Le projet « Mnemonics » à la Biennale de Venise
Irina Gudană, Raluca
Sabău, Roxana Pop, Romeo Cuc, Mihai Gheorghe et Vlad Tomei… ont eu envie de
jouer… Et puisqu’ils se sont souvenus de la façon dont ils jouaient, comme tous
les enfants à l’époque communiste, dans l’espace étroit qui séparait les
immeubles d’habitations, leur projet correspondait parfaitement au thème de
l’édition de cette année de la Biennale de Venise : Freespace – Espace
libre. Ils ont déposé leur candidature et ils représentent la Roumanie à cet
événement prestigieux du monde de l’art.
Ana-Maria Cononovici, 03.06.2018, 16:39
Irina Gudană, Raluca
Sabău, Roxana Pop, Romeo Cuc, Mihai Gheorghe et Vlad Tomei… ont eu envie de
jouer… Et puisqu’ils se sont souvenus de la façon dont ils jouaient, comme tous
les enfants à l’époque communiste, dans l’espace étroit qui séparait les
immeubles d’habitations, leur projet correspondait parfaitement au thème de
l’édition de cette année de la Biennale de Venise : Freespace – Espace
libre. Ils ont déposé leur candidature et ils représentent la Roumanie à cet
événement prestigieux du monde de l’art.
Leur projet, Mnemonics, propose un
espace de l’enfance où tous les Roumains adultes peuvent se retrouver. Irina Petra
Gudană, une des participantes au projet, explique : « La Biennale d’architecture de
Venise est un des événements les plus importants de ce genre du monde. La
Roumanie participe chaque année aussi bien à la Biennale d’art qu’à celle
d’architecture – cette année avec le projet Mnemonics, qui nous est très cher,
à nous, ses auteurs, car nous y avons réuni nos souvenirs d’enfance. Le projet
fait également une analyse de l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture de
Roumanie, conservés dans la mémoire collective. C’est comme un fil rouge à
travers les souvenirs de nombreuses générations d’adultes qui, pendant leur
enfance, ont joué dans l’espace séparant les immeubles d’habitation – ce qui
correspond parfaitement au thème de cette année de la Biennale : Free Space
– espace libre. L’exposition roumaine de cette année comporte en fait deux
volets et occupe deux espaces différents. Il s’agit tout d’abord du pavillon de
la Roumanie érigé dans le Jardin de la Biennale, où nous avons réalisé une
scénographie de l’espace séparant les immeubles d’habitation dans les villes de
Roumanie. L’autre exposition est accueillie par la galerie de l’Institut
culturel roumain, un espace beaucoup moins vaste, où nous proposons une
scénographie condensée d’une cage d’escalier, telle que l’on peut la découvrir
à l’entrée de tout immeuble collectif des villes roumaines. »
Vlad Tomei a rejoint ce
projet un peu plus tard et il arrive d’un tout autre domaine d’activité : « Moi, je suis plutôt formé au
journalisme. Je trouve cette exposition extraordinaire ; c’est une des
rares expositions qui me semble simple, condensée et facile à comprendre par
toutes les catégories de public. »
Qu’est-ce que les
visiteurs y découvrent, en fait ? Irina Petra Gudană: « Les parois du pavillon roumain
accueillent une étude sur l’urbanisme ; des façades d’immeubles y sont
exposées, esquissant cet espace privilégié de nos souvenirs d’enfance. Nous
traversons plusieurs décennies d’architecture et nous y analysons l’évolution
du langage architectural pendant ce laps de temps. Nous expliquons comment ces
lieux ont évolué pour revêtir finalement l’aspect que l’exposition nous fait
découvrir. Cet espace séparant les immeubles d’habitation accueille les
éléments dont nous nous souvenons tous : la barre installée pour battre les
tapis, les balançoires, le tourniquet, la table de ping-pong, qui ont meublé,
pour ainsi dire, pendant des décennies, l’espace urbain partout dans le pays et
qui sont tombés dans l’oubli après la chute du communisme, en ’89. Nous les
récupérons et les utilisons pour provoquer des déclics, afin de réveiller ces
souvenirs dans notre mémoire. La chronologie que nous proposons débouche sur un
défi. A quoi ressembleront les habitations roumaines de l’avenir ? Nos
collaborateurs de l’Association « Jouer à l’architecture » ont
adressé cette question aux enfants lors des ateliers qu’ils organisent. On peut
ainsi découvrir, grâce à leurs dessins, la façon dont ils envisagent, avec
beaucoup d’imagination et de créativité, les immeubles d’habitations de
l’avenir en Roumanie. »
Vlad Tomei avoue : « Lorsque j’ai vu les dessins
des enfants, j’ai décidé spontanément que j’aimerais habiter un tel immeuble,
entouré d’aires de jeux, de toboggans et de toute sorte d’éléments ingénieux.
Même si leurs solutions sont enfantines, on peut les prendre dans leur ensemble
comme point de départ pour structurer les espaces publics de l’avenir. »
En dehors des façades,
l’exposition comporte un autre élément important : les jeux de l’enfance. Vlad
Tomei : « Chaque zone des parois
comporte 4 à 6 boîtes contenant des cartes de jeu. Elles illustrent les jeux auxquels
on jouait dans ces espaces. En jouant devant les immeubles, dans ces espaces
quasiment vides, les enfants imaginent des mondes. »
Voilà une heureuse
rencontre entre l’enfance et l’idée de liberté, telle que la perçoivent les
enfants. En jouant dans l’espace quasiment vide qui séparait les immeubles, ils
créaient des lieux magiques partout où ils se trouvaient.