La caravane Casper
Début juillet, deux équipes de cyclistes sont partis en tandem sur un trajet qui traverse 26 villes. Dans chacune d’entre elles, à 11 heures du matin, ils démolissent un mur symbolique fait de boîtes en carton ; une lettre est inscrite sur chaque boîte, l’ensemble formant le mot « déficience ». C’est la caravane Casper.
România Internațional, 08.08.2013, 12:00
Début juillet, deux équipes de cyclistes sont partis en tandem sur un trajet qui traverse 26 villes. Dans chacune d’entre elles, à 11 heures du matin, ils démolissent un mur symbolique fait de boîtes en carton ; une lettre est inscrite sur chaque boîte, l’ensemble formant le mot « déficience ». C’est la caravane Casper.
L’une des équipes est constituée de Florin Georgescu et d’Alexandru Răcănel. Florin Georgescu, 38 ans, est diplômé de la faculté de psychopédagogie de Bucarest et docteur en psychologie, bien qu’atteint d’un handicap sensoriel: il est non-voyant. Depuis 3 ans, il a participé à la marche des cyclistes déroulée sur 200 km entre Bucarest et Constanta, il a parcouru à vélo les 1200 km qui séparent Bucarest de Sighetul Marmaţiei, dans l’extrême nord de la Roumanie, afin de collecter les fonds dont une personne avait besoin pour une greffe du rein. Invité par différentes associations qui encouragent le cyclotourisme, il a participé à de nombreux événements. Et c’est toujours Florin Georgescu qui a parcouru le trajet Bucarest-Londres — soit quelque 2.500 km — pour donner le coup d’envoi des Jeux Paralympiques 2012. Comme dans toutes ses aventures, il est accompagné par son ami et partenaire de tandem, Alexandru Răcănel.
En même temps que Florin Georgescu et Alexandru Răcănel, à Medias ont pris le départ, toujours en tandem, Butu Arnold Csaba et sa fille, Andrea Szabina, qui traverseront l’autre moitié du pays. Butu Arnold Csaba est un cycliste non-voyant, qui a été présent aux Jeux Paralympiques de Pékin. Il participe actuellement aux qualifications pour les Jeux Paralympiques du Brésil.
Comment Florin Georgescu en est-il arrivé à faire toutes ce choses-là ? Il nous l’explique lui-même : « En 2008, j’ai contacté une association spécialisée pour demander où l’on pouvait acheter un tandem. Les gens ont été particulièrement réceptifs et ils nous ont même offert de l’argent pour acheter notre premier vélo. En 2009, j’ai parcouru, avec Alexandru Răcănel, la moitié du pays : nous avons roulé depuis Bucarest (dans le sud de la Roumanie), jusqu’à Sighetul Marmaţiei, dans l’extrême nord. Par la suite, nous avons créé l’association « Tandem ». Ensuite, nous nous sommes attaqués à l’automobilisme pour non voyants et, en 2011, nous avons établi un nouveau record national de vitesse sur la piste de l’aéroport de Craiova. L’année dernière, nous avons parcouru le trajet Arad — Londres, dans le cadre de la campagne « Vois au-delà des limites ». A présent, j’ai été invité à participer à la caravane Casper par l’Association Assoc de Baia-Mare et par Euroins Roumanie, qui nous également offert les tandems que nous utilisons. »
La caravane Casper porte le nom d’un système daide à l’évaluation du degré de handicap d’une personne qu’il examine du point de vue social, en mettant l’accent sur ce que la personne peut faire et non pas sur ce qu’elle n’est pas capable de faire. C’est d’ailleurs-là une tendance de l’évaluation médicale actuelle en Roumanie.
La Caravane Casper doit clore un projet financé par des fonds européens et dont le principal objectif était de rendre le marché de l’emploi plus accessible aux personnes atteintes d’une déficience — affirme Florin Georgescu : «Cette campagne a été placée sous le slogan «Démolissez des murs pour construire des ponts.» Il s’agit des murs qui séparent, de manière plus ou moins arbitraire, les différentes catégories sociales. J’espère qu’au moins une personne s’en ira avec l’idée qu’une équipe formée de deux individus — l’un atteint d’une déficience et l’autre valide — peut réaliser beaucoup de choses. Mon message personnel est simple : j’invite tous ceux qui ont un handicap à faire du sport et du mouvement en plein air. Cette caravane est un plaidoyer pour le sport en général, mais aussi et surtout pour le paracyclisme, qui est peu pratiqué chez nous. »
Les deux équipes de la caravane ont déjà parcouru la moitié du trajet. Elles roulent plusieurs dizaines de km par jour. Florin Georgescu raconte : « Nous avons quitté la ville de Baia Mare depuis un certain temps déjà. Nous nous trouvons à Alba Iulia et nous nous dirigeons vers Târgu Mureş, Miercurea Ciuc, Bistriţa. Ensuite, nous aurons 3 jours de repos, pour repartir vers le nord — et atteindre les villes de Suceava et de Botoşani – ensuite redescendre vers le sud, en traversant l’est du pays, par les villes de Bacău, Vaslui, Piatra Neamţ, Focşani, Galaţi et Brăila — dans le sud-est. Nous nous sommes proposé de faire 50 à 60 km par jour, vu que le calendrier est assez serré. Nous nous arrêtons toutes les deux heures pour nous hydrater et nous reposer. Le temps a été notre allié, nous avons eu un seul jour de pluie, en échange, les routes ont été pour nous un véritable défi. Dans bon nombre de villes, les gens ont été très réceptifs à notre message, ils se sont montrés intéressés et coopérants. Pourtant, comme nous nous attendions, d’ailleurs, il y a eu aussi des localités où la participation a été très faible, mais c’est une chose que nous avons assumée ; nous sommes conscients du fait que notre message n’est pas facile à transmettre. »
Les deux équipes se rencontreront à Bucarest, le 1er août, date à laquelle, au centre ville, un événement marquera la fin de la caravane. Florin Georgescu et son ami et coéquipier Alexandru Răcănel souhaitent également promouvoir le sport comme moyen d’intégration sociale des personnes touchées d’une déficience. Ils ont même conçu un projet à cette fin : offrir des vélos tandem aux lycées de non-voyants du pays pour jeter les bases du paracyclisme en Roumanie. (trad. : Dominique)