Traditions roumaines de Noël
A Noël, toutes les maisons sont propres et les tables chargées de plats savoureux. Le sapin ne manque pas. Il est décoré de pommes, de noix et de graines de haricots blancs. Les jeunes filles à marier sortent leur dot et attendent les jeunes hommes venir chanter des noëls. La nuit de Noël, dans la plupart des zones du pays, le feu ne doit pas s’éteindre dans le poêle, c’est pourquoi, le père de famille met sur le feu une grosse souche, appelée justement la souche de Noël.
Ana-Maria Cononovici, 25.12.2018, 01:19
A Tulcea, dans le sud-est du pays, la principale coutume de Noël s’appelle Moşoaie. Du 6 au 24 décembre, des groupes de jeunes habillés de costumes spécifiques vont d’une maison à l’autre, pour annoncer l’arrivée des fêtes et chasser les mauvais esprits, pour que la cour de la maison soit purifiée à Noël. Lorsqu’ils entendent les clochettes, les villageois ouvrent le portail pour accueillir le groupe. Celui qui ne reçoit pas un tel groupe ne sera pas content à Noël. Chaque famille reçoit plusieurs groupes. D’habitude, il y en a une cinquantaine. C’est toujours comme ça, les jours de fête. Et puisque la Dobroudja est habitée par de nombreuses minorités ethniques, notamment des Ukrainiens et des Turcs, qui ont emprunté leurs coutumes les uns aux autres, à Noël, depuis les temps les plus anciens, les Turcs accueillent les « moşoi » et les Roumains préparent un gâteau turc, aux noix et au miel, appelé baklava.
Dans la zone montagneuse du Banat, dans le sud-ouest du pays, le sapin est orné de sucreries. Sous le sapin, on dépose un pain rond, une saucisse et une bouteille d’eau-de-vie, en guise de cadeau pour le Père Noël. Et on dépose aussi des graines et du foin pour son cheval. Le soir, on attend les groupes d’enfants, de jeunes et d’adultes qui viennent chanter des noëls, depuis minuit jusqu’au petit matin, en fonction de leur âge. En Transylvanie, les préparatifs pour Noël commencent dès le 15 novembre, date à laquelle débute la période de carême. On ne mange plus de viande du tout, les femmes se réunissent pour des veillées et tissent les habits de fête.
Dans la zone de Cluj, au centre du pays, on chante des noëls, mais aussi des cantiques préchrétiens. Les jeunes vont d’une maison à l’autre ; ils ne portent pas de masques et endossent des costumes traditionnels roumains. Les gens les attendent et les accueillent les bras ouverts. Au Maramureş, contrée de l’extrême nord de la Roumanie, les traditions de Noël sont un mélange de croyances païennes et chrétiennes – entre autres la « danse des vieillards ». Les jeunes qui font le tour des maisons, pour adresser des vœux aux hôtes, portent des masques.
En Moldavie aussi, Noël est une fête importante. Les activités de la veille étaient toutes des rituels de protection du bétail, des vergers et de la maison. Les femmes nettoyaient toute la maison et les hommes prenaient soin de remettre tout objet emprunté à son propriétaire. Les femmes préparaient un pain ayant la forme du chiffre 8, qui, au printemps, va être fumé et placé entre les cornes des bœufs qui labourent la terre. Le repas de Noël, préparé toujours la veille, comporte une douzaine de plats, dont la plupart à base de viande de porc.
En Bucovine, dans le nord-est du pays, on pense que tous les cantiques et les vœux exprimés avant Noël ont pour but de chasser les diables, pour que le village soit propre la nuit de Noël. On considère que c’est un grand pécher de fermer la porte avant Noël et de ne pas accueillir les groupes de jeunes qui parcourent le village pour chanter des noëls. Une des coutumes est celle de l’Etoile. Des enfants déguisés en mages vont d’une maison à l’autre chanter le cantique de l’Etoile, annonçant la grande nouvelle de la naissance de Jésus.
En Olténie, dans le sud du pays, les traditions de Noël sont étroitement liées aux rituels de purification et de divination, les jeunes filles à marier tâchant d’apprendre qui sera leur futur mari. La veille, on pratique une coutume liée au feu : tous les membres de la famille, quel que soit leur âge, attisent le feu à l’aide d’un bâton, en prononçant quelques vers censés protéger la maison, écarter la maladie et apporter une nouvelle année abondante. Les jeunes qui parcourent le village, pour chanter des noëls et formuler des vœux, se voient offrir des bretzels, des pommes, des poires… Aux adultes, on offre aussi de l’eau-de-vie et du vin chaud. (Dominique)