La blouse roumaine
Du temps de nos grands et arrière-grands-parents, très peu de gens avaient des passeports. On reconnaissait pourtant facilement leur lieu d’origine à la façon dont ils étaient habillés. Leurs vêtements racontaient pas mal de choses sur eux, sur l’endroit d’où ils arrivaient et sur ce qu’ils étaient, par la coupe et les ornements de leurs blouses ou chemises, par la forme de leur chapeau, de leur fichu ou de leur bonnet.
România Internațional, 25.07.2013, 15:20
Du temps de nos grands et arrière-grands-parents, très peu de gens avaient des passeports. On reconnaissait pourtant facilement leur lieu d’origine à la façon dont ils étaient habillés. Leurs vêtements racontaient pas mal de choses sur eux, sur l’endroit d’où ils arrivaient et sur ce qu’ils étaient, par la coupe et les ornements de leurs blouses ou chemises, par la forme de leur chapeau, de leur fichu ou de leur bonnet.
Pourtant, qui porte encore des blouses roumaines au 21e siècle? Où retrouver encore les broderies en blanc et noir ou en rouge, les ceintures aux motifs décoratifs géométriques, les étoiles à 5 branches et tous les autres symboles qui ornaient les chemises traditionnelles en lin ou en soie grège?
On serait peut-être tenté de croire qu’elles ont été oubliées, les belles blouses traditionnelles que les reines et les princesses de Roumanie ou les femmes illustres nées dans ce pays n’ont pas hésité à porter. Eh bien, non. Pas du tout! La blouse roumaine est présente de nos jours sur les podiums des grands défilés de mode d’Yves Saint Laurent ou de Tom Ford et fait le tour du monde, s’étalant sur les beaux corps des top modèles qui se font prendre en photo Avenue de la Victoire à Bucarest. Elle est portée avec nostalgie par les Roumaines qui, en émigrant, n’ont pas oublié de ranger dans leur valise la blouse traditionnelle héritée de leur grand-mère.
Si la blouse roumaine est de nouveau à la mode, ce n’est pas par hasard — affirme Andreea Tănăsescu, fondatrice d’une communauté virtuelle qui s’appelle justement « La blouse roumaine ».
Les photos, les documents et les détails postés par Andreea enchantent quotidiennement le regard des près de 17 mille personnes à travers le monde. Comment tout cela a-t-il commencé? Andeea Tănăsescu raconte : «J’avais créé, depuis deux ans déjà, un album sur Facebook réunissant des photos de blouses roumaines imaginées par de grands designers tels Yves Saint Laurent ou Tom Ford. J’avais pensé que peut-être quelqu’un allait les remarquer en Roumanie et créer de telles blouses. La blouse roumaine pouvait regagner ainsi la place qu’elle mérite. Cet album a attiré tellement de monde que j’ai fini par créer une communauté. En toute sincérité, je ne m’attendais pas à un tel succès. J’ai commencé à recevoir des messages, notamment de Roumains vivant à l’étranger, qui ont tout d’un coup retrouvé la joie d’être Roumains, leurs souvenirs d’enfance et tout ce qui est le plus précieux pour quelqu’un qui a quitté le pays.»
Ensuite, les images ont commencé à arriver d’autres sources aussi. La boîte mail de la communauté accueille quotidiennement des fragments de textes sur le costume traditionnel roumain, des photos de membres de la famille royale portant des costumes traditionnels prises pour des cartes postales, des affiches de différentes expositions et des explications concernant les symboles brodés sur les blouses roumaines.
Ces images ont touché non seulement des personnes éparpillées à travers le monde, mais aussi des institutions concernées par le sujet, contentes de cette aide qui leur venait de l’extérieur — affirme Andreea : «Nous avons réussi à influencer d’autres communautés et même des musées, car ce que nous postons sur Internet est repris et diffusé par le Musée du village roumain, par le Musée d’histoire, par le Musée d’Art. Nous avons réussi à déterminer des jeunes filles à porter des blouses roumaines. Et, avec le concours d’une jeune équipe ambitieuse, nous avons réalisé un projet dont nous rêvions depuis longtemps: une promenade le long de l’avenue Victoria, à Bucarest, en blouse roumaine.»
Le 6 avril 2013, Instagram lançait un défi à ses utilisateurs du monde – celui de sortir faire des randonnées et de poster des photos de différentes villes du monde. Andreea Tănăsescu y a immédiatement identifié une opportunité fantastique de mettre la blouse roumaine sur des centaines de milliers d’écrans d’ordinateur. Aux côtés de la Fondation Calea Victoriei – l’Avenue de la Victoire – artère principale de la capitale roumaine, elle a organisé une sorte de défilé de blouses traditionnelles roumaines. Des dizaines de photographes, venus exclusivement pour cet évènement, ont rempli les réseaux de partage avec des photos de super modèles qui portaient cette pièce de vêtement traditionnelle roumaine.
Andreea Tănăsescu affirme que ce fut une journée extraordinaire : « Nous nous sommes organisés en 4 ou 5 jours et nous nous sommes réunis pour la première fois avec ceux qui aiment faire des sorties photographiques. Ce fut fantastique puisque le temps a été parfait. De nombreux gens qui ont tout simplement passé deux heures comme à l’entre-deux-guerres, quand les Bucarestois sortaient Avenue Victoriei habillés de leurs meilleurs vêtements, y compris en chemises traditionnelles. Et c’est ça le message que nous souhaitions transmettre, modifier l’avenue de la Victoire pour qu’elle ressemble aux photos d’époque. Nous voulons en fait conduire à la Victoire tous les symboles et les histoires de la Roumanie. »
Une nouvelle randonnée a eu lieu quelques jours plus tard. Et ce n’est pas tout, puisque Andreea Tănăsescu a eu des plans pour le 24 juin et la fête des Sânziene : « Nous avons lancé les démarches pour l’inauguration d’une association censée protéger, mettre en valeur et promouvoir la blouse roumaine. Elle devra promouvoir la fête des Sânziene en tant que journée universelle de la blouse, quand toutes les femmes qui possèdent ce vêtement, qui souhaitent s’en acheter ou qui s’en confectionnent, peuvent le porter, tout comme nos ancêtres. Elles disaient que ce jour-là, les cieux s’ouvrent et nous pouvons communiquer avec l’univers, transmettre nos meilleurs pensées. Cette année, le 24 juin a été marqué d’une manière assez simple. Nous avons porter des blouses roumaines et construire sur Internet une carte du monde sur laquelle nous avons poster des photos avec des Roumaines habillées de cette pièce vestimentaire. Vous allez voir que toute la planète porte la blouse roumaine, parce que je suis sûre qu’il y a des femmes roumaines qui possèdent cet article vestimentaire partout dans le monde. »
Et c’est pourquoi RRI vous invite à porter une blouse roumaine. Nous attendons avec impatience vos photos. (trad. : Alex Diaconescu, Dominique)