La yourte voyageuse
L’été dernier, sur la plage de Vama Veche, une des stations à la mer Noire préférée par les âmes jeunes et libres, est apparue une yourte ! Construite par plusieurs jeunes, membres d’une ONG bucarestoise appelée « Incubator 107 », la yourte voyageuse a été une des attractions de l’été. Elle a accueilli des ateliers de danse, de poterie, de cuisine, tout ce qui peut avoir lieu dans un espace ouvert, où les regards ne se heurtent à aucun poteau, ni ne doivent contourner des angles, c’est un peu à la belle étoile, si vous voulez, sans l’être vraiment, à l’abri du soleil, mais baigné dans la lumière. La présence d’une yourte sur la plage de Vama Veche n’a surpris personne. Une deuxième yourte est ensuite apparue quelque part en montagne, à proximité d’une colonie à thématique médiévale, ayant pour public cible les enfants entre 5 et 14 ans. Comme les yourtes semblent se faire de la place dans le paysage autochtone, nous avons invité au micro celui qui les a ramenées en Roumanie.
România Internațional, 08.05.2014, 15:13
L’été dernier, sur la plage de Vama Veche, une des stations à la mer Noire préférée par les âmes jeunes et libres, est apparue une yourte ! Construite par plusieurs jeunes, membres d’une ONG bucarestoise appelée « Incubator 107 », la yourte voyageuse a été une des attractions de l’été. Elle a accueilli des ateliers de danse, de poterie, de cuisine, tout ce qui peut avoir lieu dans un espace ouvert, où les regards ne se heurtent à aucun poteau, ni ne doivent contourner des angles, c’est un peu à la belle étoile, si vous voulez, sans l’être vraiment, à l’abri du soleil, mais baigné dans la lumière. La présence d’une yourte sur la plage de Vama Veche n’a surpris personne. Une deuxième yourte est ensuite apparue quelque part en montagne, à proximité d’une colonie à thématique médiévale, ayant pour public cible les enfants entre 5 et 14 ans. Comme les yourtes semblent se faire de la place dans le paysage autochtone, nous avons invité au micro celui qui les a ramenées en Roumanie.
Il s’appelle Bogdan Maltezeanu, étudiant en architecture et un des fondateurs de l’ONG « Incubator 107 ». Nous lui avons demandé comment il a commencé à construire des yourtes : « J’ai commencé à le faire en avril de l’année dernière, dans un projet international de théâtre labyrinthe en Estonie. J’ai rencontré là-bas deux personnes d’Angleterre qui font ça pour gagner leur vie : ils construisent des yourtes en Angleterre et c’est là que nous en avons érigé la première. Je ne l’ai pas construite depuis le commencement, mais l’idée m’a beaucoup plu. Je suis rentré au pays et on m’a proposé de construire une yourte ; c’était un défi, je l’ai relevé, j’ai aimé… C’est quelque chose que l’on ne fait pas en Roumanie et je me suis dit : c’est une niche et ça vaut la peine d’essayer. Je suis resté en contact avec les personnes vivant en Angleterre et j’ai construit la yourte en deux mois. J’aime bien les structures en bois. De toutes celles que j’ai étudiées, celle-ci est ma préférée. C’est une structure sphérique, sans piliers, tout est ouvert, ce qui crée une certaine ambiance et c’est ça qui me plaît ».
Peut-être croyez-vous que la yourte est une simple tente élevée sur quelques bâtons… Ce n’est pas ça ; au contraire, dit Bogdan Maltezeanu. Il y a toute une philosophie de la construction d’une telle structure, spécifique aux peuples nomades d’Asie.
Bogdan Maltezeanu: « C’est compliqué, il faut plier le bois à l’aide de vapeurs d’eau, puis le laisser sécher, faire des trous et des nœuds, la couronne doit être trouée sous un certain angle… Il y a des éléments sacrés pour les Mongols. La coupole représente le ciel, et la couronne, c’est le portail entre le monde terrien et le monde spirituel. On peut installer des fenêtres ou encore la lumière peut y entrer par la couronne placée en haut : on tire le tissu de côté, ou bien on peut mettre du verre ou du plastique transparent au-dessus. La yourte, on peut la ranger dans une voiture et la transporter selon son gré. Quiconque peut avoir une yourte, une maison de vacances, une salle de conférences, elle peut être utilisée à tout. Il y a certains pas à suivre. Il est important de les apprendre, je dois être présent au début, et après, c’est très facile de la monter, avec trois personnes, elle est prête en 45 minutes. »
Oui, 45 minutes si la conception est déjà réalisée, et si le bois de frêne, le plus dur et le meilleur, est déjà préparé, selon Bogdan Maltezeanu. Sinon, deux semaines tout au plus. La deuxième yourte, notre interlocuteur l’a élevée à lui tout seul, dans un délai beaucoup plus court, selon la demande du bénéficiaire.
Bogdan Maltezeanu : « J’étais allé à un événement et un monsieur est venu me trouver et m’a dit : je sais que vous faites ça, je voudrais que vous m’en construisiez une aussi pour les colonies de vacances médiévales pour les enfants ». J’ai été d’accord, et là, en une semaine, la yourte était prête, mais j’y ai travaillé jour et nuit ».
Est-ce que les yourtes peuvent être une solution convenable pour ceux qui sont à la recherche d’alternatives d’habitation ? Bogdan Maltezeanu: « Pour que cela soit un logement permanent, il faut une bonne isolation hydrique et thermique, et aussi un traitement contre les moisissures. Une yourte peut résister jusqu’à une trentaine d’années. Le chauffage se fait avec un poêle. Avec une bonne isolation thermique, avec deux ou trois couches de toile, il n’y a pas de problème. Une yourte isolée du point de vue hydrique et thermique peut coûter entre 2000 et 3500 euros ».
Les yourtes de Bogdan Maltezeanu sont pour l’instant des éléments exotiques dans le paysage roumain. Mais l’étudiant en architecture se propose de mettre en place une société spécialisée dans les constructions en bois. Il envisage même d’aller encore plus loin dans la construction des dômes.
Bogdan Maltezeanu : « Les dômes géodésiques me fascinent, les structures sphériques qui sont toujours une sorte de yourtes, à cette différence près que le toit n’est pas interrompu. C’est une calotte sphérique coupée et posée sur le sol. J’aime les habitations généreuses, ouvertes, sans piliers. Ces derniers fragmentent l’espace, l’amoindrissent, le brisent. J’aime les espaces larges, ouverts. »
Certes, Bogdan n’est pas le seul admirateur de ce type de construction. Mobiles, légères, colorées, lumineuses, les yourtes enchantent tous ceux qui les voient et notamment ceux qui franchissent leur seuil. (trad. : Ligia Mihaiescu, Alexandra Pop)