Passez le seuil de la chambre obscure !
« Passez le seuil de la chambre obscure » est un projet de sensibilisation de l’opinion publique aux problèmes des personnes malvoyantes et à l’amélioration de leur vie. Dan Patzelt, président de l’Association pour le développement urbain, explique :
Ana-Maria Cononovici, 28.05.2019, 14:05
« Passez le seuil de la chambre obscure » est un projet de sensibilisation de l’opinion publique aux problèmes des personnes malvoyantes et à l’amélioration de leur vie. Dan Patzelt, président de l’Association pour le développement urbain, explique :
« L’idée du projet est née du constat que la plupart des gens ne savent pas qu’une personne non-voyante peut comprendre des images, qu’elle peut créer dans son cerveau une forme des objets qu’elle ne peut pas toucher. La plupart des gens ne savent pas, non plus, qu’une personne non-voyante peut utiliser un smartphone et combien celui-ci est important dans sa vie : il lui offre de l’indépendance, car il convertit le texte en voix et la voix en texte. »
Malheureusement, 97% des personnes malvoyantes de Roumanie vivent de l’aide accordée par l’Etat. S’acheter un smartphone de cette somme est donc impossible, or le téléphone portable peut faciliter l’embauche des jeunes malvoyants et les aider à répondre aux besoins de la société. C’est pourquoi, l’Association pour le développement urbain a lancé une pétition par laquelle elle demande à la Caisse d’assurances sociales de rembourser partiellement ou intégralement aux malvoyants le prix d’un tel appareil. Au-delà de ce côté pratique et social du projet, l’Association pour le développement urbain et le peintre Laurențiu Dimişcă invitent le public de Bucarest, Cluj, Timișoara et Arad à une expérience visuelle unique. Dan Patzelt:
« Pour cet événement, nous avons choisi des espaces publics — places et parcs — afin de permettre aux gens de vivre une situation nouvelle pour eux : pour un bref laps de temps, ils vont expérimenter l’absence d’information visuelle et se verront obligés d’extraire les informations par d’autres sens : l’ouïe et le toucher. Ils peuvent ainsi comprendre ce que c’est que d’être dépendant de quelqu’un d’autre et ce que la technologie peut leur apporter dans ces conditions. Pour ce faire, on est invité dans une chambre obscure, où l’on va utiliser le smartphone, jouer avec une balle de foot pour non-voyants et comprendre comment les non-voyants s’orientent à l’aide de leur canne. Outre la chambre obscure, l’événement se déroule dans deux autres espaces aussi. D’abord, une bibliothèque en ligne d’images tactiles — imaginitactile.ro — où les non-voyants de Roumanie et du monde peuvent trouver plus de 400 images que les personnes touchées par une déficience visuelle peuvent comprendre. Nous allons faire également découvrir aux gens les applications pour smartphone qui améliorent la vie des non-voyants, pour qu’ils puissent comprendre comment fonctionne cette technologie. L’autre espace extérieur est très coloré, réalisé avec le concours du peintre Laurenţiu Dimişcă, où les gens peuvent expérimenter les couleurs et être reconnaissants d’avoir la capacité de les voir. Ils peuvent continuer à jouer avec le ballon pour non-voyants et à apprendre à s’orienter avec la canne. Cet espace est décoré de six tableaux signés par le peintre Laurenţiu Dimişcă, l’arrière-plan étant réalisé par les gens présents dans le parc. C’est un projet collectif, une sorte d’exposition itinérante. Nous avons déjà déroulé cet événement à Bucarest, au parc Herăstrău, nous irons à Cluj, sur l’avenue des Héros, au Parc des enfants de Timişoara et sur la Place Avram Iancu, à Arad. »
Dans le cadre de ces événements, on peut participer à des ateliers de dessin gratuits et découvrir les techniques et les images tactiles par l’intermédiaire desquelles les personnes non-voyantes ont accès au monde. Pour le public, c’est une expérience étonnante, car, à l’entrée de la chambre obscure, les gens sont invités à fermer les yeux et, une fois à l’intérieur, on les invite à ouvrir les yeux, mais ils ne voient rien. Dan Patzelt, président de l’Association pour le développement urbain.
« C’est une sensation forte. Un des participants s’est exclamé : Waouw ! A présent j’ai un tout autre respect pour les personnes non-voyantes ! » Les gens comprennent la différence entre l’accès immédiat à l’information que nous avons couramment et l’accès à la réalité des personnes malvoyantes. Leur accès est assuré par la canne, par l’application installée sur leur smartphone et par leurs propres mains, qui leur fournissent une information tactile. »
En Roumanie sont recensées quelque 100.000 personnes malvoyantes, dont près de 3.000 enfants. Pour une meilleure compréhension de leur monde, nous sommes invités à passer le seuil de la chambre obscure, chaque week-end dans une autre ville.
(Trad. : Dominique)