Le musée des jouets
Nous racontons aujourd’hui l’histoire de plusieurs milliers de jouets rassemblés avec soin par des personnes qui ont compris que ce « capital émotionnel » ne devait pas être gaspillé. Une des expositions de l’Association « Le Musée des Jouets », est accueillie en ce moment par « La Maison des Mureşanu » de Braşov.
Ana-Maria Cononovici, 14.05.2017, 13:09
Nous racontons aujourd’hui l’histoire de plusieurs milliers de jouets rassemblés avec soin par des personnes qui ont compris que ce « capital émotionnel » ne devait pas être gaspillé. Une des expositions de l’Association « Le Musée des Jouets », est accueillie en ce moment par « La Maison des Mureşanu » de Braşov.
L’ingénieur Dumitru Cristian, initiateur du « Musée des jouets », nous dit comment cette idée est née: « Le point de départ en a été pratiquement ma collection de jouets. Comme tout enfant roumain des années ’60-’70, j’ai dû prendre grand soin de mes jouets, car je savais que si je les abîmais, je n’en recevrais plus d’autres. J’ai donc gardé les miens, j’ai aussi gardé ceux de mes frères et peu à peu, dans les années ’80 je possédais déjà une petite collection réunissant, évidemment, des jouets en vente dans les magasins, dans les librairies de Roumanie. Quiconque a vécu à cette époque-là se rappelle que l’offre de jouets était limitée. Dans le meilleur des cas, vous pouviez recevoir un jouet japonais grâce à une personne de votre entourage qui était chauffeur de poids lourd ou bien travaillait sur un bateau ou à l’étranger. Peu à peu ma collection s’est agrandie et il y a une vingtaine d’années je me suis rendu compte qu’elle était assez riche pour que je puisse envisager d’en faire quelque chose de sérieux. Seulement, j’ai constaté à regret que c’était une collection de jouets pour garçons, constituée uniquement d’avions, de petits trains, de bateaux, de voitures et que je n’avais aucune poupée et aucun personnage ayant enchanté l’enfance des filles. Je devais pallier ce manque et depuis 20 ans je ne fais que compléter ma collection ».
Dumitru Cristian a souhaité que cette collection représente une partie de l’enfance des Roumains : « En fait, c’était ça, mon idée : collecter des jouets s’étant trouvés entre les mains des enfants de Roumanie. De nos jours, c’est simple, avec les nouvelles possibilités de communication, on peut mettre sur pied un musée des jouets en quelques mois, en cherchant sur Internet. Pourtant, moi, j’ai voulu à tout prix retrouver ces jouets dans les foires, dans les marchés, chez de vieilles personnes et qu’ils soient fabriqués à 95% en Roumanie ou avoir fait les délices d’enfants roumains. Notre collection n’est pas d’une grande valeur, elle n’est pas estimée à des milliers d’euros, c’est plutôt une collection personnelle, à valeur sentimentale, censée illustrer une partie de l’enfance roumaine. Elle compte environ 14 mille jouets – je n’en connais déjà plus leur nombre exact : voitures, petits trains, poupées, jeux et jouets pour les bébés, jouets en caoutchouc, jeux didactiques et j’en passe. Nous avons également une petite collection de plusieurs dizaines de plumiers et quelques centaines de taille-crayons. Pour que le panorama soit complet et représentatif de l’enfance roumaine, nous y avons ajouté des livres, des cahiers et des cahiers de souvenirs de filles entre 1900 et 1980 ainsi que des globes terrestres utilisés dans les écoles roumaines ».
Cette collection est connue et appréciée. Aussi, à l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance ou à l’approche de Noël, l’Association « Le Musée des jouets » est invitée à organiser des expositions. Leur succès a déterminé les différents musées à accueillir des expositions de jouets pendant le reste de l’année aussi. C’est le cas de l’exposition organisée en ce moment à Braşov.
Dumitru Cristian : « De temps à autre, nous choisissons plusieurs centaines de jouets de notre collection pour en faire une belle exposition et répondre à l’invitation d’un musée ou d’une autre institution culturelle du pays. Une sélection de jouets représentant environ 30% de la collection est exposée à Braşov. Certains d’entre eux ont été restaurés et y sont présentés pour la première fois. L’exposition est ouverte, jusqu’au 26 mai, Place du Conseil, au Musée La Maison des Mureşanu. Après, elle se mettra en route pour Arad, ville de l’ouest du pays où elle doit être accueillie par le Musée Preparandia. Nous espérons qu’elle jouira du même succès que ces jours-ci à Braşov. »
A qui s’adresse cette collection ? Dumitru Cristian : « Tous ceux qui nous ont invités jusqu’ici ont pensé que cette exposition s’adressait surtout aux enfants – et c’est vrai. Seulement, les enfants y viennent accompagnés de leur maman, de leur papa, de leurs grands-parents, qui y retrouvent une partie de leur enfance. Il est intéressant d’entendre leurs commentaires. Car les enfants n’ont peut-être pas eu un jouet d’il y a 30 ou 40 ans; certains disent en avoir vu un chez leur grand-mère, placé sur une table ou une étagère ou encore oublié dans un coin de la maison qu’ils ont à la campagne. La réaction des adultes est elle aussi intéressante et nous a rassurés dans notre démarche, car notre collection de jouets d’il y a 30 ou 40 ans, nous la présentons en fait à des enfants qui, à 4 ans, possèdent déjà une tablette. Et nous ne pouvons pas faire de concurrence à la technologie moderne. »
Pourtant, même les enfants qui ont des tablettes pour jouer se laissent séduire par le charme de ces vieux joujoux. Dumitru Cristian : « Ils se réjouissent, ça les fait sortir un peu de leur quotidien et c’est peut-être une bonne chose. Les enfants de chaque nouvelle génération pensent que tout a été inventé quand ils sont nés. Et les enfants d’aujourd’hui, c’est pareil. Ils n’imaginent pas que des jouets complexes ont pu exister du temps de leur grand-mère. » (Trad.: Dominique)