Un club de lecture pour les femmes
Et comme ces réunions avaient lieu dans un restaurant espagnol, le jeu de mot était inévitable : des femmes libres et des livres… ça donne « Mujeres Livres» (Les femmes-livres/libres).Cezarina Caloian, artiste et maître de conférence à la Faculté d’art de Iaşi, dans la section art graphique, est une participante assidue. Elle nous raconte : « Arina Cosma et Florina Vârnă, les fondatrices, toutes deux originaires de Iaşi, sont à l’origine de cette idée. Le Club est né en hiver 2020. Nous nous sommes vues quelques fois, avant que ne débute le confinement. Nous avons annulé les sessions dans les premiers mois de la pandémie. Nous avons ensuite décidé de les faire en ligne. Nous nous réunissions, et c’est encore le cas aujourd’hui, toutes les trois semaines. Nous accueillons toutes celles qui souhaitent participer, car il existe une communauté de femmes sur internet et Florina Vârnă arrive à coordonner très bien l’ensemble. Nous sommes une dizaine à participer régulièrement depuis le début du projet. Certaines n’ont participé qu’une ou deux fois, et d’autres, séduites, choisissent de poursuivre l’aventure. »
Ana-Maria Cononovici, 19.07.2022, 10:13
Et comme ces réunions avaient lieu dans un restaurant espagnol, le jeu de mot était inévitable : des femmes libres et des livres… ça donne « Mujeres Livres» (Les femmes-livres/libres).Cezarina Caloian, artiste et maître de conférence à la Faculté d’art de Iaşi, dans la section art graphique, est une participante assidue. Elle nous raconte : « Arina Cosma et Florina Vârnă, les fondatrices, toutes deux originaires de Iaşi, sont à l’origine de cette idée. Le Club est né en hiver 2020. Nous nous sommes vues quelques fois, avant que ne débute le confinement. Nous avons annulé les sessions dans les premiers mois de la pandémie. Nous avons ensuite décidé de les faire en ligne. Nous nous réunissions, et c’est encore le cas aujourd’hui, toutes les trois semaines. Nous accueillons toutes celles qui souhaitent participer, car il existe une communauté de femmes sur internet et Florina Vârnă arrive à coordonner très bien l’ensemble. Nous sommes une dizaine à participer régulièrement depuis le début du projet. Certaines n’ont participé qu’une ou deux fois, et d’autres, séduites, choisissent de poursuivre l’aventure. »
Lavinia Popescu, l’une des participantes, partage avec nous son expérience : « C’est vrai un club de lecture. Nous nous retrouvons pour discuter des œuvres que nous avons lus, car un livre ne s’achène pas une fois la lecture de la dernière page terminée. L’histoire se poursuit, au travers de nos discussions. J’ai l’impression que de cette façon nous rendons hommage au travail de l’auteur. Nous avons envie de partager ensemble notre ressenti sur les ouvrages que nous avons lus. Certaines partagent leurs impressions sur le texte, d’autres racontent un voyage introspectif. On ne se sent jamais seul pendant une lecture. On a envie de partager ses sentiments, et surtout, de connaître ceux des autres. C’est comme ça que ce club est apparu comme une évidence. Il est tout naturel d’éprouver le besoin de faire partie d’une communauté dans laquelle on peut s’exprimer librement. C’est aussi pour cela que ce groupe existe, et nous nous réjouissons d’avoir cet espace d’écoute partagée. »
Lavinia Popescu partage avec nous ses souvenirs des premières réunions du Club de lecture : « Nous étions une vingtaine la première fois. Nous étions ravies de nous réunir. Nous étions toutes agréablement surprises. Ensuite la pandémie est arrivée. Durant cette période, le club de lecture nous a tenu compagnie et nous a permis de survivre. Nous avons découvert au fil de nos lectures comment l’humanité a survécu jusqu’ici et cela nous a convaincues que nous pouvions tout surmonter. Nous avons lu les récits des déportés qui ont survécu aux goulags de Sibérie, notamment grâce au livre « Zouleikha, ouvre les yeux », de Gouzel Iakhina. Nous avons découvert la vie sous les bombes avec l’œuvre de l’auteur Afghan Khaled Hosseini Nous avons appris l’attente, avec « Hiverner » de Katherine May. Elif Shafak nous a réconfortées avec ses « 40 règles de l’amour ». Lorsque je vois la bibliothèque constituée par nos lectures, je ne peux être que reconnaissante du chemin que nous avons parcouru ensemble et de la communauté que nous avons réussi à constituer. Et nous souhaitons agrandir cette famille, pour apporter aux femmes l’inspiration dont nous avons tous besoin au quotidien. »
Cezarina Caloian rajoute : « J’ai lu beaucoup de livres d’auteurs différents, Elik Shafak, Hosseini Khaled, Maria Duena, ou Carlos Ruiz Zafón. J’ai aussi lu Vargas Llosa ainsi que des auteurs roumains comme Laura Ionescu avec son livre « Nu te găsesc pe nicăieri » (je ne te trouve nulle part) que nous avons invité à l’une de nos réunions en visio-conférence. Les titres que nous choisissons sont très différents, et ne reflètent pas la même culture ou le même genre de littérature. A la fin de chaque réunion nous nous mettons d’accord sur les lectures pour la fois suivante. Chacune d’entre nous lit un livre, prend des notes, souligne des passages intéressants. Ensuite, pendant la réunion en ligne, modérée par l’une des deux fondatrices, Gearina Cosma, nous abordons différents sujets et aspects, les personnages, le récit, nous partageons nos avis, ce qui donne parfois lieu à un débat. Il est aussi intéressant de relever que les participantes sont issues de milieux socio-professionnels différents. Nous accueillions des médecins, psychiatres, psychologues, personnels de santé, artistes, informaticiennes, étudiantes. Chacune contribue au débat en partageant sa propre interprétation sur le texte. C’est là que réside pour moi toute la force de ces rencontres. »
Lavinia Popescu nous a expliqué que les livres lus étaient choisis démocratiquement, par votes. Chacune peut donner son avis et partager son ressenti sur une œuvre, et c’est ce qui fait la joie des participantes. « Il ne s’agit pas que de partager son plaisir de lire. Il s’agit aussi de mieux apprendre à se connaître au travers de la lecture. Nous sommes toujours ravies de connaître les points de vue des autres sur ce que nous avons lu. Par exemple, qu’en a pensé la philologue, la psychologue, ou n’importe qui d’autre, peu importe son domaine de compétence. Nous partageons nos idées, certaines les notent, d’autres pas, chacune pioche ce qui l’intéresse. Nous sommes généralement un noyau de sept participantes, mais nous accueillons chaque fois de nouvelles têtes. Notre porte est ouverte à toutes celles qui le souhaitent. La visio conférence représente un avantage en ce sens. Nous aimerions nous rencontrer en vrai, mais les sessions en ligne permettent à celles qui sont loin de participer malgré tout. »Si vous aussi vous souhaitez rencontrer d’autres femmes passionnées de littérature, vous pouvez les retrouver sur la page Facebook « Mujeres Livres » et leur envoyer un message. (Trad : Charlotte Fromenteaud)