Le projet Seminţe cu suflet
Le jardinage amateur au secours des variétés de fruits et légumes anciens roumains
Ana-Maria Cononovici, 27.02.2024, 15:02
Dans son jardin de Săhăteni, dans le département de Buzău, Rodica Meiroşu cultive tellement de variétés différentes de plantes qu’elle rivaliserait presque avec les jardins botaniques. Elle est également administratrice du groupe « Seminţe cu suflet » et coordinatrice des événements organisés sous le même slogan. Rodica Meiroşu nous en dit plus : « Ce groupe est composé de passionnées de jardin. Nous avons d’abord commencé entre amis avant d’élargir notre cercle. Au départ nous échangions des graines, tout cela par pure passion pour le jardin. Nous avons chacun des métiers différents, nous accueillions aussi des personnes ayant des compétences en agriculture ou d’autres ayant fait des études supérieures dans différents domaines, mais c’est surtout notre passion du jardin qui nous unit. Nous avons appelé ce groupe « Seminţe cu suflet » (Des graines avec de l’âme) car les graines avec lesquelles nous travaillions viennent de notre stock personnel, et c’est avoir joie que nous les partageons, sans rien attendre en retour. Nous sommes aujourd’hui environ 700 membres, répartis dans les quatre coins du pays. Nous ne cherchions pas à être si nombreux, l’idée est surtout de s’entre-aider et d’échanger avec bienveillance. »
S’engager pour sauver les variétés roumaines
La seule condition pour récupérer des graines est de s’engager à les semer, les cultiver et prendre soin de ces variétés, nous a expliqué notre interlocutrice : « Nous mettons particulièrement l’accent sur les variétés roumaines. Celles-ci sont récoltées auprès de personnes de différentes régions de Roumanie. Nous effectuons des tournées en organisant plusieurs évènements, pour permettre des échanges et nous cherchons à récupérer le plus de variétés anciennes possible, semées par les anciens des villages. En plus des variétés roumaines, nous cultivons également des variétés étrangères, nous collaborons avec de nombreux jardiniers d’autres pays, et nous organisons également des festivals. Le Festival de la Tomate, auquel nous participons avec des centaines de variétés de tomates par exemple. »
Nous avons demandé à Rodica Meiroşu ce qu’elle faisait pousser dans son jardin : « Oh, beaucoup de choses ! Parce que voyez-vous, avec cette passion, je n’ai plus de place pour semer dans mon jardin! J’habite dans le département de Buzău, ici nous avons surtout des vignobles, mais j’ai beaucoup de légumes, beaucoup de fleurs, des plantes aromatiques, des plantes médicinales, des arbustes fruitiers, et bien d’autres choses encore ! »
Un potager bien varié
Plusieurs centaines de variétés de tomates, plusieurs dizaines de variétés de poivrons, auxquelles s’ajoutent menthe, piments, laitues, pommes de terre, aubergines, brocolis, chou-fleur, oignons, des dizaines de plantes ornementales et d’épices se trouvent dans le magnifique jardin de la passionnée Rodica Meiroşu. Cette dernière nous a expliqué pourquoi il était important de cultiver des variétés locales de Roumanie : « C’est important parce qu’au fil du temps, ces variétés anciennes que nos parents cultivaient avec le vrai goût de tomate, avec une peau plus fine, elles étaient juteuses, vous les cueilliez dans le jardin et vous les mangiez comme on mange un fruit. Ces spécimens ont en quelque sorte disparu. Parce que les variétés hybrides ont remplacé les anciennes qui ont été abandonnées. Et je pense qu’il est important de les préserver, pour ne pas voir définitivement disparaitre l’ancien goût des tomates. Deuxièmement, ces variétés peuvent être préservées en conservant leurs graines et en les cultivant année après année, de sorte qu’elles ne disparaissent pas. »
Rodica Meiroşu, jardinière passionnée et administratrice du groupe « Seminţe cu suflet » a adressé un message aux autres passionnés du jardin : « Je voudrais que la majorité des habitants des campagnes mettent en valeur les graines et les plans roumaines, qu’ils les valorisent et fassent le nécessaire pour les conserver année après année, pour leur santé, pour celle de leurs enfants, et qu’ils n’hésitent pas à rejoindre notre groupe de donateurs de graines, composé de bénévoles, qui voyagent à nos frais et souhaitent apporter leur pierre à l’édifice : nous voulons préserver ces variétés et les diffuser le plus largement possible, afin qu’elles ne disparaissent pas pour toujours. Et j’aimerais que ce groupe de donateurs s’élargisse et poursuive cette belle mission de partage entre amoureux du jardinage. »
Une belle démarche qui, nous l’espérons, portera ses fruits. Alors, n’hésitez pas non plus à plonger les mains dans la terre pour contribuer à ce beau projet. (Trad : Charlotte Fromenteaud)