Les sentiers roumains deviennent européens
Cette année, des itinéraires roumains ont été intégrés au réseau de Sentiers européens de grande randonnée. L’Association carpatique transylvaine des touristes, avec le concours de plusieurs bénévoles, a refait le balisage de plusieurs itinéraires de randonnée totalisant 180 km dans les Monts du Banat, dans le sud-ouest du pays, a réparé des voies d’accès dans le Massif de Făgăraş et refait 50 km d’itinéraires dans le Massif de Postăvarul. Et ses projets ne s’arrêtent pas là. Créée il y a plus d’un siècle, l’Association carpatique transylvaine des touristes s’efforce de ramener le pays au niveau où il se trouvait cette époque-là, quand une centaine de conventions avaient été signés avec des clubs similaires d’Europe.
Ana-Maria Cononovici, 26.11.2017, 13:28
Quels sont les critères qu’un sentier doit remplir pour être intégré au réseau européen? Marcel Şofariu, président de l’Association : « Le sentier doit tout d’abord figurer sur les cartes touristiques – et sur les cartes GPS aussi, si possible. Et il doit être balisé sur le terrain. L’itinéraire doit offrir aux randonneurs de beaux paysages et bénéficier d’un substrat solide et naturel – il ne doit pas être goudronné ou situé au bord des routes. Il doit également relier des sites intéressants du pays respectif. Voilà les critères selon lesquels les itinéraires ont été choisis. Et pour ce faire, nous avons parcouru des milliers de kilomètres de sentiers. Nous avons également dû tenir compte des possibilités de relier ces sentiers entre eux, car chez nous le tourisme n’a pas connu un développement unitaire, alors souvent il n’y a pas de voie d’accès d’un itinéraire à l’autre et nous avons été obligés de les connecter.»
L’Association carpatique a entamé cette démarche après avoir constaté que sur la carte européenne des Sentiers de grande randonnée, la Roumanie était une tache blanche.
Quels ont été les pas à suivre pour intégrer la Roumanie au circuit international ? Marcel Şofariu: « Nous avons réussi à baliser ou à refaire le balisage sur quelque 500 km d’itinéraires. Les sentiers E3 et E8 comptent 2000 km sur le territoire de notre pays. E3 débute à la frontière entre l’Espagne et le Portugal – avec, comme principale ville, Saint Jacques de Compostelle. Il traverse de nombreux pays européens, dont la Roumanie, pour aboutir à la mer Noire, en Bulgarie. Le sentier E8 a son point de départ en Irlande et, après avoir traversé de nombreux pays, il aboutit toujours au bord de la mer Noire, en Bulgarie, à proximité de la frontière avec la Turquie. E3 entre sur le territoire de la Roumanie par la ville d’Oradea, à la frontière avec la Hongrie, il traverse les Carpates Occidentales, descend vers le massif de Poiana Ruscă, ensuite vers les Monts Semenic et traverse le Danube à hauteur des Portes de Fer pour entrer en Serbie. A partir de là, E3 rejoint E8 sur plusieurs centaines de kilomètres, jusqu’en Bulgarie. Le sentier E8 entre en Roumanie depuis l’Ukraine, par Sighetu Marmaţiei, il longe les Carpates Orientales et Méridionales pour arriver dans les Monts du Banat, toujours aux Portes de Fer. Une autre démarche de notre association visait à attribuer à un segment du sentier E8 un nom spécial : Via Karpatica. Nous avons conclu à cette fin un partenariat avec les associations similaires des autres pays traversés par la chaîne des Carpates – Autriche, République Tchèque, Slovaquie, Pologne, Ukraine et Serbie – pays qui ont redéfini le segment de ce sentier sur leur territoire. Nous avons également opéré une connexion physique, en envoyant en expédition deux membres de notre association, très bien équipés et entraînés. Ils ont parcouru exclusivement à pied, depuis la Serbie jusqu’en Autriche, ce segment de sentier qui s’appellera Via Karpatica. Ils ont passé les nuits sous la tente ou dans des chalets et ils ont contacté en route les associations des pays respectifs. Notre but n’était pas de réaliser une performance, mais de recueillir des informations et savoir où nous en sommes du point de vue de l’infrastructure par rapport aux pays voisins et ce que nous devons entreprendre pour l’améliorer. »
Le projet a bénéficié d’un cofinancement par des fonds provenant de la Contribution de la Suisse à l’UE élargie.
Quel est l’état actuel de ces sentiers ? Marcel Şofariu : « Tous ces sentiers sont actuellement fréquentés. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui les empruntent, car les gens sont quelque peu réticents envers les zones situées à l’extrémité de l’Europe récemment intégrées au réseau. Ceux qui tentent l’expérience sont d’habitude des blogueurs que des milliers de fans suivent et qui mettent en ligne des articles quotidiennement. Les internautes apprennent ainsi en direct que la Roumanie est un très beau pays, que les Roumains sont très accueillants et que l’infrastructure est bonne – du moins nous l’espérons. Car là, en effet, les choses ne sont pas encore tout à fait au point, mais une personne bien équipée et entraînée peut surmonter les éventuelles difficultés. De notre côté, nous essayons, en collaboration avec les pouvoirs publics, à améliorer la qualité de l’infrastructure. »
Une telle randonnée peut prendre un mois, un mois et demi. Quels sont les touristes qui tentent une telle aventure ? Marcel Şofariu : « Il y a des personnes qui se proposent de parcourir, une fois dans la vie, un tel sentier de longue randonnée. L’année dernière, par exemple, un Américain est parti de Turquie pour arriver au Portugal, via la Roumanie. Nous avons été sans cesse en contact avec lui et il va écrire un livre. Cette année, une Allemande a parcouru quelque 45 mille kilomètres, empruntant des sentiers de 4 continents. Pour elle ce fut une nouveauté de traverser la Roumanie et elle écrira un guide. En fait, c’est son métier. Elle consacre un guide à chaque zone moins connue, après l’avoir parcourue. Et il est très important pour nous que les informations et les avis qu’il contient soient positifs. En ce moment même, un Belge se trouve sur le sentier E3, dans la zone des gorges de la rivière Nera ; il y a d’ailleurs été surpris par la neige, ce qui est un vrai défi, mais il est bien équipé et constamment en contact avec nous, avec le secours en montagne, avec la gendarmerie alpine. Il est en sécurité. »
Deux autres sentiers arrivant à la frontière avec la Roumanie – E4 et E7 – pourraient focaliser l’attention de la Fédération européenne de la randonnée pédestre – puisque la voie a déjà été frayée. (Aut. : Ana-Maria Cononovici ; Trad. : Dominique)