L’histoire des micros en argent
Musicien et bijoutier, créateur des micros en argent, Emil Kindlein nous raconte leur histoire. « J‘ai découvert ma famille et mon nom dans ce que j’ai trouvé dans le grenier de la maison de mon grand-père. Mon grand-père a été bijoutier, métier qu’il a commencé à pratiquer en 1929 ; mon père a été apprenti dans l’atelier de mon grand-père – son père -, pourtant, dans les années ’60, il est devenu électronicien. Moi, j’ai toujours été passionné de musique et je me suis dédié à de nombreux projets musicaux. A un moment donné, j’ai découvert mon grand-père en tant que bijoutier. Et une famille qui compte un bijoutier, un électronicien et un musicien, qu’est-ce qu’elle fait ? Des micros en argent. »
Ana-Maria Cononovici, 11.08.2018, 13:30
Emil Kindlein est professeur de musique et chanteur et il a mis sur pied son propre groupe. Pourtant, à la différence des artistes, il utilise des micros pas comme les autres. Ses micros sont en argent et il les fabrique lui-même. Pourquoi ?: « Les micros sont, avant tout, les bijoux du chanteur. Tout artiste apparaît dans de nombreuses photos avec son micro. Nous souhaitons tous avoir une bague ou une chaîne et nous connaissons cette joie que nous procure un bijou. Moi, je pense que le micro en argent est le bijou chantant du chanteur. On peut, certes, parler des particularités de l’argent et du son de l’argent, mais soulignerais avant tout le caractère de bijou musical de ces micros. »
Les micros produits par Emil Kindlein sont une première mondiale, étant réalisés selon une méthode traditionnelle de création des bijoux. Ils sont donc faits en argent, suivant des modèles utilisés durant la première moitié du siècle passé. Pour réaliser un tel micro, Emil Kindlein a besoin d’environ 500 grammes d’argent et de 4 mois de travail. Après avoir été préparé, l’argent est coulé dans une lingotière, puis il est laminé. Ces pièces uniques, dont même les vis sont en argent, peuvent coûter 4 mille euros. Quant à leur présentation au public, elle a commencé en 2013 à Timişoara, lors d’un spectacle accueilli par la Synagogue de la Cité. L’événement a attiré un grand nombre de personnes. Emil Kindlein: « Trois micros en argent ont été lancés à ce moment-là à Timişoara. Ensuite ils sont arrivés à Londres, à Berlin et à présent à Graz, pour le Mois du design – un événement sous l’égide de l’UNESCO. Pendant un mois, les micros en argent seront exposés dans un atelier de joaillerie de Mme Hermine Prügger, ce qui est très réjouissant pour nous. »
La précision avec laquelle Emil Kindlein travaille ses micros et leurs qualités techniques ont déterminé les organisateurs du London Analogue Festival à les accueillir, l’automne dernier, dans la capitale britannique, pour cette fête de trois jours célébrant le film, la photo et l’art du son analogique. Le nom de l’artiste roumain a figuré, à cette occasion, à côté de ceux d’artistes de renommée mondiale, tels Terry King, Josep Maria Ribas Prous (le premier auteur espagnol à s’être vu accorder le titre de « Maître de la Fédération internationale de l’art photographique ») ou Jono Pomodore (Jono Pomodore de Metanono).
En Autriche, l’artiste de Timişoara est invité pour des ateliers et des présentations aux côtés de l’artiste autrichienne Hermine Prügger, lors de cette 10e édition du Mois du design qui a lieu du 4 mai au 3 juin. Le projet s’est ouvert sur la projection d’un film sur les SilverMics et par un concert inédit : une petite scène a été aménagée dans la devanture de l’atelier et le son a été capté par les micros en argent. Le public se trouvant dans la rue a ainsi assisté à un concert-tableau, devant la boutique-atelier transformée en studio. Quelle a été la réaction des gens face à ces micros-bijoux ? : « Les gens leur font un très bon accueil, peut-être surtout parce que ce sont des objets inédits. Nous avons été heureux de constater que, malgré le grand nombre d’événements prévus durant ce mois du design à Graz, la présentation des micros en argent a été classée dans la catégorie des événements à part et elle a été choisie pour figurer dans les pages de la revue du Mois du design. Il y a beaucoup de choses à raconter. A un moment donné, les gens étaient intrigués ; ils se demandaient : mais qu’est-ce que c’est que cette histoire de micros ? D’où il sort, ce bonhomme ? Et pourquoi à Graz ? Et comment les micros de Roumanie sont-ils arrivés au Royaume Uni ? Et pourquoi ensuite à Berlin ? C’est réjouissant, mais il y a là aussi une certaine suspicion : qu’est-ce donc que cette merveille ? A présent les micros sont très bien accueillis et ils font parler d’eux. »
Les micros en argent présentés à Graz ont été utilisés, tous les trois, sur scène, par des artistes qui ont interprété des morceaux allant de la musique classique aux chansons d’Emil Kindlein. L’artiste a déjà reçu d’Irlande et d’Italie des commandes pour ses micros-bijoux. Les micros en argent – voilà certainement une histoire à suivre. (Trad. : Dominique)