Invitation au jeu
Diana Jianu a créé une poupée pour aider les enfants à gérer leurs défaillances.
Ana-Maria Cononovici, 05.09.2023, 10:58
Il y
a des moments dans la vie où la tristesse ou la déception sont tellement
grandes qu’elles nous laissent seuls et sans parole. Cependant, il y a des
situations encore plus graves, telles des choques, des abus physiques ou
sexuels, des manifestations d’autisme ou des handicaps quand les individus sont
en proie à l’incapacité de s’exprimer verbalement. Alors, c’est pour eux que Dana
Jianu, chirurgienne plasticienne, a créé Dan. A. Joy, une poupée qui peut se
transformer selon la volonté et l’imagination de l’enfant. L’invention lui a
valu les médailles d’or en 2006 et 2007, des célèbres Salons des inventions et
innovations de Bruxelles et de Genève. La poupée a attiré l’attention de l’UNICEF
et de l’ONU, car elle est censée aider les enfants à gérer leurs défaillances.
Dana
Jianu raconte pour Radio Roumanie :
« Cette invention est née
de ma passion pour la chirurgie plastique. Je me suis dit que ce serait une
occasion pour tout le monde, enfants et adultes à la fois, de s’amuser à
transformer le corps humain. Ca peut être aussi une activité de famille ou bien
ça pourrait avoir un effet thérapeutique. Alors, j’ai créé cette première
poupée en tissu éponge que j’ai revêtue d’une sorte de peau, permettant à celui
qui joue avec, de la transformer selon sa volonté, en faisant d’elle son
compagnon idéal. Cela créée de l’attachement et nourrit l’imagination. Par
conséquent, les petits seront capables de créer leurs propres copains. »
Dana
Jianu nous a avoué que lorsqu’elle était petite, elle s’imaginait le métier de
chirurgien plasticien comme une sorte de jeu. La poupée qu’elle a inventée
invite elle aussi au jeu. Elle se laisse transformer selon la volonté des ceux
qui jouent avec, des enfants dans la plupart des cas. On peut lui ajouter
différentes catégories de muscles, on peut choisir entre des traits féminins,
des seins ou des tailles minces, par exemple, ou des traits masculins, on peut
lui coller un nez, des yeux, des lèvres, des sourcils ou des cheveux de
différentes couleurs, on peut lui conférer différentes expressions (de bonheur,
de tristesse, de colère, etc.) selon l’imagination et la disposition du moment.
Dana Jianu nous en
donne plus de détails :
« La poupée peut être aussi bien un garçon qu’une fille. C’est pourquoi
elle s’appelle Dan. A. Joy ou Dana Joy, selon les traits corporels choisis. Toutes
ses caractéristiques corporelles sont modifiables. On a à notre disposition toute
une variété de traits du visage, des yeux bridés, par exemple, ou des yeux
caucasiens. »
Dana
Jianu a reçu jusqu’à présent deux brevets d’invention : l’un pour DAN.A.JOY,
la poupée qui change ses caractéristiques corporelles et l’autre pour une
agrafeuse chirurgicale qui sert à suturer rapidement les blessures. La poupée a
eu de succès aussi bien en Roumanie, qu’à l’étranger, car elle nourrit la
créativité, tout en s’avérant un nouveau moyen de communication et d’expression
non-verbale.
Née
dans le village pittoresque de Vama, dans le département de Suceava, la chirurgienne
plasticienne Dana Jianu se fait un plaisir de remémorer des souvenirs de son enfance
passée aux pieds de la montagne. C’était dans ce village que son désir d’aider
les autres est apparu. Guidée par ses grands-parents elle a appris à se
conduire en véritable fermière. Elle s’occupait des animaux, elle faisait la
cueillette des champignons, elle assistait au sacrifice des volailles ou encore
elle préparait de délicieux plats roumains, tels la blanquette de poulet aux
cèpes.
A la
fin de notre entretien, Dana Jianu nous raconte comment l’idée de faire de
la chirurgie plastique lui est venue.
« Tout a commencé par le désir de prendre
soin de ceux qui en ont besoin. Et puisque ma grand-mère s’occupait de nos
animaux et puisque moi, j’étais très proche d’elle, je me suis rendue compte
que j’aimais bien faire de mon mieux pour que les gens restent en bonne santé. D’ailleurs,
s’occuper des autres faisait partie de ma famille, car mon père était médecin. J’étais
intéressée par la prise en charge que le médecin offrait dans le petit centre
médical départemental où, à l’époque, on faisait tout : consultations
gynécologiques, petites interventions chirurgicales, prise en charge des
maladies cardiovasculaires et du diabète. J’ai donc réalisé à quel point
j’aimais la médecine et la possibilité de soigner les gens qui en avaient
besoin. »
Pour
la chirurgienne plasticienne Dana Jianu, la santé est plus importante que
l’esthétique. En Roumanie, elle compte parmi les pionniers de la chirurgie
esthétique, car elle a fondé le premier cabinet de chirurgie esthétique privé
et elle a opéré des milliers de patients. Quand même, Dana Jianu encourage le
recours à la chirurgie esthétique ou réparatrice uniquement quand cela est
nécessaire, notamment pour remédier à des complexes physiques qui risquent de
gâcher la vie. Mais, il ne faut pas oublier que la chirurgie esthétique est
avant tout une nécessité et non pas un caprice! (Trad. Andra Juganaru)