Les 20 ans du Musée National d’Art Contemporain (MNAC)
Ouverture officielle de la nouvelle saison d'exposition et lancement de l'année d'anniversaire MNAC 20BIS.
Ana-Maria Cononovici, 21.11.2023, 11:49
Le Musée National d’Art Contemporain se propose
d’organiser des événements mensuels jusqu’au 29 octobre 2024, dans le but de
célébrer les 20 ans d’existence du Musée dans son siège actuel au Palais du
Parlement de Bucarest. Dans le cadre de ce projet, cet automne, le Musée a
organisé l’ouverture officielle de la nouvelle saison d’exposition ainsi que le
lancement de l’année d’anniversaire MNAC 20BIS.
Inédit : le dépôt du musée, ouvert au public
Călin Dan, directeur du Musée, nous a donné quelques
détails : « Comme d’habitude, nous organisons un
grand nombre de nouvelles expositions, qui sont liées à une exposition
permanente intitulée « Léviathan », qui se trouve au deuxième étage
du musée. C’est l’occasion pour le public de visiter notre collection, qui se
trouve dans un dépôt, mais qui est aménagée pour que le public ait un contact intelligent et transparent avec ce
que signifie l’art contemporain dans notre musée. Au rez-de-chaussée, je me souviens
de l’exposition Alma Redlinger, une artiste formée dans la période de l’entre-deux-guerres
et qui jusqu’à la fin de sa vie a recherché les grands thèmes du modernisme
historique en peinture. A côté, la Salle de marbre, l’espace générique du
musée, l’espace qui définit les ambitions de conservation de notre institution,
accueille l’installation d’Eugen Raportoru. Elle s’intitule « Patrimonio »,
car l’objet reflète la destruction du patrimoine historique culturel, matériel
et immatériel du vieux centre-ville de Bucarest, de la zone Uranus-Bateriilor,
destruction qui a eu lieu afin de préparer la construction de la « Maison
du Peuple », soit le siège actuel du Palais du Parlement, où se situe
notre musée. Il s’agit d’une installation qui, d’une manière ou d’une autre, porte
un regard sur le passé depuis le présent immédiat. »
Uranus : l’histoire douloureuse d’un quartier disparu
Le quartier Uranus était un quartier chic composé de
petites rues en pente et pavées, qui accueillait de vieilles bâtisses nobles et
pittoresques, avec des fleures et des fontaines. Jusqu’au printemps 1984, ce
quartier était situé dans la zone où se trouvent aujourd’hui le parc
« Izvor », le Palais du Parlement, la Maison de l’Académie, la Place
de la Constitution, ainsi qu’une partie du quartier « 13 Septembre ».
Selon la légende, impressionné par ce qu’il avait vu lors
d’une visite à Phénian, où le gouvernement dictatorial communiste de Corée du
Nord était en train de construire des bâtiments reflétant un « communisme
éclairé », le dictateur communiste Nicolae Ceauşescuvoulait
faire construire une réplique personnelle d’une nouvelle ville dans le
centre-ville de Bucarest. Pendant les années 1984-1985, les rues, les monuments
historiques et les statues ont été détruits d’un jour à l’autre. Parmi eux, le
monastère de Văcărești, l’ancien siège des Archives nationales au sein du
complexe du monastère de Mihai Vodă, un monument historique érigé par Michel le
Brave trois siècles avant les événements – tant de monuments qui ont été
détruits. Des dizaines d’objets historiques de grande valeur ont été également inhumés :
le Musée militaire, l’ancien Arsenal, le bâtiment de l’Opérette, le stade de la
République (construit dans le style art déco, soit la première arène moderne de
Roumanie), la célèbre Maison Demetriade, la fontaine Lahovary – voilà des
monuments détruits lors de la mise en place de ce projet.
La colline d’Uranus a littéralement été effacée de la carte pour faire place au projet grandiose du dictateur Nicolae Ceauşescu.
Le projet de la Maison du Peuple a
coûté 3 milliards d’euros. La démolition, qui s’est également étendue de
l’autre côté du centre de la capitale, jusqu’à proximité de l’actuelle Place
Alba-Iulia, a couvert une superficie de 330 000 mètres carrés, et 40 000
personnes ont été déplacées une fois la construction de la gigantesque Maisons
du Peuple entamée, en 1983.
Aujourd’hui : un musée à l’intérieur du Palais du Parlement
Călin Dan, directeur du MNAC: « Au 1er étage, l’exposition « 21
Plus » est une synthèse des plus significatives œuvres acquises par le
musée au cours de ces trois dernières années. Le titre est une métaphore de ce
que signifie l’énergie du 21e siècle dans l’art contemporain roumain
et particulièrement dans les arts visuels roumains. Le troisième étage, avec l’exposition
intitulée « Les chroniques des futurs super-héros », propose une
exposition très intéressante et spéciale, réalisée avec un groupe d’artistes
jeunes de plusieurs pays d’Europe et d’Asie. C’est une exposition organisée par
la très talentueuse artiste Anca Mihuleţ, qui habite à Séoul et apporte de
là-bas, de Corée du Sud, un type d’esthétique particulier, très différent de ce
que l’on voit habituellement en Roumanie et qui est aussi très apprécié par les
jeunes générations : c’est ce que l’on appelle le Pop coréen. »
Maria Pop Timaru, est l’une des exposantes. Elle a
partagé son expérience de création des objets qui sont exposés : « Les Chroniques des futurs super-héros »
est le nom de l’exposition organisée par Anca Verona Mihuleţ. C’est la deuxième
édition de l’exposition. La première a eu lieu à Timişoara, à la Kunsthalle
Bega. Voici les œuvres de cette exposition : « Le bateau mère »
est une œuvre à grande échelle, que j’ai reconditionnée à partir d’une œuvre
plus ancienne, que j’ai recyclée en utilisant le concept de Lego, dans le but
de constituer un voyage à travers le jeu. L’œuvre peut être décomposée et
recomposée de différentes manières et j’ai pensé à l’anticipation du « Voyage
et de la Construction Métal que l’on peut faire avec des pièces de Lego, lorsque
l’on n’a pas peur de se tromper. Je possède également une série de céramiques,
un bestiaire, des œuvres plus petites y compris certaines que j’ai réalisées en
collaboration avec mes enfants. C’est un cadavre exquis, un jeu dans lequel on
échange des feuilles de papier, quelqu’un dessine la tête, reçoit la feuille de
l’autre, dessine le corps et ainsi émergent des personnages surprenants. J’ai
utilisé cette idée lorsque j’ai créé les œuvres. »
Ruxandra Demetrescu, commissaire de l’exposition de Victoria
Zidaru : « Le public peut voir une installation
qui, d’un point de vue technique, est appelée textile-olfactive, car l’artiste
travaille avec un élément textile, sur un tissu tissé maison, souvent brodé, avec
des reliefs et des cordons remplis d’herbes aromatiques. C’est à partir de ces
éléments que l’on trouve la dimension olfactive, très importante pour
l’artiste. Victoria Zidaru est sculptrice. Elle a été élève de Paul Vasilescu,
un sculpteur très important des années 1960. Dans l’activité artistique de Victoria
Zidaru un changement s’est produit il y a 7 ans. Il s’agit d’un changement de
l’objet tridimensionnel, qui n’a pas disparu, mais qui est constitué de
matériaux textiles et de matière végétale. C’est ce que l’on peut voir. C’est
une installation impressionnante, qui compose la décoration de l’espace du
quatrième étage, qui a une lucarne spectaculaire, très bien placée, du point de
vue technique. En ce qui concerne l’approche conceptuelle, l’exposition est
intitulée « Le premier jour », ce qui est une allusion à la Genèse,
vue dans le sens originel. Il s’agit de la création artistique, de l’instant où
émerge l’inspiration. Je souhaite aux visiteurs de vivre dans cette exposition
une sorte prise d’assaut des sens : je pense à la dimension visuelle, tactile,
olfactive et enfin à la dimension auditive. Victoria Zidaru a mis en place
plusieurs collaborations afin que la musique soit partie intégrante de
l’exposition. »
L’auditorium du Musée accueille l’exposition de l’artiste
Felix Aftene de Iasi, intitulée « La Moustache de Dali et d’autres
couleurs », soit une collaboration multidisciplinaire.
Pour vous
renseigner sur toutes les expositions du Musée National d’Art Contemporain, entrez sur :
https://www.mnac.ro/home
(Trad : Andra Juganaru)