Peintures murales écologiques
En septembre 2019 était inaugurée à Bacău la première fresque de Roumanie qui purifie l’air. La peinture écologique utilisée pour la réaliser transforme les substances polluantes présentes dans l’air – tels les oxydes d’azote et de soufre – en nitrates et nitrites inoffensifs. Ceux-ci se déposent sur la surface peinte, étant éliminés, au bout d’un certain temps, par la pluie ou l’humidité de l’atmosphère. Cette peinture diminue la quantité de gaz à effet de serre contenue dans l’atmosphère environnante. Elle empêche en même temps l’accumulation de saleté sur les murs : d’une part, l’air décompose les substances huileuses déposées sur la surface du mur, d’autre part, en raison de l’hydrophilicité de cette peinture, une fine pellicule d’eau se forme à la surface du mur, à laquelle la poussière et d’autres particules ne peuvent pas adhérer. Comment le projet ZidART (MurART) a-t-il commencé ?
Ana-Maria Cononovici, 01.12.2020, 13:10
Le manager de Lucian Popa, explique: Ce projet est né du désir de donner un nouveau sens à l’espace public de Bacău et de ma passion pour l’art de rue. Le côté écologique est dû à une découverte faite à Rome, en Italie, où un artiste a peint un mur et l’air s’est purifié autour de cette peinture. C’est ce que nous nous sommes proposé de faire et, deux ans après la mise en œuvre de ce projet, Bacău est la ville du monde qui compte le plus grand nombre de peintures murales qui assainissent l’air. S’agit-il de peintures murales de grandes dimensions ? Et qu’est-ce qu’elles représentent ? Lucian Popa. La ville compte à présent une vingtaine de fresques réalisées avec cette peinture écologique qui fonctionne comme une éponge, absorbant la pollution environnante. Les murs peints vont d’environ 60 ou 70 m² jusqu’à 330 m² ; la superficie totale peinte dans toute la ville couvre 3.000 m². Chaque année nous abordons un thème différent et nous invitons les artistes à créer des peintures murales pour transmettre un message à la communauté. L’année dernière c’était l’inclusion sociale. Les artistes ont donc consacré leurs ouvrages aux groupes défavorisés – personnes malvoyantes ou malentendantes, enfants autistes, communautés de Roms. C’était un moyen de rappeler les besoins de ces groupes et les défis qu’ils doivent relever.
« Intuition », œuvre de l’artiste Obie Platon, a été la première fresque réalisée dans le cadre du projet ZidART. Elle couvre une superficie d’environ 250 m² et elle a le pouvoir nettoyant d’une forêt de la même superficie. Peinte sur un immeuble situé à proximité de l’Île d’agrément de Bacău, « Intuition » est aussi la première œuvre dédiée aux non-voyants traduite en Braille. C’est le portrait d’un non-voyant qui, malgré sa déficience, s’imagine son univers. La peinture « Intuition » attire l’attention sur la nécessité d’agir pour l’inclusion sociale des personnes touchées par des déficiences. Lucian Popa. En effet, l’année dernière nous avons commencé par un ouvrage consacré aux non-voyants, illustrant la vie de ces personnes, qui doivent se laisser guider par leur intuition. La fresque est décrite en Braille. Les non-voyants présents à l’inauguration ont donc pu la « lire », élément par élément, couleur par couleur, forme par forme. Une autre peinture murale a été réalisée par l’artiste Monk Ink avec le concours de l’Association des malentendants de Bacău. L’artiste a choisi de rendre, par le langage des signes, le mot « aime ». Une fresque consacrée à l’inclusion sociale de Roms couvre un mur de la Banque Centrale. Elle a été réalisée par Kaps Crew, deux artistes de Iaşi, qui ont choisi de peindre une jeune fille dans toute la splendeur des traditions spécifiques de leur ethnie.
En 2020, un nouveau défi a été lancé aux artistes. Lucian Popa.Cette année nous avons proposé comme thème la responsabilité sociale et la façon dont nous, les humains, nous nous rapportons à nous-mêmes et à cette planète qui nous supporte de plus en plus difficilement. Chaque peinture réalisée a lancé un message très clair aux habitants de la ville de Bacău et non seulement. Notre projet est devenu viral, nous espérons donc que notre message pourra toucher un très grand nombre de personnes à travers le pays. Cette idée pourrait être appliquée au niveau national – estime l’initiateur du projet, Lucian Popa: Nous souhaitons continuer ce projet et lui donner plus d’envergure. Nous sommes en quête de partenaires, de sponsors, en espérant voir cette expérience se répéter au niveau national. Beaucoup de personnes nous cherchent et souhaitent que nous nous rendions dans leurs villes, mais pour cela nous avons besoins de ressources. Nous sommes en train de les chercher et nous espérons que l’année prochaine, nous pourrons aller dans un grand nombre de villes du pays. Rendre les villes plus colorées et leur air plus pur : voilà un projet à soutenir !
(Trad.: Dominique)