La Bande « Zurli »
« La bande « Zurli », c’est le plus magnifique groupe de grandes personnes qui font de belles choses pour les petits. »
România Internațional, 05.06.2014, 16:22
« La bande « Zurli », c’est le plus magnifique groupe de grandes personnes qui font de belles choses pour les petits. »
C’est, en peu de mots, la définition de la troupe de théâtre pour enfants la plus aimée, qui réussit à apporter le sourire sur les lèvres de tous ceux qui se rendent à ses spectacles. Ce ne sont pas de simples pièces de théâtre, mais des spectacles interactifs, lors desquels les enfants sont invités à applaudir, à se lever, à se tourner vers leurs parents, à chanter, à faire du bruit… Autrement dit à être vivants et présents et non pas des spectateurs passifs, plongés, une heure durant, dans l’obscurité.
Au bout des 60 minutes pendant lesquelles les enfants ont suivi le fil d’une narration et ont chanté à tue-tête, ils quittent la salle animés d’une énergie contagieuse, qu’ils transmettront aux autres.
« Sais-tu ce qui me plaît le plus chez Zurli ? On lit la joie sur leurs visages ! » – disait Irina, une spectatrice fidèle qui n’a raté aucune première depuis 6 ans.
Nous avons demandé à Mirela Retegan — alias « Madame la Présentatrice » – quelle est la recette du succès de la Bande Zurli : « De mon point de vue, la recette de ce succès est le naturel, la normalité de notre relation avec les enfants et avec les parents, le sérieux de notre jeu avec eux et notre simplicité. La Bande Zurli offre aux petits et aux adultes qui les accompagnent une heure de détente qui les fait oublier tous leurs problèmes. A la différence d’autres troupes ou d’autres recettes, nous transmettons un double message : de ce que nous disons sur scène, les parents comprennent une chose et les enfants autre chose, bien qu’il s’agisse de la même question. Nous suscitons une émotion et aussi bien les parents que les enfants quittent la salle de spectacle le sourire aux lèvres, bien que pas pour la même raison ».
L’héroïne autour de laquelle se tissent toutes les histoires est la « petite Zurli ». Elle a 7 copains et copines, avec lesquels elle joue, sous l’œil attentif de Mme la Présentatrice, maître de cérémonie, mais aussi symbole de la mère soucieuse que rien de mal n’arrive aux enfants.
Les membres de la troupe sont tous des adultes, chacun incarnant un type de personnalité à laquelle les parents ont affaire dans leur vie de tous les jours.
Mirela Retegan raconte comment elle a rencontré Vero Căliman, la « Petite Zurli » : « J’ai rencontré Vero au bord de la mer, sur une aire de jeux pour enfants. Je l’ai vue parler à un môme et son énergie m’a beaucoup plu, ainsi que sa façon de parler à cet enfant. Je lui ai demandé quel était son métier. Elle m’a répondu qu’elle travaillait là-bas. Je lui ai dit de venir me retrouver en automne, à son retour à Bucarest. Je pensais depuis longtemps à mettre sur pied une troupe d’adultes qui réalise des spectacles pour les enfants. Veronica a été le déclencheur qui a tout mis en marche, car c’est autour d’elle que j’ai construit le personnage de la « Petite Zurli » et les autres personnages, qui sont venus s’ajouter petit à petit, mais elle demeure le principal pilier de la troupe. »
Avant de devenir « La Petite Zurli », Vero Căliman ne trouvait plus sa place nulle part. Elle dit que la rencontre avec Mirela Retegan a changé sa vie : « Mon histoire avec les enfants est bien longue. J’ai gagné mes premiers sous à l’âge de 11 ans et demi, lorsque j’ai commencé à faire du baby-sitting pour une voisine dont l’enfant m’était très cher. A y réfléchir, je me rends compte que j’ai toujours eu une relation privilégiée avec les enfants. Pendant 3 mois, j’ai travaillé pour Concordia, une fondation qui s’occupe des enfants abandonnés. J’étais très jeune, j’avais 18 ans et cela a été pour moi une expérience extraordinaire. Je restais avec eux du vendredi soir jusqu’à dimanche, j’étais une sorte de… ils m’appelaient « maman ». Cela a été très dur, pour moi, à un moment donné j’ai dû arrêter. Il y avait beaucoup d’enfants qui avaient de grandes difficultés, j’étais, moi-même, presque enfant. Des fois je ne savais pas comment gérer la situation, d’autres fois je me sentais dépassée par les circonstances. Il m’arrivait de savoir ce que je devais faire, d’autres fois pas. C’est à la mer que j’ai vu pour la première fois mes futurs collègues au travail et je me suis rendu compte que c’était ce que je voulais faire. De retour à Bucarest, j’ai été prise d’assaut. En fait, ma vie a complètement changé. Et avant tout, j’ai téléphoné à ma mère, pour lui dire : Ça y est ; je sais ce que je vais faire. »
En elle se retrouvent toutes les fillettes du monde — dit Mirela Retegan, en parlant de Vero. Les fillettes qui posent des questions, qui ne veulent pas ranger leurs jouets, qui sont prêtes à sauver toute âme, même la Sorcière Tura Vura — Patati Patata. Mirela Retegan nous parle de ses personnages: « La Petite Zurli est dorlotée, c’est la cadette, qui bénéficie des sucreries, des jouets et de la compréhension des autres. Elle n’est pas insolente, c’est une enfant curieuse, courageuse, qui sait minauder juste autant qu’il faut pour obtenir ce qu’elle veut. Dans la Petite Zurli se retrouvent toutes les fillettes que nous connaissons et que nous n’avons pas été. « Clopoţel » – Clochette — apporte les devinettes — avec l’assurance de celui qui connaît toutes les réponses. Nous évitons d’être didactiques, pour ne pas effrayer les enfants, déjà saturés de toute l’éducation qu’ils reçoivent. Dans nos spectacles, Tura Vura — Patati Patata — contrebalance la Bonne Fée. C’est l’exemple négatif, elle montre ce qu’il ne faut pas faire, sans être un épouvantail, la Sorcière de la Forêt, la Fée Carabosse, qui nous font peur au point de ne plus pouvoir nous endormir la nuit. C’est une femme ridicule, que l’on retrouve, dans la société, dans tous les caractères que l’on ne souhaite pas voir approcher nos enfants. Et nous aimerions qu’ils la reconnaissent pour ne pas entrer en relation avec ce type de caractère. »
La Bande Zurli a commencé par faire de l’animation aux fêtes d’enfants. Ils ont continué par de petites pièces de théâtre présentées au Musée du Paysan Roumain. Ensuite, ils ont commencé à parcourir le pays, dans le cadre de la campagne: « Si tu as un livre, fais-le circuler. » Les salles où ils donnaient des spectacles sont vite devenues trop petites pour un public de plus en plus nombreux. Le reste est venu de soi : un spectacle à la télévision, un album de musique contenant les chansons de l’enfance les plus connues, mais aussi des chansons originales, devenues du jour au lendemain des tubes visualisés par des dizaines de milliers d’internautes. Leur dernier exploit : une mobilisation éclair de 2000 personnes qui figureront dans le clip vidéo « J’ai une petite maison » – déjà célèbre parmi les tout petits.
Selon Mirela, le ciel est leur seule limite : « J’ai un plan, qui date du moment où j’ai entamé le travail avec la Bande Zurli. Tout ce que vous voyez, tout ce que nous avons fait, figurait déjà dans ce plan. Le dernier élément sur la liste, c’est le parc de distractions Zurli, quelque part à l’extérieur de la ville, dans un forêt, pour mettre ensemble tout ce que nous avons réalisé durant ces années. J’aimerais qu’il existe une Petite Zurli qui soit une aide pour les mamans de Roumanie ; les enfants ont besoin d’exemples et de repères et j’ai souhaité qu’il en existe pour les enfants de Roumanie : une Minnie un peu plus grande, une Hannah Montana moins brillante. Construire quelque chose d’autochtone, de roumain. »
Ne soyez pas étonnés si vous passez, un jour, à côté d’un minibus portant l’inscription « Gaşca Zurli » – la Bande Zurli. D’ici là, écoutez/écoutons la chanson : « J’ai une petite maison. » (Trad. : Dominique)