La boîte à cuisiner « Coucou-me-voilà »
Deux Bucarestois, anciens salariés de compagnie multinationale, ont inventé un service s’adressant à ceux qui adorent cuisiner mais qui n’ont pas assez de temps pour s’adonner à leur passion.
România Internațional, 19.06.2014, 15:18
Pour leur venir en aide, Cristina et Cristian Tohănean viennent de lancer une « Boîte à cuisiner ». Elle contient des ingrédients frais permettant de préparer 3 repas pour deux personnes. Elle est livrée, avec un gros sourire, au domicile des clients, deux fois par semaine. Pour la famille Tohănean, cuisiner est une façon de jouer et donc cette boîte est conçue à l’intention de ceux qui aiment jouer avec de nouveaux goûts, couleurs et textures, mais aussi avec des parfums et des condiments rares.
Pourtant, ils n’ont pas inventé la roue, pour ainsi dire. Cristian Tohănean a cru comprendre qu’une chaîne d’hypermarchés qui faisait de la pub pour un Concept Store, souhaitait offrir exactement ce service. Quand il s’est rendu compte que c’était quelque chose de différent, il a cherché sur Internet des informations sur les livraisons d’ingrédients et de recettes de cuisine. Il s’en est aperçu ainsi que cette activité existait déjà dans le monde.
Cristian Tohănean: « Les compagnies qui offrent ce genre de service ont fait leur apparition il y a deux ou trois ans ; les plus prolifiques se trouvent aux Etats-Unis et au Royaume Uni. Pourtant, elles ne sont pas nombreuses. Nous avons identifié 3 ou 4 grandes compagnies, auxquelles s’ajoutent plusieurs petites sociétés qui offrent ce service dans la zone où elles se trouvent — par exemple à Hong Kong. Aux Etats-Unis, les livraisons couvrent tout le pays. En Europe, il y a 6 ou 7 pays qui bénéficient d’un tel service ».
Après toutes les aventures qui précèdent nécessairement en Roumanie l’ouverture d’une affaire, les Tohănean ont lancé leur « Boîte à cuisiner ».
Selon Cristina Tohănean, l’accueil a dépassé leurs attentes : « Nous ne savions pas trop à quoi nous attendre, nous avons fait des calculs, des projets, nous étions très pessimistes quant à nos futurs clients et au succès de notre affaire. Pourtant, après avoir lancé l’annonce et le site, nous avons constaté que notre intuition concernant les personnes qui auront besoin de ce service se confirmait et que les clients ont commencé à affluer. Il paraît qu’il existe, en effet, des personnes très occupées, qui aiment cuisiner, mais qui ne disposent pas du temps nécessaire pour faire des courses. Il y a des personnes qui aiment inviter des amis et donner une petite fête uniquement parce que la « Boîte » est là… »
« La Boîte à cuisiner » n’est pas tout simplement un service de livraisons de produits alimentaires. Pour chaque boîte, les deux époux travaillent des journées entières, pour se documenter et adapter les recettes aux réalités roumaines — précise Cristina.
Cristina Tohănean: « Nous changeons les recettes chaque semaine et, quoi qu’il arrive, nous avons au moins 3 nouvelles propositions pour nos clients. Ces recettes doivent respecter plusieurs critères : être de saison, pouvoir être préparées rapidement, se prêter à un bon mélange de plats — pour qu’il y ait un peu de tout — du poisson, de la salade etc. Ensuite nous les préparons, nous prenons des photos, nous postons les images sur le site, nous rédigeons la recette et nous calculons ses valeurs nutritionnelles. »
Evidemment, avant que les photos soient postée sur Internet, les produits doivent être goûtés — raconte Cristi : « Nous ne nous contentons pas de reprendre des idées et de les mettre en boîte, si je puis dire. Toutes les recettes, nous commençons par les essayer, la plupart subissent des changements, de sorte qu’elles soient plus faciles à préparer ; nous remplaçons certains ingrédients difficiles à trouver chez nous ou parfois nous introduisons des produits de saison. Et puis, nous mangeons les plats préparés avant de mettre les ingrédients dans la boîte. »
La réaction du marché a dépassé les attentes de la famille Tohănean. Tous les clients voient dans la « Boîte à cuisiner » une sorte de cadeau de Noël reçu en plein été.
D’où tirer l’inspiration pour de nouvelles recettes chaque semaine ? Des informations, il y en a — affirme Cristina, pourtant il faut du temps pour réfléchir et calculer : « Nous avons une pile de livres de cuisine, une longue liste de blogs et de sites culinaires, toute sorte de recettes. Nous évitons les plats traditionnels et les recettes classiques, nous cherchons celles qui apportent quelque chose de nouveau, de spécial, tout en faisant attention à ne pas proposer des choses trop sophistiquées. Nous aimons biens les plats traditionnels, mais il faut toujours beaucoup de temps pour les préparer et puis, pour ceux-là, tout le monde a une recette sous la main ou un conseil de maman. Depuis quelques années, les Roumains ont commencé à s’intéresser de plus en plus à la cuisine, beaucoup plus qu’avant — et en disant cela, je pense aux plus jeunes. Des émissions consacrées à la cuisine ont fait leur apparition à la télé, des concours de cuisine sont organisés et, du même coup, on a jeté une nouvelle lumière sur cette activité. La cuisine a changé de statut : si, avant, elle était une nécessité, à présent elle est devenue un plaisir. »
Une portion coûte environ 5 euros — somme que certains on jugée exagérée. Selon Cristina, cette réaction est facile à comprendre, mais elle vient plutôt de ceux qui regardent les autres jouer, plutôt que de jouer eux-mêmes avec la « Boîte à cuisiner ».
Cristina Tohănean: « Pour ceux qui sont habitués à faire des courses et à cuisiner à la maison, le prix d’une boîte peut sembler exagéré. Mais ils ne poursuivent pas leur réflexion et ils comparent ce prix de 21 lei par portion avec le prix des repas traditionnels cuisinés à la maison, qui coûtent, sans doute, moins cher. Pourtant, ils ne prennent pas en compte les courses au marché et hypermarché pour trouver les ingrédients, le temps passé à trouver des recettes, les restes de nourriture jetés à la poubelle. Puisque nous disposons, nous, de très peu de temps et que nous ne cuisinons pas habituellement, nous apprécions la plus-value apportée par ce produit: nous ne devons plus perdre des heures dans les magasins et au marché et nous ne jetons plus de la nourriture… Cette critique adressée à la « Boîte à cuisiner » vient des « spectateurs » plutôt que des clients. »
Les personnes qui se trouvent en dehors de la zone couverte par les services « Coucou-me-voilà » peuvent toujours s’abonner à leur newsletter. Elles peuvent bénéficier ainsi de nouvelles idées et de recettes originales, et qui ne laissent pas des restes dans le frigo. On échappe en plus à l’éternelle interrogation: que mange-t-on aujourd’hui ? Cristi et Cristina Tohănean sont à trouver sur Internet à l’adresse cookubau.ro (Trad. :Dominique)