Saveurs et patrimoine à Timişoara
Cela fait 5 ans déjà que dans l'ouest de la Roumanie, à Timişoara, a lieu le programme « La pas » (A pas), qui vise à mettre en valeur le patrimoine gastronomique de la région
Ana-Maria Cononovici, 19.09.2023, 13:08
Peu le savent, mais le 18 juin a été décrété par l’ONU « Journée
de la gastronomie durable ». Pourtant, cela fait 5 ans déjà que dans l’ouest de
la Roumanie, à Timişoara, a lieu le programme « La pas » (A pas),
qui vise à mettre en valeur le patrimoine gastronomique de la région dans le
strict respect des principes de la restauration lente, le slow-food. Ce programme
a été lancé par l’Association CRIES (Le centre des ressources pour des
initiatives éthiques et solidaires) dès 2018 en perspective de la future
Capitale européenne de la culture. Eh bien, le moment est venu, Timişoara est
cette année Capitale européenne de la culture et c’est l’occasion ou jamais de
parler plus en détail des différentes thématiques de ce programme intitulé
« Le goût comme patrimoine » avec Mihaela Veţan, la présidente de
l’Association CRIES :
« Le goût en tant que
patrimoine » fait partie du programme « La pas » (A pas), un des
événements de la Capitale européenne de la culture 2023. C’est l’élément par
lequel nous souhaitons mettre en avant l’idée que la nourriture fait partie de
notre patrimoine culturel immatériel. Lors des éditions précédentes, nous avons
exploré cette thématique à l’aide de différentes activités. Par exemple, en
2018, nous avons organisé un concours de recettes traditionnelles. Puis, nous
avons réalisé des vidéos avec des vloggueurs sur les recettes traditionnelles
de la région du Banat (ouest), alors que l’édition de l’année dernière a été
consacrée à la guerre en Ukraine, avec plusieurs activités liées au bortch
ukrainien qui a été inclus au Patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO.»
Cette année les organisateurs ont décidé d’attirer l’attention sur un
élément très important : l’impact de la nourriture sur l’environnement.
Mihaela Veţan explique :
« Nous avons imaginé
une série de 5 ateliers gastronomiques avec pour invités des chefs cuisiniers,
des vloggueurs culinaires et des passionnés de cuisine qui ont tous utilisé des
ingrédients de saison provenant de sources locales. On a commencé en février
par un atelier ayant pour vedette les légumes-racines. Puis un atelier
végétalien mettant l’accent sur les herbes utilisées dans les plats. Nous avons
continué avec ce type d’ateliers tout au long de cet été. En automne, nous
privilégierons les aliments de saison. Si bien qu’à la fin de l’année, les
participants auront une meilleure vision de la diversité des recettes à
cuisiner chez soi, avec des ingrédients spécifiques à chaque saison. »
Comme nous venons de le mentionner, toutes ces activités reposent aussi sur
les principes de la restauration lente – le slow-food – à savoir : c’est
bon, c’est propre, c’est éthique. Histoire de développer les compétences des
jeunes en matière de consommation responsable, de promouvoir les pratiques
durables pour l’organisation d’événements culturels et d’encourager les
politiques publiques qui favorisent les modèles de développement durable. Bref,
sensibiliser la population à la culture de la durabilité. Mihaela Veţan,
présidente de l’Association CRIES, explique en quoi consiste concrètement cette
idée de durabilité dans le cas des ateliers prévus cette année :
« Nous voulons mettre
les projecteurs sur trois éléments importants. Premièrement : l’aspect
saisonnier – c’est-à-dire prendre conscience du fait que certains légumes sont
disponibles à un certain moment de l’année et que c’est alors qu’il faut les
consommer et non pas hors saison. Deuxièmement : nous rapprocher des
producteurs locaux et des ingrédients locaux. Troisièmement : inspirer les
gens à cuisiner davantage à la maison, une pratique qui est aujourd’hui en
déclin. Les gens cuisinent de moins en moins et s’orientent vers les produits
semi-élaborés ou le fast-food. »
Et puisque tout cela se passe dans l’ouest de la Roumanie, à Timişoara,
nous avons voulu savoir quelles étaient les saveurs phare de cette ville qui
est cette année Capitale européenne de la culture. Mihaela Veţan
répond :
« Nous, on a plutôt
mis l’accent sur les spécificités de la région du Banat, qui est une zone de
confluences. Dans notre approche de cet aspect traditionnel et local, nous
avons mis en avant une association plutôt inattendue, spécifique de la région :
le sucré-salé ou bien l’aigre-doux. Pour vous donner un exemple :
traditionnellement, dans le Banat, on mange le rôti avec de la compote de
griottes ou de prunes. D’ailleurs, ici, on a à faire à un mélange de cuisine
serbe, allemande, souabe, et même magyare -c’est donc très difficile de dire quel
est le goût spécifique de la région. A mon avis, c’est ce mélange de goûts et
cette alternance inattendue. Bref, on pourrait dire que les saveurs du Banat
sont pour le moins surprenantes. »
Et ce n’est pas tout. Aux ateliers de cuisine locale dont nous venons de
parler, s’ajoutent cet automne des activités similaires dans les écoles, comme
nous le raconte notre invitée, Mihaela Veţan :
« Le programme «
La pas / A pas » comporte en fait un ample projet éducationnel. Nous
mettrons en place de nombreuses activités dans les écoles, nous y impliquerons
plus de 650 élèves et leurs familles. Et bien sûr, automne oblige, pour ce mois
d’octobre nous préparons la 3e édition du Festival « La
pas / A Pas », qui est un festival de gastronomie artisanale. »
Bref, tous les amateurs de produits du terroir et d’art culinaire sont attendus
cet automne à Timişoara qui est non seulement Capitale européenne de la culture
2023, mais aussi une ville qui met à l’honneur son patrimoine gastronomique et
ses communautés locales – le tout sous le signe d’un développement durable.
Rendez-vous donc à Timişoara pour découvrir les saveurs et les recettes du
Banat. (Trad. Valentina Beleavski)