« Le violon d’Enescu arrive au village » édition 2022
Tout
comme George Enescu arpentait le pays durant la Première guerre mondiale,
partageant sa musique avec les malades et les blessés de guerre,
aujourd’hui, une initiative similaire
récente permet – à ceux qui n’y ont normalement pas accès – de découvrir la musique
chez eux, dans les communes reculées de Roumanie. Il s’agit d’une tournée
réunissant le violoniste Gabriel Croitoru et le pianiste Horia Mihail. Une
tournée intitulée « Le violon d’Enescu arrive au village ». Après dix
ans de pérégrination à travers le pays, le violoniste Gabriel Croitoru a décidé
d’inviter sa fille Simina à le rejoindre, afin que la musique classique arrive
jusque dans les villages les plus isolés, mais aussi sur les grandes scènes du
pays. Une aventure qui s’achèvera en grande pompe à l’Athénée roumain de
Bucarest, en compagnie du pianiste Horia Mihail.
Ana-Maria Cononovici, 08.11.2022, 11:08
Tout
comme George Enescu arpentait le pays durant la Première guerre mondiale,
partageant sa musique avec les malades et les blessés de guerre,
aujourd’hui, une initiative similaire
récente permet – à ceux qui n’y ont normalement pas accès – de découvrir la musique
chez eux, dans les communes reculées de Roumanie. Il s’agit d’une tournée
réunissant le violoniste Gabriel Croitoru et le pianiste Horia Mihail. Une
tournée intitulée « Le violon d’Enescu arrive au village ». Après dix
ans de pérégrination à travers le pays, le violoniste Gabriel Croitoru a décidé
d’inviter sa fille Simina à le rejoindre, afin que la musique classique arrive
jusque dans les villages les plus isolés, mais aussi sur les grandes scènes du
pays. Une aventure qui s’achèvera en grande pompe à l’Athénée roumain de
Bucarest, en compagnie du pianiste Horia Mihail.
La
tournée « Le violon d’Enescu arrive au village » a débuté cette année
dans deux villages du département de Bistrița-Năsăud. Entre deux répétitions,
le violoniste Gabriel Croitoru a accepté de nous raconter cette incroyable
expérience:
« Nous
en sommes à la 10ème édition du projet « Le violon d’Enescu
arrive au village ». Tout au long de ces 10 éditions, ce violon, ce
Guarneri, qui a appartenu à George Enescu lui-même, s’est déjà arrêté dans
plusieurs lycées, parcs. Bref, dans des endroits où les gens n’écoutent
généralement pas de musique classique. C’est justement l’idée : rendre
accessible ce genre de musique à tous ceux qui normalement n’ont pas l’occasion
de se rendre dans une salle de concert. Et au cours de ces 10 années, j’ai été
chaque fois accompagné par mon ami et pianiste soliste chez Radio Roumanie,
Horia Mihail. Cette année nous ne nous retrouverons qu’à Bucarest. Pour le
reste de la tournée dans les départements de Bistrița et d’Arad, je serai
accompagné de ma fille Simina. C’est plus simple car nous n’avons pas à trouver
un piano pour chacune de nos représentations.
Le
violon Guarnieri, connu aussi sous le nom de « Cathédrale », pour ses
accords majestueux, date de 1731 et porte la signature de Giuseppe Antonio
Guarnieri, l’un des plus grands luthiers de Crémone, en Italie. George Enescu
l’a acheté avec son propre argent. Le grand compositeur et violoniste roumain
préférait en effet les Guarnieri au Stradivarius. Après sa mort, personne n’a
plus joué sur ce violon, jusqu’en 2008, date à laquelle ce magnifique
instrument à fait son grand retour sur scène, après avoir été remporté par le
violoniste Gabriel Croitoru lors d’un concours. Avant cela, le violon avait été
envoyé à Cluj pour réparation auprès du luthier Pavel Onoaie qui a confirmé que
l’instrument n’avait rien perdu de sa qualité initiale.
Nous avons
demandé à Gabriel Croitoru quel accueil il recevait dans les villages :
« On nous accueille à bras ouverts dans
la plupart des villages. Je me souviens d’une fois où le prête nous a comparé
aux archanges Michel et Gabriel et nous a dit que nous serions toujours les
bienvenus. L’attitude des habitants est liée à celui de la mairie. Si la mairie
fait de la bonne publicité pour l’évènement, alors le public est ravi de venir
assister au concert. Les prêtres, les élèves et leurs professeurs viennent
assister à l’évènement. Il est même arrivé que des enfants des villages
alentours viennent en charrette pour assister au concert. Nous avons pris des
photos ensemble. Nous gardons de très
bons souvenirs des ces tournées et je suis persuadé que cette initiative permet
de créer du lien entre les gens grâce à la musique, quelque soit leur
connaissance préalable en la matière. »
Gabriel
Croitoru nous avoue :
« Je suis convaincu qu’au
moins une partie d’entre eux ont pris goût à la musique classique et
retourneront voir des concerts même si dans les villages les salles de
spectacle sont des centres culturels rénovés grâce aux fonds européens. Comme
on dit, ils ne sont pas habitués à ce genre musical et c’est incroyable quand
on marche à leur rencontre pour leur dire « regardez, il y a ça, et puis
ça aussi, et il existe une autre possibilité de découvrir la musique. »
Certains ont même de véritables révélations. Ils se disent « mon dieu, je
n’avais jamais entendu parler de ça avant. Mais je reviendrai ! ». Je
ne sais pas s’ils ont tous tenu parole mais j’ai constaté dans certains villages
que les gens revenaient les éditions suivantes. »
Gabriel
Croitoru nous assure que la joie sera aussi au rendez-vous cette année et ajoute :
« Bien
souvent nous donnons des concerts mais nous racontons aussi l’histoire des
instruments, des compositeurs afin de rendre cet univers qu’ils ne connaissent
pas plus accessible. Au contraire, notre objectif est de leur donner envie d’en
apprendre davantage. »
La
tournée s’achèvera avec un récital incroyable à l’Athénée roumain de Bucarest
le 19 novembre prochain, où les deux violonistes retrouverons leur compagnon de
route, le pianiste Horia Mihail.
(Trad :
Charlotte Fromenteaud)