs. Cela nous a permis d’aussi présenter notre travail. Les passants ont manifesté de la curiosité. Grâce à un QR code ils pouvaient écouter les explications données sur notre installation. A cette occasion nous avons collaboré avec le designer Teo Rădulescu. Notre installation s’intitule « Plastic Womb », l’utérus en plastic car c’est malheureusement l’image que nous conservons des écosystèmes fluviaux. Notre travail a pour objectif de faire prendre conscience de la situation et d’impliquer davantage la société civile. »
Quels autres projets sont en préparation afin de consolider la relation qu’entretiennent les habitants avec la rivière ? Valentin Talabă nous répond : « Nous allons réitérer l’expérience de Dâmboviţa Delivery ». En parallèle, nous menons des discussions sur la qualité de l’eau de la rivière et sur la direction à prendre pour exploiter pleinement cette ressource essentielle. »
Des solutions temporaires et permanentes ont été envisagées. Parmi elles, l’organisation d’activités sur les bords de la rivière: spectacles, discussions, expositions, interventions artistiques, etc, toutes ayant pour objectif de proposer la reconfiguration de cet espace aux autorités locales. Des appels à projet sont en cours pour des reconversions ou des réhabilitations d’espaces urbains, pour des projets artistiques permettant de redonner vie aux rives de la Dâmboviţa, pour des projets sociaux de soutien au communautés. Des projets qui permettront de tisser des liens et surtout, de sensibiliser les habitants à la présence de cette rivière qui traverse la capitale roumaine, un privilège que beaucoup ignorent encore. (Trad : Charlotte Fromenteaud)