Les Fêtes du Nouvel an célébrées de maintes façons
Les traditions et coutumes conservées à travers le monde défient la modernité. En Grèce, on brise des assiettes, pour que la nouvelle année soit abondante, au Danemark on dit que si l’on trouve devant la porte de la vieille vaisselle, on sera chanceux et on aura beaucoup d’amis. Et ainsi de suite.
Ana-Maria Cononovici, 31.12.2019, 14:48
Les traditions et coutumes conservées à travers le monde défient la modernité. En Grèce, on brise des assiettes, pour que la nouvelle année soit abondante, au Danemark on dit que si l’on trouve devant la porte de la vieille vaisselle, on sera chanceux et on aura beaucoup d’amis. Et ainsi de suite.
Par leur pittoresque, les coutumes des Roumains ne cèdent en rien à celles des autres. Coup d’œil aujourd’hui sur quelques traditions conservées de nos jours : Sorcova, Pluguşorul (la Petite charrue) la Chèvre ou l’Ours. Le 31 décembre en soirée, des groupes de jeunes masqués s’en vont d’une maison à l’autre chasser les mauvais esprits et favoriser l’abondance.
En Bucovine, dans le nord-est du pays, les masques figurent des personnages comme l’ours, la chèvre, les cerfs, les diables, les docteurs etc. etc.
En Moldavie, c’est la tradition de l’ours. Un jeune homme portant sur sa tête et ses épaules la fourrure de cet animal, décorée de pompons rouges aux oreilles, danse au son des tambours et de la flûte champêtre, s’appuyant sur un bâton. Le masqué pousse des grognements et imite la marche de l’ours. Cette coutume est censée purifier et fertiliser le sol pour la nouvelle année et elle pourrait avoir son origine dans un culte thrace.
La coutume de la Chèvre est pratiquée entre Noël et le Nouvel An. En fait, le nom du masque change d’une région à l’autre : on l’appelle « cerf » dans la contrée de Hunedoara, chèvre en Moldavie, « boriţă » dans le sud de la Transylvanie, « brezaie » en Valachie et en Olténie, dans le sud du pays. Le masque est réalisé à l’aide d’un morceau de bois enveloppé de papier rouge et de papier noir, froissé, pour figurer une tête de chèvre. Le masque comporte une partie mobile, maniée par le jeune homme qui le porte et qui exécute une danse rythmée par le son sec de cette partie mobile frappant la partie immobile de la tête de chèvre. Selon les chercheurs, la danse de la chèvre provient des cérémonies sacrées archaïques de la mort et de la renaissance de la divinité.
Une coutume pittoresque est préservée à Cavnic, dans le département du Maramureş (dans l’extrême nord du pays), qui se déroule entre Noël et le début janvier, celle des « Brondoşi ». On dit que les gens des parages, ainsi masqués, aurait chassé les Tartares, en 1717. De nos jours, les « Brondoşi » sont censés chasser les mauvais esprits.
Dans le sud du pays, c’est la coutume des « Brezoaie ». Ştefan Costel, habitant de la commune de Domneşti, du comté d’Ilfov, explique :
« Nous, les « Brezoaie », nous entrons dans les maisons des gens de la commune le 1er janvier de chaque année, pour effrayer les mauvais esprits des maisons et les faire partir. Cette coutume s’était perdue il y a des dizaines d’années et nous avons tenté de la faire revivre. Nous sommes une équipe qui s’est proposé d’apprendre aux enfants et aux jeunes ces coutumes anciennes. Les « Brezoaie » ne sont pas en nombre fixe, tous les habitants du village peuvent y participer. Les costumes spécifiques sont faits de haillons, de cloches et de masques ornés de plumes. »
Entre fin décembre et le 6 janvier, à Luncaviţa, dans le département de Tulcea (dans le sud-est du pays) on rencontre les groupes de « Moşoaie ». Nous les avons retrouvés, nous, au Musée du village de Bucarest. Le professeur Marcu Trandafir nous en parle.
« C’est une tradition locale. Le masque est fait d’une plante apparentée à la courge. A la différence de la courge, cette plante n’a en dedans que des graines. Les vieilles gens l’utilisaient jadis lors des vendanges : une partie du fruit de cette plante était coupée et utilisée comme récipient pour verser le moût, un autre fruit, avec sa tige, était utilisé comme entonnoir. Pour en faire des masques, les gens accrochent la plante et à mesure que la fane grandit, elle se retourne, ce qui fait que le nez du masque est retroussé. »
Les « Moşoaie » sont tellement laides que les mauvais esprits s’enfuient, quittant la maison où elles entrent. Pour le cas où leur laideur ne suffit pas pour chasser les esprits, les « Moşoaie » sont munies de massues en jonc, dont elles les frappent.
Mention spéciale pour la Petite charrue et la « Sorcova », celle-ci étant réservée, le premier jour de l’an, aux tout petits. Les enfants s’en vont d’une maison à l’autre, munis d’une petite branche ornée de rubans multicolores et de fleurs en papier gaufré, dont ils touchent les membres de la famille en chantant un joli cantique versifié.
(Trad. : Dominique)