Le Musée Nikolaus Lenau du département de Timiş
Ana-Maria Cononovici, 22.10.2019, 13:36
« Le
bâtiment, dont la construction est due à l’impératrice Marie-Thérèse, a été
érigé en 1774, pour accueillir l’Office des impôts. L’église catholique fut
construite en même temps. Ce bâtiment garde la mémoire du poète Nikolaus Lenau.
Plusieurs pièces accueillent une exposition ethnographique de poupées vêtues du
costume traditionnel souabe de la région du Banat. Chaque village a son costume
spécifique, nous avons donc quelque 56 couples de poupées. Un seul village est
représenté par des poupées portant des habits de femmes mariées, auxquelles il
était permis de participer à la prière du village, tenue une fois par an et qui
s’appelle Kirvai en allemand. »
Quand le poète avait 4 mois à peine, sa famille
s’établit en Hongrie. Après avoir passé sa jeunesse à Pest et Tokaj, il part à
Vienne, où, entre 1822 et 1832, il étudie la philosophie, l’agronomie et la
médecine. Bénéficiant d’un bon héritage de famille, Nikolaus Lenau allait
passer sa vie à écrire. Entre 1832 et 1844, il mène une vie paisible, partagée
entre Vienne et Schwaben. Ses œuvres ont été publiées en 1855, après sa mort. Pour
son village natal, il est quelqu’un de très important. Elfriede Klein:
« Tout le
monde est fier, parce que le village porte le nom de Nikolaus Lenau, mais il
faut dire qu’avant, cette localité s’appelait Csatád. Les Roumains disaient
« Ceaţa », les Allemand « Szadat ». Depuis 1926, le village
s’appelle Lenauheim, ce qui veut dire le foyer de Lenau. Un grand poète autrichien,
né au Banat roumain, qui est parti pour un certain temps en Amérique, mais
là-bas il n’a pas écrit de poèmes. Il a passé la plupart de sa vie en Autriche
et il a aussi vécu un certain temps en Allemagne. »
La maison-musée se dresse dans la rue principale.
L’architecture du bâtiment est typiquement souabe, avec une cour intérieure. Elfriede
Klein nous parle du musée qu’il abrite à présent:
« Celui, qui
souhaite le visiter, a plein de choses à voir. Chaque village a réalisé le
costume traditionnel qui lui est spécifique. Ce sont des couturières qui les
ont travaillés et il faut dire que c’est un travail minutieux, car les costumes
sont très complexes et difficiles à réaliser. Dans chaque village une
couturière s’en est occupée. Les poupées, qu’elles ont habillées, sont achetées
à la fabrique de poupées « Arădeanca » de la ville d’Arad. Cinq salles
du musée accueillent les poupées. S’y ajoutent trois salles que nous avons
aménagées avec des pièces de mobilier datant de 1821 : un lit et une armoire
peints à la main, une cuisine, une salle de séjour, une chambre à coucher et le
joyau de toute maison : la resserre, appelée « şpaiţă » – du mot
allemand Speisekammer. »
L’exposition Lenau occupe sept salles à l’étage de l’aile
gauche du bâtiment. Y sont présentés des photos, des manuscrits et des lettres
de Nikolaus Lenau, illustrant des aspects de la vie et de la création du poète
et reflétant la manière dont son œuvre était perçue à l’époque. Dans cette
exposition on trouve aussi des outils et des installations agricoles. La table
déjà mise, la cuisine semble attendre les convives. Un fer à repasser du début
du 19e siècle semble prêt à défriper une nappe. Le carrelage en
pierre rougeâtre garde la fraîcheur de la resserre et les barattes en bois
semblent vous inviter à imaginer le goût de la crème et des laitages de ces
temps-là.
Le musée garde également des livres et des manuscrits ayant appartenu
au poète Nikolaus Lenau, ainsi que des photocopies, des estampes, des toiles
illustrant la vie du poète et de sa famille, des premières éditions de certains
ouvrages, ainsi que des versions roumaines des poèmes de Lenau. En 1905, une
statue du poète a été élevée au centre-ville de la commune de Lenauheim.
(Trad. : Dominique)