Taxi gratuit
« Aucun acte de la bonté, aussi petit soit-il, nest jamais gaspillé ! » Ce dicton d’Esope est le slogan d’un projet humanitaire déroulé à Bucarest. Depuis plus d’un an, Alex Bobeş aide des personnes qui ont des problèmes de santé à se rendre là où ils ont besoin. Plus exactement, il leur offre un taxi gratuit…
Ana-Maria Cononovici, 30.11.2014, 13:39
« Aucun acte de la bonté, aussi petit soit-il, nest jamais gaspillé ! » Ce dicton d’Esope est le slogan d’un projet humanitaire déroulé à Bucarest. Depuis plus d’un an, Alex Bobeş aide des personnes qui ont des problèmes de santé à se rendre là où ils ont besoin. Plus exactement, il leur offre un taxi gratuit…
Et si vous vous demandez : « Pourquoi gratuit ? », en visitant le site du projet d’Alex Bobeş vous découvrirez l’intention de son fondateur de faire exception à la règle selon laquelle tout se paie. Il a voulu offrir un service gratuit prouvant que nous pouvons, nous aussi, rendre… service, sans attendre une récompense matérielle, surtout lorsque les personnes que l’on aide se trouvent dans une situation financière et médicale grave. Comment l’idée du « Taxi Gratuit » lui est-elle venue ?
Alex Bobeş : « Ce fut quelque chose de spontané. Je connaissais les difficultés que les personnes touchées par une déficience doivent surmonter quand il s’agit du transport. J’ai également vécu cette expérience avec ma mère, quand elle a eu besoin d’un transport médical. A ce moment-là, je me suis rendu compte que les gens ont besoin d’aide, car les autorités ne s’impliquent pas dans ce domaine et alors j’ai décidé de le faire moi, personnellement. J’ai démarré le projet en avril 2013, au début par l’intermédiaire d’une plate-forme et de la publicité en ligne, j’ai trouvé des personnes touchées par des déficiences qui avaient du mal à se rendre à l’hôpital ou à une clinique quand elles avaient besoin d’analyses ou d’aller voir le médecin. Je les aidais de manière bénévole. Ces gens-là m’appelaient et je les aidais comme je pouvais. Peu à peu, grâce à sa médiatisation, le projet s’est fait connaître. Au début, les gens étaient plutôt réticents, vu que c’était le projet d’une personne physique et non pas des autorités ; pourtant j’ai gagné graduellement leur confiance par l’aide que je leur offrais et ils ont été enthousiasmés. Depuis longtemps je ne sais plus le nombre de personnes que j’ai aidées et qui me sollicitent, de temps en temps. Parmi les gens qui l’appellent, il y en a qui habitent aux alentours de la capitale. A présent il y a 20 ou 30 personnes qui demandent plus souvent mon aide. »
Alex Bobeş assure le financement de ce projet par ses propres moyens, pourtant, ceux qui souhaitent le soutenir peuvent trouver sur son site Internet des moyens de le faire. Hélas, il n’y a pas beaucoup de personnes prêtes à offrir une aide bénévole — confesse notre interlocuteur. Et il n’a pas voulu que des personnes qui ne comprenaient pas le but de ce projet le rejoignent. Car son but, c’est tout simplement d’aider. « Taxi Gratuit » fonctionne uniquement dans trois arrondissements de la capitale : le 2e, le 3e et le 6e. Pourquoi ?
Alex Bobeş : « Parce que je suis la seule personne impliquée dans le projet. Or, à Bucarest l’infrastructure routière est en mauvais état et le trafic difficile, ce ne serait donc efficace ni pour moi, ni pour la personne que je veux aider de me déplacer d’un bout à l’autre de la ville, cela prendrait trop de temps. Le temps que je dédie quotidiennement à ce projet dépend des demandes que je reçois et des distances que je dois parcourir. Disons que je peux aider 2 ou 3 personnes par jour. »
Les personnes qui ont besoin de son aide, Alex Bobeş les transporte dans sa propre voiture, qui ne porte aucune inscription. Il n’est pas chauffeur de taxi, c’est tout simplement quelqu’un qui veut aider. Le transport des personnes touchées par des déficiences ou se trouvant momentanément dans l’impossibilité de se déplacer est très grave et représente pour la plupart d’entre elles un défi presque insurmontable. Qu’est-ce que notre interlocuteur a appris, en déroulant ce projet ?
Alex Bobeş : « Les gens devraient avant tout apprendre à être plus solidaires, plus prêts à offrir leur aide aux personnes touchées par des déficiences, parce qu’elles sont défavorisées de plusieurs points de vue. Leur transport est un des problèmes graves auxquels elles sont confrontées. Ceux que j’ai aidés m’ont raconté les drames qu’ils ont vécu. Et nous devrions être conscients du fait que nous pouvons alléger la situation de ces personnes qui vivent un calvaire quotidien. Pour eux, un coup de main compte énormément. Leurs histoires m’ont toujours impressionné. J’ai appris récemment celle d’une mère touchée par des déficiences locomotrices majeures, elle ne pouvait pas se déplacer toute seule et son fils la transportait tous les jours à la clinique. Lui, qui avait aussi des problèmes de santé, la portait dans ses bras, 3 ou 4 km chaque matin, jusqu’à la clinique. Ils étaient tous les deux dans un état grave et c’est qui m’a impressionné le plus. Le fils, avec ses propres problèmes, était conscient du fait que sa mère devait aller à la clinique. Et il la portait dans ses bras, en été comme en hiver, chaque matin, jour après jour. »
Quand il aide quelqu’un, pour le même chemin à faire notre interlocuteur parcourt une distance 3 fois plus grande que le chauffeur d’un taxi. C’est qu’il part de l’endroit où il se trouve quand il reçoit l’appel, il se rend à l’endroit où habite la personne qui a besoin d’aide, l’emmène là où elle doit aller et la ramène chez elle. Aussi, les coûts sont-ils plus élevés.
Alex Bobeş souhaite élargir son projet, car deux voitures, au moins, seraient nécessaires pour chaque arrondissement, afin de fournir l’aide nécessaire à cette catégorie de personnes.
(Aut.: Ana-Maria Cononovici, Trad. : Dominique