Un musée octogénaire fête sa jeunesse
Et il honore cette année la mémoire de son fondateur, marquant par différents événements, les 140 ans écoulés depuis la naissance de Dimitrie Gusti, éminent sociologue et membre de l’Académie roumaine, à la tête de laquelle il s’est trouvé entre 1944 et 1946.
Ana-Maria Cononovici, 02.06.2020, 13:05
Et il honore cette année la mémoire de son fondateur, marquant par différents événements, les 140 ans écoulés depuis la naissance de Dimitrie Gusti, éminent sociologue et membre de l’Académie roumaine, à la tête de laquelle il s’est trouvé entre 1944 et 1946.
Paula Popoiu, manager du Musée : « 2020 a été déclarée « Année Dimitrie Gusti et année de l’Ecole sociologique de Bucarest », lors de la session solennelle de l’Académie roumaine consacrée à cette personnalité culturelle remarquable. Je me réjouis de constater que l’Académie accorde une grande importance à Dimitrie Gusti, sociologue, professeur et ministre auquel nous devons ce joyau qu’est le musée du village. Je ne m’arrêterai pas sur l’Ecole sociologique de Bucarest, fondée par Dimitrie Gusti. Je souhaite pourtant souligner l’importance du musée du Village, qui demeure la seule institution créée par l’Ecole sociologique de Bucarest, après que les communistes eurent banni Dimitrie Gusti de la vie culturelle. L’Ecole sociologique de Bucarest a fait d’immenses efforts pour créer ce paradis du nord de la capitale. Pourtant, le but des recherches entreprises par l’Ecole sociologique de Bucarest n’était pas de créer un musée, mais d’améliorer la vie des paysans des villages. Leur résultat concret fut ce musée en plein air situé au cœur de la capitale. »
Le musée a été ouvert au public en 1936. Il couvre 14 hectares, accueillant 380 maisons, églises et installations traditionnelles, auxquelles s’ajoutent 60.000 objets. Ses archives réunissent plus de 250.000 documents sur la vie paysanne. Les expositions permanentes et temporaires du musée attirent 900.000 visiteurs par an. Ouvert tous les jours, le musée du Village est habituellement le site culturel le plus visité de Roumanie.
Pendant les vacances scolaires, le musée national du Village « Dimitrie Gusti » organise des ateliers destinés aux enfants. Quelle est la situation cette année, après deux mois de confinement, quand les musées ouvrent timidement leurs portes dans des conditions de distanciation sociale et de protection auxquelles personne n’aurait jamais pensé? Paula Popoiu : « Notre projet « L’été dans les ruelles du village » est prévu au mois d’août. Nous n’avons encore pris aucune décision concernant ce projet, car d’ici là, beaucoup de choses peuvent se passer. Pourtant, nous envisageons d’organiser quand même ces ateliers, avec un nombre limité d’enfants et en nous installant dans les cours des maisons, qui sont de petits espaces clos. Nous souhaitons offrir quelque chose aux enfants cet été, pour ne pas les priver d’activités pendant les vacances. Pour l’instant, la plupart des projets destinés au public adulte et aux enfants ont lieu en ligne. Nous nous adapterons en cours de route et nous n’oublierons pas les enfants. Le projet « La maisonnette des contes » est en déroulement en ligne. Des acteurs lisent des contes aux petits. L’équipe du musée les a d’ailleurs rejoints dans cette activité. Nos rencontres restent pour l’instant virtuelles et nous allons nous adapter aux nouvelles évolutions. »
Le musée du Village organise d’habitude des événements et des festivals avec la participation d’artisans et de messagers de la musique traditionnelle de différentes régions, pour offrir aux visiteurs un aperçu de la vie des villages. Pourtant, puisqu’il souhaite se mettre au diapason des nouvelles technologies, après la numérisation de ses archives, le musée met en œuvre un nouveau projet digital : « Trésors humains vivants ».
Paula Popoiu nous en parle : « C’est avant tout le mérite de Camelia Moise, la journaliste qui a réalisé les vidéos de présentation des artisans et des musiciens présents à nos événements. Nous allons continuer ensemble dans cette voie, car ces gens-là sont précieux, ils représentent actuellement une sorte de quintessence de notre culture traditionnelle. »
En évoquant ses souvenirs liés au musée du Village, Irina Cajal, sous-secrétaire d’Etat au ministère de la Culture, nous adresse un message d’encouragement : « Je pense au moment où, il y a 60 ans, j’ai franchi pour la première fois le seuil de ce musée, avec Monsieur Focşa à ma gauche et Messieurs Stahl et Tancred Bănăţeanu à ma droite. Les noms de ces trois grandes personnalités sont liés au musée du Village, qu’elles ont beaucoup aimé. J’ai fait des études d’anthropologie, j’ai été l’élève de Lévi-Strauss et j’ai passé de nombreuses années dans ce musée dont je suis éprise et auquel je dédie une grande partie de ma vie. Au ministère de la Culture, nous avons élaboré beaucoup de projets qui lui sont consacrés. Je m’occupe notamment des minorités ethniques et de leurs festivals, ainsi que de l’art traditionnel. Mon père – le Professeur Cajal – a été un remarquable virologue et à la maison nous parlions beaucoup des virus. Je voudrais vous assurer que ce virus disparaîtra, il nous laissera continuer notre belle vie que nous regrettons. Et elle sera, en effet, à nouveau belle, je vous le promets. »
Au musée du Village, reverdi et fleuri, la vie garde son rythme. En y retournant, nous retrouverons sa verdure, ses parfums délicieux, ses trésors culturels et sa paix. (Trad. : Dominique)