Le festival « Passion Doina »
Le festival « Passion Doina » a été consacrée à la « doina », cette création lyrique vocale ou instrumentale, typique du peuple roumain qui, en 2009, a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco.
Ana-Maria Cononovici, 24.09.2024, 12:55
C’est au cœur du jardin botanique Dimitrie Brândză de Bucarest que s’est déroulé un festival pas comme les autres, réunissant des passionnés de la nature et de la culture nationale : il s’agit du festival « Passion Doina », organisé par l’Association Fruit Vita. La journée était bien remplie et consacrée à la « doina », cette création lyrique vocale ou instrumentale, typique du peuple roumain qui, en 2009, a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Eusebiu Bogdan, vice-président de l’Association Fruit Vita nous a décrit le projet :
« Initialement l’idée est venue de ma femme, Ioana, qui est d’ailleurs la présidente de l’Association. Nous sommes tous les deux les fondateurs de l’ONG, mais aussi passionnés de culture et de l’univers roumain. L’année dernière nous avons commencé à promouvoir la « doina », qui fait partie du patrimoine immatériel de l’UNESCO depuis 2009. Nous avons étudié ce qui se passe en Roumanie et en général nous avons constaté que les Roumains apprécient les sites classés patrimoine de l’UNESCO, d’autant plus lorsque ses sites se trouvent à l’étranger. Les touristes roumains visitent tous les sites de l’UNESCO, en dehors de ceux qui se trouvent dans leur propre pays, qu’il s’agisse du patrimoine matériel ou immatériel. Nous sommes partis sur cette voie afin de promouvoir la « doina » et, si l’année dernière nous avons souhaité rendre les informations relative à cette tradition plus accessibles dans un manuel numérique, cette année nous avons décidé d’aller encore plus loin et d’attirer plusieurs types de participants. Nous avons traduit toutes les informations numériques en anglais, afin de pouvoir les partager aussi au-delà des frontières du pays. »
La « doina » exprime l’amour pour la nature, la joie et la tristesse, la solitude et la révolte. Eusebiu Bogdan, vice-président Fruit Vita raconte quelles ont été les nouveautés de l’édition de cette année du festival.
« Nous l’avons dit : on profite mieux de la « doina » en plein air puisque c’est ainsi qu’elle a été chantée depuis toujours et pas rapport à l’année dernière lorsque nous avons organisé l’événement dans les Jardins Monteoru de Bucarest, cette année nous avons choisi le Jardin Botanique, un espace en plein air beaucoup plus grand. Nous avons choisi de diversifier les activités et les adapter à tous les types de participants allant des enfants de 3 à 5 ans, aux personnes plus âgées. L’objectif était de propager notre message et toucher un nombre de plus en plus grand de personnes. Nous avons commencé avec plusieurs types d’ateliers, d’artisans ou bien de jeux pour les enfants. Et à ce titre je dois mentionner un atelier de couture, un autre de poterie et un autre de théâtre appelé Labyrinthe. Ce fut une activité spéciale, un voyage dans le cadre duquel les participants ont dû naviguer un itinéraire en utilisant tous leurs sens hormis la vue, puisqu’ils avaient les yeux bandés. Ajoutons aussi un atelier pour les plus petits réalisé en coopération avec l’Opéra comique pour les enfants, durant lequel ils ont dessiné des modèles graphiques roumains et découvert ainsi les traditions autochtones. Ensuite l’événement a été complété par une exposition de peinture que nous avons réalisée avec des participants âgés de 14 à 25 ans. Le thème était évidemment la « doina ». Les jeunes peintres ont exposé des œuvres réalisées sur toile et sur papier. Un des participants a même réalisé des peintures sur bois. Ce fut une exposition en plein air qui s’est terminée par un concours ».
L’exposition de peinture a illustré la manière dont les jeunes, notamment des citadins, ont compris le concept de « doina ». Une des peintures illustrait un jeune habillé en costumes traditionnels qui jouait de la flûte devant une barre d’immeubles gris, qui exprime d’une manière symbolique l’idée de libération que la « doina » peut introduire dans la vie des citadins. Notre interlocuteur nous a expliqué que trois des œuvres présentées ont été primées et certaines ont même été vendues. Et puisqu’il s’agit d’une « doina », la musique ne pouvait pas manquer non plus.
L’évènement s’est achevé en beauté par un concert de Maria Casandra Hauşi et Sorin Romanescu, qui forment le duo appelé Nod, suivie par l’artiste Argatu, qui cartonne actuellement parmi la jeune génération avec ses chansons qui mixent les sonorités traditionnelles à celles de l’électro. Est-ce que la « doina » peut aussi être un remède ? Eusebiu Bogdan nous répond :
« Certainement oui, et d’ailleurs Maria Casandra Hauși le dit elle-même : nous portons la doina dans notre âme ! Et oui, c’est un remède, sans nul doute ! Mille mercis à tous les participants, à tous les partenaires, à tous ceux qui nous ont aidés dans ce projet et nous espérons nous revoir tous l’année prochaine pour la troisième édition. »
Et pour la fin de cette chronique, voici un extrait de musique inspirée par les sonorités traditionnelles et par la doina avec le groupe NOD.