Le Musée de la mémoire
Cartes postales porteuses de messages remontant à une époque oubliée depuis longtemps et adressées à des destinataires daujourdhui, de parfaits inconnus peut-être, ordonnances gouvernementales infirmant de fausses nouvelles alarmistes, selon lesquelles, par exemple, les blessés des hôpitaux bucarestois sont déclarés « prisonniers de guerre », photos de famille, une histoire qui raconte, jour par jour, les événements déclenchés en 1916. Impressions recueillies sur le vif. Voilà la démarche de léquipe qui a mis sur pied le Musée de la mémoire – un musée en ligne, mais qui commence déjà à présenter des expositions dans différents autres musées, invitant ses visiteurs à explorer lhistoire.
Ana-Maria Cononovici, 06.11.2018, 14:29
Cartes postales porteuses de messages remontant à une époque oubliée depuis longtemps et adressées à des destinataires daujourdhui, de parfaits inconnus peut-être, ordonnances gouvernementales infirmant de fausses nouvelles alarmistes, selon lesquelles, par exemple, les blessés des hôpitaux bucarestois sont déclarés « prisonniers de guerre », photos de famille, une histoire qui raconte, jour par jour, les événements déclenchés en 1916. Impressions recueillies sur le vif. Voilà la démarche de léquipe qui a mis sur pied le Musée de la mémoire – un musée en ligne, mais qui commence déjà à présenter des expositions dans différents autres musées, invitant ses visiteurs à explorer lhistoire.
Smaranda Pasnicu, co-fondatrice de lassociation PunctArt et directrice de projets du Musée de la mémoire : « Le Musée de la mémoire est une initiative lancée lannée dernière par lassociation Punctart et dont le but est de créer un lieu de mémoire. Cest un espace ouvert, auquel chacun de nous peut contribuer avec ce quil souhaite sauver de loubli : photos, documents, tout souvenir que lon veut partager avec les autres. Nous avons créé une plateforme en ligne où chacun peut poster un souvenir. Nous espérons construire ensemble, petit à petit, ce Musée de la mémoire. Puisque lhistoire est vaste, nous avons décidé de nous focaliser, dans une première étape, pendant un an et demie, sur le début du 20e siècle, notamment sur la première guerre mondiale. Avec le concours dune large équipe constituée dhistoriens, danthropologues, de psychologues, de philosophes, de spécialistes de limage et du son, nous avons fouillé les archives des collectionneurs, celles des musées et des personnes que nous côtoyons, pour y puiser des bribes de souvenirs et les mettre à la portée de tous, dabord sur cette plateforme en ligne et, depuis le mois dernier, dans une première exposition multimédia que nous avons tout dabord présentée à Bucarest. A présent nous lavons lancée à Constanţa, au bord de la mer Noire. Cette année, lexposition, sera également accueillie par la ville de Iaşi et lannée prochaine par Ploieşti et Suceava. »
Le Musée de la mémoire propose une approche subjective de lhistoire, mettant à la disposition des personnes intéressées des archives et des témoignages. Smaranda Pasnicu : « Lannée dernière nous avons créé notre propre moyen de toucher le public, à savoir « le téléphone des souvenirs ». Cest un téléphone à cadran rotatif, donc un modèle ancien, que nous avons connu dans notre enfance, le téléphone de nos grands-parents, si vous voulez. Lappareil a une double fonction : il permet aux visiteurs découter des témoignages, des interviews de personnes âgées ou des messages trouvés dans les journaux. Il vous permet également denregistrer un message que vous allez recevoir lannée prochaine, par exemple. Il y a plusieurs appareils de ce genre dans notre exposition, qui comporte également plusieurs installations multimédia, des moyens novateurs douvrir les tiroirs de la mémoire collective. »
Par les nouvelles technologies, les initiateurs du projet tentent de rapprocher les jeunes de lart et de la culture et incitent les gens de tous les âges à chercher tous seuls dans leur histoire personnelle les souvenirs que souvent on est enclin à oublier. Smaranda Pasnicu : « Par cette exposition nous tentons non seulement de présenter, par des installations multimédia, des fragments de ce que nous avons trouvé, mais aussi et surtout démouvoir et dinciter les visiteurs à ouvrir leurs propres tiroirs du souvenir, pour y découvrir des photos anciennes, des photos de famille, des objets dont on a oublié lorigine, mais que lon ne peut pas, non plus, jeter à la poubelle, car ils font partie de notre histoire personnelle. »
Tout le monde peut contribuer à élargir la collection du musée, en postant un souvenir sur le site, car, de lavis des organisateurs, tout est précieux et le moment est venu de ne plus oublier. Quelle est la réaction des jeunes ? Smaranda Pasnicu: « Jusquici nous avons eu la chance de vivre uniquement des expériences magnifiques. Nous sommes à chaque fois surpris par laccueil que les gens font à ce projet. Laccès aux événements est libre et nous espérons pouvoir toucher beaucoup de monde, réjouir beaucoup de monde et construire petit à petit un Musée de la mémoire contenant des objets qui sont importants pour nous, bien que parfois nous les ayons oubliés. Nous nous rendons compte que tout fait partie de notre histoire, que ces héros inconnus dont on parle sont en fait nos grands-parents, nos arrière-grands-parents, qui ont traversé des périodes difficiles et que nous oublions, souvent. »
Si vous souhaitez explorer lhistoire à travers des histoires, visitez le site du Musée de la mémoire.
( Trad. : Dominique)