Le Café virtuel
Si les sorties et les causeries entre amis vous manquent, sachez que vous n’êtes pas les seuls. Et puisque les artistes souffrent peut-être le plus de l’isolement, dès le début de la période de confinement, ils ont créé une variante de socialisation en ligne : le Café virtuel.
Ana-Maria Cononovici, 21.07.2020, 13:09
Roxana Donaldson, écrivaine et plasticienne, nous en parle : « Le Café virtuel a été une tentative de garder la communication ouverte. Ce moment d’isolement maximum est difficile, l’espace réel s’est beaucoup rétréci, alors que l’espace virtuel s’est élargi à une vitesse incroyable, nous offrant la possibilité de préserver, tant soit peu, le monde d’avant. Moi et mes amis du Café virtuel, nous avons pensé que le moment était venu de remplir, d’une façon ou d’une autre, ce temps dilaté, en gardant vivante la communication par les moyens du moment – soit ceux du milieu virtuel. Et nous avons pensé à un Café, car nous sommes tous des êtres sociaux et nous avons besoin de conversation, donc si l’on va au café, c’est aussi pour échanger des idées. Les cafés artistiques et la communication intellectuelle sont une vieille tradition. Nous avons essayé de mettre sur pied un tel lieu virtuel. »
Ce café est ouvert à toutes les personnes intéressées – précise Roxana Donaldson : « Les personnes qui fréquentent ce café en ligne viennent des domaines les plus divers : arts visuels, littérature, affaires, freelance, marketing, relations publiques… Ce qui nous unit c’est, d’une part, le désir de communiquer et, de l’autre, la volonté de ne pas fléchir. Lors de nos rencontres en ligne, chacun parle de ce qui le passionne, propose des thèmes de débat, emmène un invité, lance des questions. Notre Café virtuel est ouvert à tous ceux qui souhaitent participer à nos événements et l’entrée est libre. On peut nous suivre sur nos pages Facebook, par l’intermédiaire d’une application de médias sociaux. Les personnes qui nous rejoignent peuvent écouter, poser des questions ; nous pouvons échanger et respirer plus librement. »
Ensuite, Roxana nous a parlé des débuts du projet : « Lors de notre première rencontre, nous avons parlé un peu des limites du numérique, de la télé-école, du travail à distance, parce que c’était le premier sujet à s’imposer au début du confinement. Notre Café virtuel a donc débuté par des questions et des réponses sur la façon dont nous faisions face à la situation et nous avons échangé nos impressions après la première « dégustation du numérique » – pour ainsi dire -, le numérique étant devenu le seul moyen de communication. C’est une solution de dépannage, elle est imparfaite, mais elle nous permet, quand même, de continuer, de ne pas nous arrêter net. Pourtant, je pense que, du moins en ce moment, le numérique a montré ses limites. Nous avons compris que nous pouvions faire des choses par le biais du numérique, mais que ça allait être fondamentalement différent de la réalité autour ; nous serons également obligés, en quelque sorte, à trouver des modalités supérieures d’utiliser le numérique. A mon avis, tant qu’il restera une solution de dépannage, le numérique n’atteindra pas son potentiel maximal. Le bon côté des choses, c’est que nous avons appris, à cette occasion, que ça peut marcher. »
Bien que se tourner vers une vie en ligne ait été une surprise pour nous, l’idée de se rencontrer à un Café virtuel a plu aux participants. Roxana Donaldson : « En effet, ça nous a plu. Nous avons eu une rencontre à laquelle nous avons invité Axel Mustaş (pseudonyme d’Axel Mustață, comédien au Théâtre National, président de la Fondation Ileana Mustatza, membre de la Compagnie de théâtre Passe-Partout Dan Puric et membre fondateur de la troupe d’improvisation « Improvisneyland ». Axel Mustaş nous a parlé de ce que ça signifie le fait d’être acteur et de ne plus pouvoir jouer, pour l’instant. C’était très intéressant et nous avons même fait un exercice d’improvisation en ligne qui s’est très bien passé, ça nous a beaucoup plu. Axel Mustaş nous a fourni l’occasion de nous poser les questions que lui aussi se pose et d’entrer dans sa peau. D’habitude, quand on traverse des périodes de crise, chacun pense à la façon dont il en est touché. Or, quand on a la possibilité de voir les choses sous un autre angle, par les yeux de quelqu’un d’autre, on peut porter un jugement plus juste sur ce qui se passe et sur l’impact de la crise dans les différents domaines sociaux. »
« Perfect strangers » (De parfaits inconnus) a été un autre thème abordé au Café virtuel. Car nous sommes tous isolés entre le réel et le virtuel, connectés par des synapses virtuelles et tâchant de tenir bon. L’invitée à ce débat sur l’art, les projets d’avenir, le coronavirus, les archives, les photos et les souvenirs, a été Cristina Irian, présidente de l’Association Omnia Photo : « Je suis une des invités de ce Café et, au début, c’était pour parler aux autres de l’activité de notre association et de nos archives photo. En fait, le nom de notre association provient du nom de deux studios photo de l’entre-deux-guerres. Mon collègue de Craiova, Dorin Delureanu, et moi-même, nous avons trouvé, chacun de son côté, de vieilles photos datant des années ’30 et ’40. Il a découvert Photo Omnia de Craiova et moi – Photo Omnia de Bucarest et nous avons commencé à nous poser des questions sur ces ateliers moins connus, d’où l’idée de cette association, par l’intermédiaire de laquelle nous essayons de récupérer des archives, des photos, même de collections privées, moins connues du public. »
Le Café virtuel propose des rencontres hebdomadaires et les participants envisagent de rester connectés. Tout le monde peut les rejoindre sur la page Cafeneaua Virtuală Brand Trainers. (Trad. : Dominique)