L’hôpital des jouets
Les jouets ont leur propre vie, dit-on. Et si vous doutez encore, je vous suggère de penser à la révolte des jouets maltraités du dessin animé « Toy Story ». Alors, pourquoi pas un hôpital des joujoux où les poupées, les nounours, les robots ou les dinosaures abîmés soient nettoyés, réparés et remis à neuf avant de se voir offrir en cadeau aux enfants pauvres ou aux orphelins des foyers de la capitale roumaine. Depuis son lancement en mars 2013, le projet de l’Hôpital des jouets a soigné plus de 20 tonnes de patients, raconte Valentin Dinu, docteur spécialiste en joujoux : «L’idée d’un tel hôpital appartient à la Municipalité de Bucarest et renvoie à la nécessité de doter la capitale d’un centre de collecte des jouets usés ou abîmés qui pourraient continuer pourtant à faire la joie d’enfants défavorisés. Démarré il y a deux ans, le projet n’implique pas de financement, mais uniquement un endroit pour ramasser les jouets et un autre pour y aménager les ateliers de réparation. Dans une première étape, on s’est mis à collecter des jouets provenant de toutes les régions du pays avant de faire leur tri et d’organiser les ateliers. Placés sous la coordination de la Direction générale de la sécurité sociale, les ateliers ont offert une chance d’embauche aux SDF.»
Ana-Maria Cononovici, 03.07.2016, 13:10
Ils sont nombreux ceux qui se disent prêts à sacrifier un peu de leur temps pour apprendre à soigner les jouets malades, car dans cet hôpital, tout le monde peut devenir médecin et épauler les assistants sociaux à guérir les jouets avant de les offrir aux enfants démunis. Nous avons voulu savoir quels sont les traitements que les jouets usés subissent normalement : «Les traitements différent beaucoup. Dans le cas des peluches, par exemple, il faut généralement les laver ou les coudre. Sinon, on fait aussi des opérations plus compliquées, telles coller des pièces impossibles à réparer. On a reçu des colis de tous les coins de la Roumanie et sur l’ensemble des jouets offerts, ceux trop abîmés ont trouvé leur place au Musée des jouets ouvert au Centre de soins et d’éducation précoce «L’arc en ciel magique». C’est un musée où les enfants peuvent fêter gratuitement leur anniversaire à condition de laisser le lieu en bon état.»
Les jouets exceptionnels, impossible à réparer, seront exposés au premier Musée des jouets de la capitale, tandis que les jouets trop abîmés et dépourvu d’intérêt seront mis en pièces, en fonction du matériel de fabrication et donnés par la suite aux opérateurs en charge de la collecte des déchets. Aux dires des docteurs de l’hôpital, les manœuvres les plus difficiles s’avèrent celles mécaniques ou électriques. C’est la raison pour laquelle l’Hôpital est en quête d’un électricien qui ranime les joujoux que les autres bénévoles n’arrivent pas à réparer. La quantité impressionnante de jouets donnés par les familles roumaines démontre leur souhait d’aider leurs proches. La preuve? Sur l’ensemble des jouets offerts, il y en a eu pas mal des complètement neufs. Valentin Dinu nous parle de l’impact que le projet de l’Hôpital de jouets a eu sur la communauté : «Les gens ont salué notre initiative. Après avoir ramassé les premiers jouets et après les avoir réparés, on a organisé différents événements en présence des bénéficiaires, c’est-à-dire des enfants qui mangent à notre cantine. Leurs réactions ont été des plus impressionnantes, surtout que pour certains d’entre eux c’était le premier jouet jamais reçu en cadeau. Leur bonheur a été impressionnant.»
Et parce que l’Hôpital des jouets est un projet qui mérite sa place, Valentin Dinu a lancé un appel : «Si vous avez des jouets abîmés ou en bon état, avec lesquels vos enfants ne jouent plus, apportez-les au siège de la Direction générale d’assistance sociale de la Municipalité de Bucarest. De cette manière, un enfant démuni se verra la chance d’avoir un jouet et une enfance normale.»
Comme tout hôpital qui se respecte, l’Hôpital des jouets fonctionne 24 heures sur 24 aussi bien dans les locaux de la Direction d’assistance sociale qu’au Musée des jouets. (Trad. Ioana Stancescu)