L’art collaboratif pour la joie des enfants et la tranquillité des parents
Quelques taches de couleur sur une feuille de papier peuvent devenir le point de départ d’une peinture complexe. Des peintures expressives… Expressivité volontaire ou involontaire, on ne peut pas le savoir. Nous parlons de projets d’art réalisés avec et pour les enfants autistes, trisomiques ou victimes de traumas psychiques.
Ana-Maria Cononovici, 02.07.2019, 13:02
Quelques taches de couleur sur une feuille de papier peuvent devenir le point de départ d’une peinture complexe. Des peintures expressives… Expressivité volontaire ou involontaire, on ne peut pas le savoir. Nous parlons de projets d’art réalisés avec et pour les enfants autistes, trisomiques ou victimes de traumas psychiques.
Depuis 2010, Roxana Ene déroule, en Roumanie et en Allemagne, des projets d’art avec des enfants se trouvant dans des centres de placement ou touchés par différentes déficiences. Son travail repose sur l’idée incarnée par Picasso, lui-même, dont on dit qu’il a commencé à dessiner avant de savoir parler. Roxana crée donc, à leurs côtés, un nouvel univers d’expression artistique.
Il y a quelques années, elle avait réalisé un livre à partir de dessins réalisés par les enfants avec lesquels elle avait travaillé. Des dessins qu’elle a complétés. « Toi aussi, tu vois ce que je vois, moi ? » est un « Livre créatif pour enfants, parents et enseignants » qui met en évidence les besoins des enfants atteints de déficiences. C’est un livre pas comme les autres, imprimé sur du papier de qualité, avec des insertions sur papier calque, selon un modèle imaginé par Roxana Ene.
Les œuvres ont été réalisées de manière simple : les enfants ont mis sur papier des taches de couleur, Roxana les a vues et leur a donné un sens. Ou, pour exprimer la même idée autrement : les enfants ont joué au paradis des couleurs et Roxana a voyagé vers ce paradis. Ensuite, elle a eu l’idée d’en réunir les traces dans les pages d’un livre. Cette année, nous l’avons rencontrée au festival urbain « Des femmes dans la rue Mătăsari », où elle présentait au public les créations réalisées dans ses ateliers d’art collaboratif. Elle exposait différentes variantes d’une pièce du costume traditionnel roumain pour femme, une sorte de tablier qui couvre partiellement ou entièrement la jupe du costume. Roxana explique :« Ces tabliers très colorés sont notre dernière réalisation destinée à une campagne de collecte de fonds. C’est une pièce spécifique du costume traditionnel roumain pour femme, appelé « fotă », qui se retrouve aussi dans les costumes traditionnels allemands. Nous avons donc trouvé ce lien entre les deux pays, bien qu’il y ait aussi des différences : chez les Allemands, le cordon du tablier traditionnel n’est pas noué de la même façon : si celle qui le porte n’est pas mariée, le nœud est sur le côté. Nous nous sommes dit que ces tabliers sont très simples, nous les avons intégrés aux accessoires et ils se sont avérés très demandés et versatiles. On peut les lier autour de la taille, mais aussi sur le côté, où sur la poitrine. »
Nous avons appris qu’un grand nombre de créations vestimentaires réalisées dans le cadre des projets déroulés par Roxana Ene ont été portées lors d’événements culturels importants, comme le Festival Gopo du cinéma roumain, par exemple. Pourtant, ce ne sont pas l’appréciation et la vente des œuvres créées qui représentent le vrai succès de ce projet, mais plutôt la collecte de fonds pour aider les enfants atteints de déficiences. « J’ai collaboré avec toutes les grandes ONG de Roumanie et d’Allemagne, dans un but caritatif. Je suis venue comme volontaire et une histoire inouïe a commencé en 2015. L’Administration du fond culturel national m’a accordé un financement, en 2017 j’ai également bénéficié d’un financement de la part du réseau Kaufland Roumanie. Je dois dire que j’en suis très fière. Ce sont des pas importants, surtout que je suis née en Roumanie, à Bucarest. Cette année nous avons un nouveau projet qui a du succès, il est axé sur la mode et l’art collaboratif pour enfants, et il est financé, lui aussi, par l’Administration du fond culturel. C’est une grande réalisation et j’en suis très contente ! »
Roxy a été présente à plusieurs éditions du festival « Des femmes dans la rue Mătăsari » et, depuis 2017 elle y tient un stand, en tant que présidente de l’ONG « Roxy and Kids Art ».Qu’est-ce que ses ateliers proposent, en fait ?« J‘ai gagné le projet et je suis restée en Roumanie. Nous travaillons avec des enfants touchés par le syndrome de Down. Les enfants seront en fait, les co-auteurs de ces pièces vestimentaires, qu’ils vont porter à l’occasion d’un défilé de mode – un spectacle, plutôt – que nous allons organiser dans le cadre du projet. Ce qui se passe dans ce domaine – qualifié de « difficile » – est merveilleux. Oui, c’est à la fois difficile et merveilleux. »
Cette initiative méritoire bénéficie d’un soutien grandissant de la part des différents organismes et de la société en général.(Trad. : Dominique)