Un musée numérique à la ferme de buffles
«Inspiré par la sculpture «Le miracle» de Constantin Brancusi, le bâtiment s’élève naturellement du sol par des spirales d’or (les spirales de Fibonacci) et se termine dans une forme qui, tout comme son égérie, tente de se libérer des charges héritées du passé en s’efforçant de monter haut. Sa forme offre au visiteur un sentiment d’aspiration, une aspiration non seulement de l’immeuble, mais de la vie elle-même». C’est par ces mots que Claudiu Ionescu définit le concept de la construction dont il est l’architecte et qui fait le renom de la petite ville de Pecica, au département d’Arad. C’est ici, à la frontière entre la Roumanie et la Hongrie, que le passé rencontre l’avenir, ou plutôt la science-fiction. Et cela parce que le centre de visite d’une ferme de buffles, espèce en voie de disparition, est devenu ce que la presse internationale a appelé le seul musée uniquement numérique au monde..
Ana-Maria Cononovici, 27.09.2015, 13:30
«Inspiré par la sculpture «Le miracle» de Constantin Brancusi, le bâtiment s’élève naturellement du sol par des spirales d’or (les spirales de Fibonacci) et se termine dans une forme qui, tout comme son égérie, tente de se libérer des charges héritées du passé en s’efforçant de monter haut. Sa forme offre au visiteur un sentiment d’aspiration, une aspiration non seulement de l’immeuble, mais de la vie elle-même». C’est par ces mots que Claudiu Ionescu définit le concept de la construction dont il est l’architecte et qui fait le renom de la petite ville de Pecica, au département d’Arad. C’est ici, à la frontière entre la Roumanie et la Hongrie, que le passé rencontre l’avenir, ou plutôt la science-fiction. Et cela parce que le centre de visite d’une ferme de buffles, espèce en voie de disparition, est devenu ce que la presse internationale a appelé le seul musée uniquement numérique au monde..
Marinela Petran est directrice du Centre de durabilité des projets au sein de la mairie de Pecica. Elle nous raconte les débuts de ce centre de visite pas comme les autres, en fait un petit zoo : «Au début, on a construit une étable à l’ancienne, avec une toiture de joncs, pour 25 buffles. L’année suivante, on a fait bâtir un très beau centre de visite, doté d’équipements de dernière génération qui lui ont valu le nom de « musée numérique ». Nous avons, par exemple, deux tables interactives avec connexion Internet, d’où on peut visiter les musées du monde, deux grands téléviseurs 3D, deux rétroprojecteurs ou encore une bicyclette virtuelle qui permet d’admirer sur l’écran un paysage magnifique de la vallée de la rivière Mures tout en pédalant. Nous avons également aménagé un espace avec une soixantaine de vélos, car il est important de rester en forme, prendre soin de sa santé et profiter aussi des beautés de la nature. »
S’y ajoutent une aire de jeux pour les petits et un pavillon moderne accueillant les 10 chaudrons destinés à la compétition annuelle appelée «Le Festival des chaudrons». Marinela Petran nous parle des animaux que l’on peut admirer à la ferme de Pecica : «Le buffle est un animal en voie de disparition. Notre ferme accueille des exemplaires de buffle roumain de la zone de Talmaciu, au nord du département d’Arad. Ce sont des animaux à moitié sauvages. On ne peut pas les toucher, mais on peut les admirer. Les enfants adorent les bébés buffles, surtout qu’ils n’ont pas trop l’occasion de voir les animaux dans leur habitat naturel. Nous avons donc trouvé une solution pour protéger l’animal, tout en lui permettant de vivre dans son milieu naturel.»
A part les animaux et la nature, la petite ville de Pecica s’enorgueillit aussi de son pain. D’ailleurs c’est ici que se trouve la plus ancienne boulangerie fonctionnelle de Roumanie, ouverte en 1923. Enfants et adultes y apprennent à préparer le pain à l’aide d’ingrédients naturels, selon des recettes anciennes. En même temps, au centre de visite de la ferme de buffles, se trouve un four à pain en brique construit d’après un modèle d’il y a 250 ans.A partir d’octobre 2013, le bâtiment érigé par la Ferme de buffles a suscité l’admiration des revues telles Club innovation et Culture France qui l’ont appelé « le premier musée uniquement numérique au monde ».
S’étalant sur une superficie de seulement 125 mètres carrés, l’immeuble est aussi un modèle d’utilisation efficace de l’espace, puisque l’architecte qui l’avait imaginé affirme que cet espace équivaut à plusieurs milliers de mètres carrés d’espace d’expositions d’un musée traditionnel. Cette économie d’espace se traduit par la réduction des coûts de personnel et d’entretien. Détails avec Marinela Petran, responsable à la marie de la ville de Pecica : « Avant d’arriver à l’idée d’un musée numérique, il faut parler du jeune architecte qui a conçu ce bâtiment et a participé à toutes les étapes de sa construction. Il s’agit de Claudiu Ionescu, 28 ans. Ce n’est pas un musée au sens classique du terme, mais nous disposons d’équipements plus sophistiqués que nulle part ailleurs. Il existe la possibilité de réaliser des projections 3D, nous avons plus de 60 lunettes spéciales, le bâtiment est partiellement écologique, puisqu’il a un toit végétal sur lequel on peut marcher pour admirer un panorama magnifique sur Pecica et un mur de fleurs. L’eau est recyclée, dans la mini-station de purification. Nous avons aussi des panneaux photovoltaïques qui nous fournissent de l’électricité. »
La pente du toit rend plus facile la collecte et la réutilisation de l’eau de pluie que le bâtiment préserve dans des réservoirs pour couvrir ainsi les besoins en eau non-potable. A partir de la même terrasse, couverte de gazon on peut admirer un panorama à 360 degrés sur les alentours et sur le Parc naturel de la plaine de la rivière Mures. Un autre concept à part ajouté par Claudiu Ionescu est le fait que les pavés et l’édifice constituent un immense cadran solaire, l’ombre du bâtiment indiquant avec précision l’heure sur un cadran formé de pavés.
Le musée peut accueillir des vernissages d’expositions et différents types de présentations et de conférences, le bâtiment étant ouvert au grand public, aux programmes éducationnels pour enfants et à l’étude de l’utilisation des espèces autochtones pour la réhabilitation des biotopes dans les aires protégées.