Par amour des livres
Notre invitée du jour s'appelle Diana Farca, fondatrice du projet Eleprint, qui est à la fois une maison d'édition et une association caritative.
Ana-Maria Cononovici, 31.10.2023, 11:34
Les
livres sont sa plus grande passion. Ses volumes ont été traduits en français,
en italien et en anglais. Elle dirige une maison d’éditions et aux côtés de ses
meilleures amies, elle a créé une ONG qui se donne pour mission de doter de
livres les bibliothèques publiques de Roumanie. Notre invitée du jour s’appelle
Diana Farca, fondatrice du projet Eleprint, qui est à la fois une maison
d’édition et une association caritative. Elle nous raconte comment est né son projet
:
« Ce besoin est né à l’adolescence,
lorsque nous avons traversé une période très difficile et l’argent ne nous
suffisait même pas pour acheter des livres. Et comme nous étions passionnées de
lecture, nous en avons souvent emprunté chez nos camarades de classe et à la
bibliothèque municipale. Plus tard, j’ai commencé à écrire des livres et mon
premier volume est paru en 2015. J’ai commencé à faire la promotion de mes livres
à travers la Roumanie et en République de Moldova, et c’est alors que j’ai
commencé à prendre conscience du besoin de livres qui existe chez nous.
Puisqu’on parle souvent du fait que les Roumains ne lisent pas. Mais en fait,
les Roumains lisent. Il existe deux réalités, deux Roumanies : d’une part
ceux qui achètent des livres et n’ont pas le temps de les lire et d’autre part,
ceux qui ne se permettent pas d’acheter trop de livres – dans le milieu rural
notamment – mais qui lisent malgré tout. Alors, mes amies et moi, nous avons eu
l’idée de récupérer des livres auprès de mes lecteurs dans le cadre d’événements.
Nous n’avions pas imaginé que cette idée allait se développer. Dès le début nous
avons ramassé des livres pour les redistribuer à 7 bibliothèques municipales,
soit plus de 22 000 volumes dont nous ont fait don les lecteurs. Par
conséquent, nous avons décidé de porter ce projet à l’échelle nationale et de le
mener d’une manière plus organisée. Nous avons donc créé une ONG, ce qui
n’était pas notre idée initiale. »
Diana
Farca est soutenue dans cette démarche par deux amies : Oana Calin, en
charge de la plateforme destinée aux livres et aux bibliothèques, et Dana Meilă
qui vit à Florence et souhaite faire apporter des bouquins pour la communauté
de Roumains vivant en Italie. Diana Farca nous explique comment fonctionne
cette plateforme en ligne et ce qu’elle a pu constater en la créant :
« Pourquoi je voulais souligner
qu’il existe deux Roumanies ? Puisqu’il y a l’idée générale que les
Roumains ne lisent pas mais, mais il y a aussi la réalité dont témoignent les
bibliothèques inscrites sur notre plateforme www.usforbooks.com.
Ici, n’importe qui peut faire inscrire une bibliothèque, de n’importe quelle
ville du pays. Une fois inscrite, nous assurons toute la partie logistique.
C’est-à-dire que l’on fait l’inventaire des membres actifs, des besoins en
livres et des autres besoins – les meubles, les magazines etc. – et l’on étudie
aussi leurs données démographiques. Au moment où 28 bibliothèques étaient
inscrites sur la plateforme, nous avons eu le plaisir de constater que la
moitié des adolescents de ces villages-là étaient des membres actifs : ils
empruntaient au moins un livre par mois. Cela signifie donc, que dans les
villages, où les jeunes sont moins distraits que dans les grandes villes, les
enfants lisent encore et empruntent encore des livres. »
Et
puisque la collecte de fonds est implicite pour ce type de projet, l’ONG de
Diana Farca compte beaucoup sur la transparence. Ainsi, la plateforme évolue
constamment, explique notre invitée :
« Nous tenons beaucoup à la
transparence. Notre plateforme contient une carte avec toutes les bibliothèques
inscrites et à mesure que nous collectons de nouvelles sommes d’argent ou des
dons de livres, cette carte est complétée par le nombre de volumes rajoutés,
par les sommes reçues et les livres qui ont été achetés avec cet argent. C’est
très important pour nous d’être transparents, car la mission de notre ONG est
d’utiliser toutes les sommes et tous les livres reçus strictement pour les
rediriger vers les bibliothèques. »
Et
ce n’est pas tout. Ce projet est d’autant plus ambitieux qu’il aspire à une
place dans le livre du Guiness des records. En fait, il existait un premier
projet animé par les mêmes ambitions, mais qui a été avorté à cause de la
pandémie : réaliser « la lecture publique la plus longue au monde »,
un record battu entre temps par l’Inde. Ainsi une seconde idée est née. Diana
Farca nous en parle :
« Nous
sommes en lice pour le record de la plus grande plateforme caritative au monde.
On attend maintenant la confirmation de la part des juges du Guiness des
records pour procéder au lancement. Notre plus grand désir est de mettre
ensemble société civile, ONG, sociétés commerciales, franchises roumaines,
personnes physiques dont les moyens sont plutôt modestes mais qui adorent
encore la lecture – et de doter toutes les bibliothèques municipales de
Roumanie et de République de Moldova. Puisque le besoin en livres est réel,
puisque dans les villages roumains et moldaves les gens lisent encore ! »
Dans
l’attente de la confirmation de ce record mondial, nous espérons bien que notre
invitée réussira à redonner vie à autant de bibliothèques que possible et à
ramener à la lecture autant de gens que possible ! (Trad. Valentina
Beleavski)