L’histoire des puits à balancier
Ana-Maria Cononovici, 01.06.2021, 10:58
Gheorghe Popa, le maire de la commune de Păuneşti, raconte l’histoire de ce
lieu pas comme les autres : « Les
puits à balancier de la commune de Păuneşti datent d’il y a un siècle, et ont
été creusés par des paysans aisés. Normalement, deux ou trois familles qui en
avaient les moyens unissaient leurs forces et faisaient creuser des puits dans
le centre. C’est d’ailleurs l’origine du nom de la commune de Păuneşti. En
roumain, « păun » signifie paon. On dit que jadis qu’un boyard avait
perdu ses paons à proximité des puits à eau. C’était à cet endroit que les
habitants de la région se rendaient avec leurs animaux pour remplir des fûts à
eau puisque c’était la source d’eau la plus importante. A l’époque, ils étaient
beaucoup plus nombreux, mais actuellement seulement une trentaine d’entre eux
existent encore. Nous avons également élaboré un projet de conservation de ces
puits à balancier et nous attendons qu’il soit approuvé. »
On dit que le premier puits avait appartenu à
l’enseignant Ioniţă Chiriac. On dit aussi que les paysans des parages se
levaient très tôt, la nuit même, pour aller aux puits avec leurs chariots tirés
par des bœufs. Ils n’avaient pas de source d’eau à proximité de leurs maisons.
C’est pourquoi ils devaient en apporter pour donner à boire à leurs animaux,
mais aussi pour la consommation de la maison. Puis, sur ces collines ils ont
planté des vignes qui devaient être à leur tour arrosées. Le maire de la
commune a également dit que chaque puits portait le nom de celui qui l’avait
construit et c’est pourquoi les gens affirmaient aller prendre de l’eau
« chez Berbece, », « chez Duman » ou bien « chez
Ichim ». Selon les gens des parages, les puits constituent leur héritage.
Le puits de Berbece est le mieux entretenu de tous parce que cette famille
existe toujours et s’enorgueillit d’entretenir la fontaine à perfection.
Ecoutons un des membres d’une telle famille : « Nous l’avons nettoyé. Nous l’entretenons régulièrement, nous
y mettons de la chaux. Les gens ont installé aussi des couvercles, mais c’est
assez cher. Voici quelques noms de familles qui ont fait bâtir des puits à
eau : Taburasi, Berbeci, Duma, Murgoci, Ifrim. Ensuite, tout le monde a
commencé à les utiliser. Ils ont transporté de l’eau dans des tonneaux jusqu’en
1986 – 88 pour remplir leurs citernes. »
Et pourtant, Gheorghe Popa, le maire de la commune,
s’est déclaré mécontent du fait que l’eau des puits continue d’être bue, même
si elle n’est pas sûre : « La commune est actuellement branchée au service communal
d’alimentation en eau. Nous avons écrit sur chacun des puits que l’eau n’était
plus potable, mais les gens l’utilisent toujours pour donner à boire à leurs
animaux, notamment aux vaches. »
Hormis le besoin d’obtenir de l’eau, une autre
explication fournie par les gens de l’endroit, c’est qu’il faudrait construire
ou au moins réparer un puits ou une source d’eau 40 jours après le décès d’une personne.
Tout près de ces sources d’eau, des croix et des icônes ont également été érigées,
pratique qui confirme cette théorie. De nombreux étrangers se déplacent dans la région pour filmer ces pièces
inédites, alors que le projet visant à restaurer les puits à balancier pour les
transformer en musée attend toujours d’être approuvé. De toute façon, la
contrée est extrêmement belle et accueillante, selon Gheorghe Popa, le maire de
la commune : « Păuneşti
est une commune importante, très belle, avec des collines sises le long de la
vallée de Carecna. De nombreux chalets viennent d’être bâtis des deux côtés de
la vallée, à Mohorâta et à Păuneşti. Le paysage est d’une beauté particulière. »
Enfin, sachez aussi que jadis, à l’occasion des fêtes
religieuses de la commune, tous les habitants du village se réunissaient autour
des puits à balancier pour faire bénir l’eau.