Qui veut être un héros de conte de fées?
« Je peux le faire, je suis magicien ! » Voilà le mot de passe. Et une fois arrivé dans « ce monde de rêve » et devenu un «héros de conte de fées », un enfant qui monte sur scène même pour la première fois joue aux contes. Il s’agit d’un concept innovateur qui est arrivé cette année à l’âge de la majorité et de la maturité. Le projet a été lancé par la Fondation « Abracadabra » en collaboration avec le Théâtre national « Ion Luca Caragiale » de Bucarest.
Ana-Maria Cononovici, 15.07.2018, 13:43
Comment ce projet est-il né ? Nous écoutons le président de la Fondation, le comédien Marian Râlea, surnommé le Magicien, en raison du rôle qu’il a joué dans une émission télévisée pour enfants qui a joui d’un immense succès : «Ce projet ne fait que continuer « Abracadabra ». Durant cette émission diffusée pendant une dizaine d’années, les enfants devenaient des héros de conte de fées. Nous avons pensé que le plus important, c’était que les tout petits puissent continuer de jouer. Et où est-ce qu’ils peuvent le faire sinon au théâtre, où l’acteur joue sur scène ? C’est en 2001 que nous avons lancé la première saison, le dimanche des Rameaux, précisément, qui est une fête importante pour les Roumains : les Rameaux apportent la joie, le bonheur et le soleil du printemps. Et voilà que 18 ans se sont déjà écoulés depuis. »
Des enfants de 4 à 10 ans sont attendus aux spectacles pour chanter, danser et s’amuser, en jouant aux contes de fées. Le long d’une saison, tous les enfants finissent par monter sur scène et devenir des héros des contes attentivement préparés par les comédiens Marian Râlea, Adina Cristescu et bien d’autres encore.
Marian Râlea : « Chaque année, nous avons structuré nos spectacles autour d’un certain thème, par exemple « Les jeux de l’enfance » ou les contes de nos écrivains : Les contes de Mihai Eminescu, de Ion Creangă, de Petre Ispirescu, sans oublier les contes de Shakespeare. Nous avons pourtant privilégié les contes roumains, les personnages mythologiques des Roumains, qui, à la différence des personnages universels, ne sont ni aussi bons, ni aussi méchants qu’ils le paraissent. A chaque fois, avec chaque nouvelle saison de l’année, nous avons célébré les fêtes des Roumains et les personnages exceptionnels de notre folklore : le Dragobete (qui, dans la tradition roumaine correspond à la Saint Valentin) ou la vieille Dochia dont la légende évoque le début du printemps. Nous avons fait attention à toutes les fêtes importantes : le carnaval du Dimanche gras, les contes liés à Pâques, les contes du printemps, des contes liés aux fleurs et aux bestioles qui font leur apparition après un rude hiver. Le plus important, c’est cette interactivité que nous avons proposée il y a 18 ans. L’enfant monte sur scène, il ne connaît pas le conte – ou s’il le connaît, si quelqu’un le lui a lu à la maison, tant mieux – il devient le héros du conte. Nous, les acteurs, nous sommes toujours les personnages négatifs, méchants, et l’enfant sera toujours le Prince Charmant ou la Belle au bois dormant. »
Véritable tour de magie, avec quelques éléments de décor et vestimentaires, les enfants apprennent à surmonter leur peur et à lutter héroïquement contre les mauvais esprits, contre les forces des ténèbres des contes de fées d’hier et d’aujourd’hui. Puisque ce sont des spectacles interactifs, le Magicien guide les enfants tout au long du conte respectif, pour les aider à jouer le rôle qu’ils ont assumé. Au grand amusement de tous, il arrive parfois que l’on ait simultanément sur scène plusieurs petits comédiens jouant le même personnage, car, comme l’hymne «Abracadabra » l’affirme, « tout est permis à celui qui veut être un héros de conte de fées ».
Depuis 18 ans, les spectacles pour enfants joués au Théâtre national ont fait salle comble, pourtant le Magicien ne peut pas nous dire combien d’enfants sont montés sur scène au fil du temps. De temps à autre, des lycéens et des étudiants viennent au Théâtre et regardent les spectacles avec nostalgie. Les comédiens ne les reconnaissent pas, car ils ont beaucoup changé depuis le moment où ils avaient été les héros d’un conte de fées. Les comédiens ne savent pas, non plus, si un ou plusieurs de ces héros ont suivi une carrière dans le domaine du théâtre. Pourquoi pas ?
Marian Râlea: « Ce n’était pas notre but, sinon, nous aurions créé un club d’art dramatique. Nous voulions les déterminer à surmonter leur peur et leurs émotions et à monter sur scène, pour continuer à jouer, car le métier de l’enfant est avant tout de jouer. Voilà notre but. Il s’agissait de les amener au premier plan, de créer chez eux un besoin de s’exprimer et de participer à un conte. »
Munis d’un ballon en guise d’épée, d’un coffrage pour les œufs en guise de bouclier, couverts d’un chiffon en guise de robe ou de manteau, les enfants montent sur scène pour devenir des héros de conte de fées. Il n’y a pas de rôle à apprendre, pas de conte à connaître, pas de talent dramatique à prouver. On peut même être timide. Sur la scène de ces contes de fées il y a de la place pour tout le monde et à chaque fois le conte est raconté autrement, suivant la mise en scène spontanée du Magicien qui, depuis 18 ans, les attend au Théâtre national pour enfants « Abracadabra », tous les dimanches à 11 heures. (Trad. : Dominique)