Le festival des arts nouveaux InnerSound
Ils ont offert au public des événements inoubliables, dont il sera question dans l’espace de cette rubrique. D’où est venue l’idée de ce festival ? La directrice du Festival, la compositrice Sabina Ulubeanu, nous l’explique. « L’idée d’InnerSound est issue de ma collaboration très étroite avec la compositrice Diana Rotaru, qui, en avril 2011, se trouvait en Suisse, avec une bourse de création. Elle a pensé que nous devrions faire davantage pour la vie culturelle de la capitale roumaine, essayer de réunir autour de nous de jeunes artistes représentant tous les arts et désireux de partager avec les autres les fruits de leur activité créatrice. Nous avons pensé à démarrer un festival de musique contemporaine, où la musique soit au centre d’un spectacle s’étalant sur plusieurs jours et qui devrait présenter des photos, des films, des spectacles multimédia. Autrement dit, des spectacles qui placent la musique au centre de l’image et l’image au centre de la musique. C’est un mélange qui a nous a apporté beaucoup de succès, jusqu’ici.
România Internațional, 26.09.2013, 13:28
Ils ont offert au public des événements inoubliables, dont il sera question dans l’espace de cette rubrique. D’où est venue l’idée de ce festival ? La directrice du Festival, la compositrice Sabina Ulubeanu, nous l’explique. « L’idée d’InnerSound est issue de ma collaboration très étroite avec la compositrice Diana Rotaru, qui, en avril 2011, se trouvait en Suisse, avec une bourse de création. Elle a pensé que nous devrions faire davantage pour la vie culturelle de la capitale roumaine, essayer de réunir autour de nous de jeunes artistes représentant tous les arts et désireux de partager avec les autres les fruits de leur activité créatrice. Nous avons pensé à démarrer un festival de musique contemporaine, où la musique soit au centre d’un spectacle s’étalant sur plusieurs jours et qui devrait présenter des photos, des films, des spectacles multimédia. Autrement dit, des spectacles qui placent la musique au centre de l’image et l’image au centre de la musique. C’est un mélange qui a nous a apporté beaucoup de succès, jusqu’ici.
Innersound adresse un message au monde. Et ce message se trouve à l’origine du titre de ce festival. Sabina Ulubeanu. « Le son — je veux dire le son intérieur — de cette génération est très fort, très puissant, c’est un son raffiné, qui se fait entendre clairement. Nous pensons que le monde intérieur de ces jeunes créateurs de Roumanie mérite bien d’être connu et écouté. Innersound — le son intérieur — a été peut-être pour nous le titre le plus approprié. »
La première édition du Festival Innersound a eu lieu en 2012. Elle a emmené à Bucarest, 3 jours durant, des invités des Pays-Bas, d’Irlande et de Suisse. Les événements ont été accueillis par le Musée du paysan roumain et par l’Université nationale de musique. C’est lors de cette première édition que les principaux événements du festival ont été structurés – notamment la série de concerts « Rencontres à travers l’espace et le temps », qui présente de la musique de toutes les époques, depuis la musique médiévale jusqu’à la musique contemporaine, et la soirée du film muet avec de la musique live. C’est un concept nouveau en Roumanie. Sabina Ulubeanu. « Nous avons demandé à de jeunes réalisateurs de créer des courts-métrages muets. Et nous avons invité les jeunes compositeurs à écrire pour ces films de la musique destinée à différents ensembles d’instruments. Le premier groupe a réuni une flûte, un basson, un violon et un violoncelle. Le chef d’orchestre a été Gabriel Bebeşelea, le seul à vouloir assumer ce rôle très difficile de diriger un ensemble pendant qu’un film était projeté à l’écran. En effet, ce n’est pas du tout simple. La cour du Musée du paysan roumain était pleine de monde, les gens avaient même envahi la pelouse et l’escalier. La soirée a eu un tel succès, que cela nous a déterminés à continuer cette initiative l’année suivante. Lors du dernier concert de musique contemporaine, le compositeur Henri Vega et la cantatrice Anat Spiegel ont bissé. Or, un concert de musique contemporaine où les artistes bissent 3 ou 4 fois, c’était fascinant pour le public. Pour nous, c’était du jamais vu.
En 2013, le festival a été prolongé de 3 à 6 jours et les espaces de concert ont également été diversifiés. Le concert d’inauguration a eu lieu au siège de la fondation Löwendal qui a accueilli aussi une exposition de photographie. Cette deuxième édition du festival s’est déroulée sous le titre « Misterium ». Pourquoi « Misterium » ? C’est Sabina Ulubeanu qui répond. « Parce que, à notre avis, c’est ce que nous faisons, nous les artistes : nous tâchons de dévoiler l’invisible qui se propage à travers nous dans le monde et ce faisant, nous suscitons la joie aussi bien de l’introspection que de la découverte de soi, la joie de se retrouver soi-même. »
En fait, ce fut la joie qui a caractérisé le spectacle de lasers déroulé dans la cour du Musée du paysan roumain et les spectacles des artistes invités au festival et au colloque sur la « Composition expérience » organisé par la compositrice Irinel Anghel, évènement dont le succès a surpris même les organisateurs: « On a eu la surprise de retrouver de nombreux participants provenant d’autres zones de l’art, et notamment des artistes visuels qui ont voulu s’exprimer aussi par la musique. D’habitude, aux colloques et ateliers spécialisés on n’aperçoit que des visages familiers dans la salle. Mais dans le cas de ce colloque, déroulée le jour même d’un méga concert de Roger Waters à Bucarest, nous avons recensé une cinquantaine de personnes dans la salle, ce qui est beaucoup pour un festival à thématique très ciblée, tel le nôtre. Les arts contemporains, avouons-le, constituent un phénomène de niche. »
Le festival Innersound est unique dans le paysage culturel roumain. Même si parfois il se déroule en même temps que d’autres évènements, tels le premier concert Roger Waters à Bucarest et le Festival de musique George Enescu, Sabina Ulubeanu affirme qu’Innersound s’est avéré un excellent liant entre les deux. « Nous avons commencé avant Roger Waters, avec des concerts de musique de chambre et une exposition de photographie, et après le concert de Roger Waters, on a eu trois soirées archi pleines. Ces trois soirées ont constitué un lien très intéressant entre le public de Roger Waters et les mélomanes accros au festival Enescu parce que notre festival a combiné toutes les musiques, de toutes les périodes historiques, et à mon sens, nous avons trouvé une place à part dans le paysage musical roumain. Il y a le festival Sonoro, de musique de chambre. Le festival Enescu réunit à Bucarest les meilleurs orchestres du monde qui jouent aussi beaucoup de musique contemporaine, mais pas nécessairement la musique des jeunes. Et puis, il y a Innersound, où les artistes de tous les domaines souhaitent se réunir autour de l’idée que l’art est une collaboration et un échange d’idées et de sentiments. »
Pour les organisateurs de ce festival, financé par leurs propres moyens, le fait que les artistes visuels, les cinéastes et les photographes sont heureux de s’unir à un phénomène musical nouveau est très important. C’est le moteur des prochaines éditions. Et en 2014, à la fin août, Innersound vous attend nombreux…(trad.: Dominique, Alex Diaconescu)