Une nouvelle danse traditionnelle roumaine au patrimoine de l’UNESCO
Une danse traditionnelle que les Roumains adorent vient d’être reconnue par l’UNESCO comme une valeur du patrimoine immatériel de l’humanité. Après la danse traditionnelle des Calusari, la chanson appelée «doina », la céramique de Horezu et la tradition des cantiques de Noël chantés par un groupe d’hommes roumains ou moldaves qui va de maison en maison, c’est le tour de la danse appelée «Feciorescul» (Des jeunes hommes) de faire partie du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ana-Maria Cononovici, 20.12.2015, 11:08
Une danse traditionnelle que les Roumains adorent vient d’être reconnue par l’UNESCO comme une valeur du patrimoine immatériel de l’humanité. Après la danse traditionnelle des Calusari, la chanson appelée «doina », la céramique de Horezu et la tradition des cantiques de Noël chantés par un groupe d’hommes roumains ou moldaves qui va de maison en maison, c’est le tour de la danse appelée «Feciorescul» (Des jeunes hommes) de faire partie du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pour mieux comprendre l’importance de cette distinction, nous avons invité au micro Dejeu Zamfir, chercheur scientifique, docteur, membre de la Commission nationale de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, connue aussi comme la Commission de folklore du ministère de la Culture:
«Feciorescul (la danse des jeunes hommes) est une danse très spéciale et d’une grande valeur. Premièrement pour sa diversité, ensuite pour son message. C’est une danse d’initiation. Les jeunes hommes se réunissent sur la place centrale du village ou devant une maison et commencent à danser. Ils amènent des musiciens qu’ils paient : ils mettent un billet de 100 lei dans l’archet et crient «Joue, musicien ! Moi, je danse ! » Et ils commencent à danser au moment où les jeunes filles s’approchent. Certes, il y a des sympathies entre certains jeunes hommes et certaines jeunes filles et ils commencent à danser en couple. Il y a plusieurs types de danse. Dans certaines régions elle est plus spectaculaire, comme dans la Plaine de la Transylvanie ou dans le sud de la Transylvanie, par exemple, où les jeunes hommes frappent leurs jambes, leurs hanches et leurs pieds. Cela devient une danse des virtuoses. Cela a été mon ambition de faire inscrire cette tradition au patrimoine de l’UNESCO, puisque la première danse roumaine qui y a été inscrite était celle des Calusari. Et je me suis dit qu’il fallait y introduire la danse « Feciorescul» aussi, car elle est plus complexe et plus répandue. La danse des Calusari est composée de trois parties, alors que «Feciorescul » comporte 9 types de danses, avec plusieurs variantes et fournit beaucoup de matériel cinétique intéressant».
Les préparatifs du dossier pour l’inscription de cette danse au patrimoine mondial de l’UNESCO ont démarré il y a 5 ans. La candidature a été déposée il y a deux ans, c’est-à-dire après 3 ans de recherche et de documentation. Comment en profitent les danseurs ? Voici la réponse de notre invité, Dejeu Zamfir:
«C’est une fierté pour la communauté qui pratique cette danse. Nous avons obtenu l’accord d’une soixantaine de communautés avant de déposer le dossier. Ils s’enorgueillissent de cette réussite et nous espérons organiser un grand spectacle à Cluj, en février ou mars prochains. »
Cette année, la réunion de l’UNESCO qui a validé la danse roumaine « Feciorescul » comme partie de son patrimoine a eu lieu en Namibie. La Roumanie y a participé avec une variante de la danse spécifique de la zone de Ticuş, une localité située à 70 km de Brasov, en Transylvanie. Elle est pratiquée par les hommes de 5 à 70 ans à différentes occasions. Comment cela se passe-t-il ? Un danseur commande le groupe, un autre impose le rythme. Hormis le côté artistique, cette danse a aussi une importante composante sociale, vu que les participants sont d’ethnie roumaine, magyare et rom.
Pour marquer l’importance de ce moment, nous avons également invité au micro Ligia Fulga, directrice du Musée d’ethnographie de Brasov:
«C’est une victoire. C’est un événement culturel important parce que nous entrons dans la galerie des valeurs universelles avec un phénomène folklorique toujours vivant en Roumanie, bien que ce soit une des danses les plus anciennes du pays. A la différence des zones urbanisées, Ticuş est un des villages où les valeurs traditionnelles sont toujours respectées. Et là je pense notamment aux rites de Noël, aux rites agraires du printemps ou encore aux activités d’artisanat. Cette année nous avons démarré une série d’expositions qui font la promotion du patrimoine immatériel. Evidemment, la danse des jeunes hommes de Ticuş a été la première que nous avons présentée. Cette danse est répandue surtout en Transylvanie. Ce n’est pas une danse pour la scène, c’est une danse spontanée, qui implique l’ensemble de la communauté, des personnes les plus âgées aux plus jeunes. Elle s’apprend en famille et comporte plusieurs étapes — en commençant par des pas plus lents qui deviennent de plus en plus rapides. Elles est impressionnante par son authenticité. Les gens transmettent la tradition de manière spontanée ; ils portent des costumes traditionnels qui varient d’un village à l’autre. C’est pourquoi ce titre est très important pour eux : ils deviennent conscients de leur valeur, du fait qu’ils sont des porteurs de tradition, d’éléments d’authenticité ».
Effectivement, c’est un moment qui fait la joie des danseurs traditionnels roumains, surtout en cette période de fêtes d’hiver lorsque la danse «Feciorescul » ne saurait manquer. (Trad. VB)