Oraşul M / « Ville M »
Nous voici au beau milieu d’une station de métro traversée chaque jour par des milliers d’usagers. Bien souvent ils sont pressés, traversent sans s’arrêter, impatients d’attraper le prochain métro. Mais maintenant beaucoup prennent le temps d’une pause pour regarder. Ils sortent leur téléphone, scannent le QR code affiché sur le mur, ou se contentent simplement de regarder et de sourire. C’est justement l’un des objectifs envisagés par les artistes de l’association culturelle VAR, lorsqu’ils ont décidé de transformer certaines stations de métro en galerie d’art contemporain.Andu Dumitrescu, artiste et l’un des coordinateurs du projet Ville M nous raconte l’origine de ce projet inédit : « Pour moi cette idée n’a rien d’inhabituel, surtout vue l’apparence de Bucarest, car c’est cela que nous évoquons justement. Nous avons donc souhaité monter un projet visuel, sur la ville de Bucarest. Une ville polluée dans tous les sens du terme, surtout sur le plan visuel. Nous nous sommes demandé quel endroit serait le plus pertinent pour faire intervenir des artistes et montrer au public ce qu’est l’art contemporain de qualité. Et le métro s’est imposé comme une évidence. La visibilité est optimum ! »
Ana-Maria Cononovici, 22.02.2022, 14:05
Nous voici au beau milieu d’une station de métro traversée chaque jour par des milliers d’usagers. Bien souvent ils sont pressés, traversent sans s’arrêter, impatients d’attraper le prochain métro. Mais maintenant beaucoup prennent le temps d’une pause pour regarder. Ils sortent leur téléphone, scannent le QR code affiché sur le mur, ou se contentent simplement de regarder et de sourire. C’est justement l’un des objectifs envisagés par les artistes de l’association culturelle VAR, lorsqu’ils ont décidé de transformer certaines stations de métro en galerie d’art contemporain.Andu Dumitrescu, artiste et l’un des coordinateurs du projet Ville M nous raconte l’origine de ce projet inédit : « Pour moi cette idée n’a rien d’inhabituel, surtout vue l’apparence de Bucarest, car c’est cela que nous évoquons justement. Nous avons donc souhaité monter un projet visuel, sur la ville de Bucarest. Une ville polluée dans tous les sens du terme, surtout sur le plan visuel. Nous nous sommes demandé quel endroit serait le plus pertinent pour faire intervenir des artistes et montrer au public ce qu’est l’art contemporain de qualité. Et le métro s’est imposé comme une évidence. La visibilité est optimum ! »
Pour le moment les artistes ne sont intervenus que dans deux stations de métro de la capitale, mais d’autres « galeries d’art » souterraines similaires devraient bientôt voir le jour. Pourquoi choisir le métro et quelles ont été les démarches pour mener à bien ce projet ? Andu Dumitrescu nous répond : « Nous avons voulu trouver le meilleur endroit pour faire connaître l’art contemporain. Par conséquent, nous avons décidé de transformer la partie souterraine de la capitale en galerie d’art. Ce n’est pas une mince affaire, je le reconnais ! Rien que pour exposer dans une station de métro, et nous en sommes à notre deuxième galerie à présent, nous avons travaillé deux ou trois mois. Nous avons commencé d’abord par discuter avec les artistes, car le projet est sur base de volontariat. Chaque artiste qui intervient dans le métro le fait bénévolement, c’est pour nous une marque de respect pour la ville. D’ailleurs, notre projet dans son ensemble est une marque de respect pour la capitale. Ensuite, nous avons engagé des discussions ponctuelles avec notre partenaire Metrorex (la compagnie du métro bucarestois), pour chacun de nos projets, afin de s’accorder sur les modalités d’exposition. Il faut aussi tenir compte de la sécurité des usagers bien évidement. Et puis, il faut s’atteler à la partie plus technique, en se procurant le matériel nécessaire et faire un planning de travail. Nous travaillions généralement de 23h30 à 5h00 du matin. Même si l’on a travaillé pendant un mois, la période de préparation reste courte. »
Pour la station de Piata Romana, la plus récemment décorée, les artistes ont travaillé 7 nuits durant. Andu Dimitrescu nous donne les détails : « J’ai lancé un appel à de jeunes artistes, en l’occurrence des étudiants en art ou récemment diplômés, et beaucoup ont répondu. Nous en avons sélectionné 14 jeunes artistes. Pour le moment ils ne sont que 13, le 14ème est un céramiste pour lequel le processus technologique est plus compliqué. Nous avons aussi rencontré quelques soucis avec le matériel à cause de la pandémie, il mettra donc un peu de temps à terminer l’installation pour la station de Piata Romana. »
Notre interlocuteur, qui nous a invités à faire un tour dans le métro, nous a expliqué que les thèmes choisis étaient très actuels : « J’encourage les gens à découvrir le projet et à se rapprocher de l’association VAR, à l’origine du concept. Tous les artistes ayant participé sont talentueux, chacun de leurs ouvrages a été parfaitement intégré dans l’espace du métro. Pour l’instant nous avons exposé des créations dans les stations d’Izvor et de Piaţa Romană, et prochainement dans celle d’Eroilor. »
Andu Dumitrescu nous a mis l’eau à la bouche en nous détaillant les techniques utilisées pour ce projet : « Ici nous ne parlons pas d’une simple fresque peinte sur les murs de la station. Le projet va bien au-delà. C’est un ensemble artistique qui regroupe l’art sous plusieurs formes, des installations comme c’est le cas à Piaţa Romană, des fresques, des photographies, de la céramique. De la sculpture aussi, dans la station d’Eroilor par exemple, beaucoup d’objets différents seront exposés. Il y a même une œuvre de réalité augmentée. Il suffit de scanner une affiche et vous pouvez la voir s’animer. Il suffit de sortir votre téléphone et d’aller sur Instagram. On retrouve aussi des illustrations d’ordre graphique. Cela se rapproche de la fresque du point de vue technique. Nous avons essayé de nous approprier toute la station, sur les deux quais et à chaque entrée. »
En descendant sur le quai de la station Piaţa Romană, une petite table attira l’attention des passants. Deux téléviseurs noir et blanc y sont posés. Le premier – grand, le second – plus petit et peint de différentes couleurs. A côté se trouvaient deux autres objets décoratifs tout aussi anciens, mais moins représentatifs.L’idée même de visiter une station de métro à la manière d’un musée est très tentante. Voilà la proposition faite par les artistes qui visent à familiariser les Bucarestois avec l’art contemporain. (Trad : Charlotte Fromenteaud)