Le musée du kitsch
Des tapisseries représentant un enlèvement au sérail, des objets de culte divers, des poissons en verre et autre bibelots se sont transformés, il y a tout juste un mois, en objets d’exposition par l’ouverture d’un Musée du Kitsch, dans le quartier du Vieux Centre de Bucarest. L’enseigne éclairée, le tapis rouge déroulé à l’entrée, encadrée de colonnes dorées, invitent les curieux à découvrir le monde caché au deuxième étage du bâtiment au 6 rue Covaci. Accueillis par le sourire chaleureux d’une hôtesse, les visiteurs font une première rencontre : Dracula, qui sort d’une brume déclenchée par une installation à vapeurs.
Ana-Maria Cononovici, 25.06.2017, 13:28
Des tapisseries représentant un enlèvement au sérail, des objets de culte divers, des poissons en verre et autre bibelots se sont transformés, il y a tout juste un mois, en objets d’exposition par l’ouverture d’un Musée du Kitsch, dans le quartier du Vieux Centre de Bucarest. L’enseigne éclairée, le tapis rouge déroulé à l’entrée, encadrée de colonnes dorées, invitent les curieux à découvrir le monde caché au deuxième étage du bâtiment au 6 rue Covaci. Accueillis par le sourire chaleureux d’une hôtesse, les visiteurs font une première rencontre : Dracula, qui sort d’une brume déclenchée par une installation à vapeurs.
Le propriétaire du musée, Cristian Lică, explique l’origine de son idée : «J’ai beaucoup voyagé et j’ai eu l’occasion de visiter un très grand nombre de musées, plus de 500 dans une bonne centaine de pays ; alors, ces dernières années, l’idée m’est venue de créer une attraction touristique à Bucarest, calée sur ma passion pour le kitsch, que je nourris depuis une vingtaine d’année. Je suis un collectionneur de longue date d’objets kitsch, mais la décision de fonder le musée est née du désir de créer une attraction pour les touristes étrangers qui met à profit cette passion. »
Que ce soit le poisson en verre posé sur une petite dentelle, ou de bibelots de l’époque communiste, ou encore de tongs en plastique, les plus de 200 objets exposés donnent une image générale du kitsch à la roumaine.
Cristian Lică la décrit pour nous: « Le musée a 6 sections révélatrice pour le kitsch à la roumaine. La première est la zone Dracula, car, pour nous, la manière dont il est présent dans la société roumaine représente le summum de cette culture kitsch. Vient ensuite une zone du kitsch communiste, où on retrouve Ceauşescu et son sceptre, ainsi que d’autres objets de la même catégorie. Nous avons aussi une zone de design intérieur, où nous avons essayé de reconstituer une habitation de la fin du 20e siècle, avec tous les éléments décoratifs que nous connaissons : fruits et fleurs en plastique, tapisseries accrochées aux murs, poisson en verre sur la télé, et ainsi de suite. Et puis, il y a encore deux autres zones, celle du kitsch religieux et celle du gipsy kitsch, où nous avons voulu mettre en évidence tous les éléments en rupture avec la spiritualité religieuses et avec les traditions roumaines et tsiganes de certaines régions, notamment en architecture. On ne cherche à offenser qui que ce soit, on veut tout simplement nous amuser sur le compte de certaines évidences de notre société. La dernière zone est réservée au kitsch moderne, où chaque semaine apporte de nouveaux éléments. A l’étage, il y a une galerie d’art qui accueille des créations kitsch proposées par des artistes roumains. On y a ajouté une zone interactive, intitulée make your own kitsch/créez votre propre kitsch!, équipée de pâte à modeler, de perles de verre, de billes en tout genre et ouverte à ceux qui ont envie de créer un objet personnel, qui sera ensuite exposé sur les lieux. »
Les objets exposés proviennent de la collection privée ramassée par le propriétaire du musée, qui a chiné, pendant des années, dans les foires, les boutiques et autres collections de la même catégorie. L’investissement actuel se chiffre à plus de 15.000 d’euros.
Nous avons demandé à Cristian Lică quelle était la réaction la plus fréquente des visiteurs: «Nous considérons que nous proposons une expérience tragi-comique et très amusante, à en croire les témoignages des visiteurs. Ce musée ne se prend pas trop au sérieux ; c’est une boutique-muséum, un musée privé autofinancé, et qui fait sa propre promotion exclusivement en ligne, ayant pour cible un public jeune, intéressé par toutes les nouveautés, et qui fera partie de la future élite intellectuelle de la Roumanie. Ce sont des jeunes intelligents, doués, qui s’amusent au contact avec les erreurs ou les exagérations de la société où ils vivent. »
A voir le musée du kitsch de Bucarest, on comprend très bien les propos de son directeur. Des T-shirts noirs, sur lesquels la devise Black is the new black/Le noir est le nouveau noir apparait en lettres luisantes, des mannequins drapés dans des vêtements bling-bling nous invitent à rire, parfois aux éclats, des faux repères actuels. Le musée a accueilli une centaine de visiteurs par jour, durant le premier mois après son inauguration. (Trad. Ilean Taroi)