Le costume traditionnel – une nouvelle tendance
Les costumes traditionnels roumains sont de nouveau à la mode. Resserrées ou non autour du cou, simples ou richement décorées de broderies, les blouses roumaines reviennent à la mode.Virginia Linul est née dans la contrée de Bistriţa-Năsăud, dans le nord du pays. Confectionner des blouses roumaines est une tradition dans sa famille. Virginia a fait de sa maison un musée du costume traditionnel et elle a réuni autour d’elle une soixantaine de femmes avec lesquelles elle crée des blouses roumaines.
Ana-Maria Cononovici, 21.01.2020, 12:49
Virginia Linul a pris confiance dans son travail après la participation de la Roumanie au Washington Smithsonian Folklife Festival, en 1999, avec des costumes traditionnels, des produits gastronomiques et des créations folkloriques. C’est un métier qui suppose une grande responsabilité – estime Virginia Linul.« Au début, j’ai confectionné des costumes traditionnels de Bistriţa- Năsăud, ma contrée natale ; ensuite, j’ai commencé à travailler des costumes spécifiques d’autres régions du pays. La technique est quasiment la même, mais les modèles sont différents. Je travaille avec beaucoup d’application, après avoir fait des recherches aussi bien dans les musées que dans les villages. Je ne travaille pas n’importe comment, en pensant que ça va aller. Je ne produis pas d’imitations de costumes traditionnels ; j’ai une grande responsabilité vis-à-vis des générations futures, car si nous habillons nos enfants d’imitations, quand ils grandiront, ils croiront que c’est ça, une blouse roumaine. Nous, en tant que parents, nous avons une responsabilité envers les jeunes générations, nous devons les habiller de costumes authentiques, cousus main, pour que l’enfant ait une idée claire de ce qu’est le costume traditionnel roumain. »
La Roumanie compte 450 zones ethnographiques, dont il est important de garder les spécificités. Comment le costume traditionnel roumain est-il devenu tendance ? Virginia Linul. « En 2011, un designer français, Philippe Guiller, est venu en Roumanie, comme attaché culturel à l’Ambassade de France à Bucarest. Il a visité la Roumanie et il s’est épris du pays et de toutes ses beautés. Il a lancé une collection couture 100%.ro, qui défie les préjugés et qu’il a réalisée avec le concours de dizaines d’artisans et de designers roumains. Il est venu chez nous et il a travaillé avec moi. 60% de sa collection a été travaillé ici, avec des artisans du Maramureş, de Bucovine, de Braşov, d’Olténie, de tout le pays, mettant en valeur l’art traditionnel roumain. Les télévisions ont médiatisé cet événement, elles ont promu le costume traditionnel. Les vedettes ont commencé à porter des blouses roumaines. Une année plus tard, Andreea Tănăsescu, créait sur Facebook la page « La Blouse roumaine » et ensuite elle a commencé à organiser des événements partout. »
Une autre présence des costumes traditionnels dans l’espace virtuel est due à l’association « Semne de cusut » – « Motifs à coudre », qui, depuis juin dernier, propose, sur Google Arts and Culture, l’exposition « Costumes de contes de fées ». Cette exposition fait découvrir aux internautes l’art de créer des chemises et des blouses traditionnelles roumaines et explique la signification des couleurs et des symboles utilisés pour leur décoration. C’est un voyage à la frontière de l’art et de la tradition. Ioana Corduneanu, fondatrice de l’association « Motifs à coudre » nous a parlé de l’art de créer une blouse roumaine. « J’espère que les tissus bon marché seront oubliés et que l’on commencera à coudre, comme nos arrière-grand-mères, avec du lin, du chanvre, de la soie et de la laine, parce que ces fibres végétales sont plus saines pour nous et pour la planète. Elles sont également plus précieuses, plus nobles, comme nos blouses traditionnelles le méritent. Nos dames portent surtout des blouses et plus rarement des jupes traditionnelles, recouvertes du tablier appelé « fota », pourtant, certaines d’entre elles souhaiteront compléter leur tenue avec ces pièces aussi. »
Les membres de l’Association « Motifs à coudre » créent les blouses traditionnelles avec amour et par amour pour le costume traditionnel roumain. « La plupart, je les crée parce que ça me fait plaisir, parce que la broderie est un art et un loisir. Les femmes qui les travaillent le font pour elles-mêmes, pour les porter, pour leurs familles, pour des personnes chères, pour des amis. Certaines blouses sont destinées à nos expositions, que l’on peut découvrir sur Internet aussi. » Toutes les femmes qui souhaitent rejoindre les créatrices de blouses roumaines de l’association peuvent le faire.
Ioana Corduneanu: « Il leur suffit de visiter notre blog, pour se renseigner sur ce que nous faisons, exprimer leur désir de nous rejoindre et nous dire ce qu’elles souhaitent exactement réaliser et elles recevront de l’aide. Les symboles que l’on utilise sont universels, c’est un langage visuel que tout le monde comprend. Ce qui est spécifique, c’est la « grammaire », pour ainsi dire, la façon d’agencer les lettres de cet alphabet des couleurs et des motifs pour en faire des « phrases ». C’est ce qui nous rend uniques. Et on peut distinguer une blouse traditionnelle roumaine de toutes les blouses de nos voisins, on peut même distinguer une blouse avec une telle précision, que l’on peut arriver à découvrir la région et même le village d’origine. Il y a des femmes des Pays-Bas, de Bulgarie, du Japon qui s’intéressent à cet art et qui créent de telles blouses, car elles se rendent compte qu’il ne s’agit pas strictement d’une blouse roumaine, que les valeurs dont cette blouse est porteuse sont universelles et pérennes. »
Finissons sur une bonne nouvelle : cette année, lors de la fête nationale de la Roumanie à Paris, au Centre Pompidou, plusieurs jeunes femmes accompagnées par Ioana Corduneanu portaient fièrement leurs blouses traditionnelles, complétées par une jupe d’un bleu plus clair ou plus foncé. Pourquoi cette couleur ? Pour le comprendre, il suffisait de voir le grand nombre de visiteurs qui s’empressaient de prendre en photos ces Roumaines portant leurs blouses traditionnelles et leurs jupes bleues à côté du tableau de Matisse « La Blouse Roumaine », que le célèbre peintre a achevé en avril 1940. (Trad. : Dominique)