Idées de recettes pour le carême de Pâques
Quels plats préparer durant le carême ? Quels sont les avantages et les désavantages d’une diète végétarienne ? Quelles tendances sont à constater en Roumanie en fonction des régions ? Autant de questions et bien d’autres que nous avons posées au chef cuisinier Relu Liciu, notre invité.

Ana-Maria Cononovici, 08.04.2025, 13:14
Un carême de 40 jours avant Pâques
Pâques est considérée comme la fête la plus importante du christianisme. Cette année, Orthodoxes et Catholiques fêtent Pâques le même jour, le 20 avril. Pour les plus croyants d’entre eux, une période de carême s’impose, à observer les 40 jours avant la célébration de la Résurrection de Jésus-Christ. La majorité des Roumains est orthodoxes et bon nombre d’entre eux respectent le carême, les uns à la lettre – c’est-à-dire en renonçant complètement aux produits d’origine animale : produits laitiers, œufs et viande. D’autres ont une approche moins stricte et continuent à consomment du tout sauf de la viande. Le carême mis à part, c’est sûr aussi que la diète végétarienne est de plus en plus répandue en Roumanie aussi, notamment dans les rangs des jeunes.
Quels plats préparer durant le carême ?
Quels sont les avantages et les désavantages d’une diète végétarienne ? Quelles tendances sont à constater en Roumanie en fonction des régions ? Autant de questions et bien d’autres que nous avons posées au chef cuisinier Relu Liciu, notre invité d’aujourd’hui.
Renoncer à la viande, même pour une brève période de temps, cela a ses bénéfices, mais à condition d’avoir une approche intelligente, estime Relu Liciu. Il nous explique en quoi consiste l’alimentation durant le carême et quels sont les éléments spécifiques pour la Roumanie en cette période de l’année.
Relu Liciu : « Le carême est de nouveau une tendance qui a le vent en poupe. Hormis les raisons spirituelles, il faut aussi penser à sa santé et aux effets de l’alimentation sur notre corps. Pour une approche saine du carême, il faut manger des fibres végétales : des champignons, des pommes de terre, du pain complet, du riz, des épinards, du brocoli, des choux-fleurs, des noix et ainsi de suite. Les menus varient d’une région à l’autre. Il existe trois grandes zones en Roumanie : la Munténie (le sud), la Transylvanie (le centre et l’ouest) et la Moldavie (l’est). En fonction de chaque zone, les gens préfèrent certains aliments durant cette période de l’année associée au carême. Par exemple, en Transylvanie on mange d’habitude des plats consistants : on met de la crème-fraîche dans toutes les soupes et plein d’ail aussi dans toutes les recettes. L’estragon y est un ingrédient très utilisé aussi, alors qu’il est quasi absent dans les autres régions, étant remplacé par la livèche dans les soupes aigres. Les haricots blancs et la choucroute sont aussi très présents dans les repas préparés durant le carême en Transylvanie, à la différence de la Munténie et de la Moldavie. Par ailleurs, étant donné que c’est quand même une période de jeune, les options sont limitées est les coutumes sont parfois empruntés par d’autres zones aussi »
Le temps des salades et des champignons
Pour avoir des plats encore plus sains durant les 40 jours de jeune, on peut essayer de cuisiner sans huile, faire bouillir plus souvent les légumes, du moins au début. Mais on peut tout aussi bien imaginer des recettes plus sophistiquées, à base de fruits de mer, par exemple, comme c’est le cas en Grèce. Et c’est déjà une évidence et les spécialistes le confirment : l’idéal c’est de consommer des produits locaux. Autre avantage du carême de Pâques : c’est déjà le printemps et les salades en tout genre sont de nouveau disponibles, sans oublier les endives, les oignions verts, les radis, les arroches, l’oseille ou encore l’ail des ours. Autant d’ingrédients frais pour une salade délicieuse. L’oseille est aussi utilisée dans les soupes aigres en Roumanie, alors que l’ail des ours peut être mis dans les soupes veloutées.
Voici maintenant quelques idées concrètes testées par notre invité lui-même durant ce carême de la Pâque orthodoxe.
Relu Liciu : « Moi, je préfère le côté « fine dining » pour ainsi-dire. Alors j’aime préparer des ratatouilles. Par exemple, j’ai fait une ratatouille à base de chou-fleur. On peut tout aussi bien préparer des soupes à base de champignons, car on en trouve dans tous les magasins. Puis, les fameuses « sarmale » que l’on mange à Noël surtout, cette fois-ci, les feuilles de choux, on peut les farcir de poireaux ou de champignons. On peut aussi faire des galettes à base de champignons. On ne saurait oublier non plus les pois chiches qui sont très recherchés durant cette période. De même, les fruits jouent un rôle essentiel pendant le carême et il y a plein de recettes à base de fruits. Par exemple : un ragoût à base de coings. Aujourd’hui on en prépare moins, mais lorsque j’étais enfant, j’en mangeais souvent chez ma grand-mère. C’est une véritable délicatesse ».
Garder l’équilibre
Autant d’idées pour contourner, 40 jours durant, les produits laitiers, les œufs et la viande, conformément à la coutume orthodoxe. Mais après cette période de privation, ne court-on pas le risque de causer un déséquilibre pour notre santé, au lieu de l’améliorer ? A quoi faudrait-il faire attention ? Et quels conseils pour ceux qui n’ont pas le temps de trop imaginer des menus végétariens nutritifs ?
Le chef cuisinier Relu Liciu répond : « Les gens se limitent souvent à faire un toast et à mettre un peu de beurre dessus, comme ils ont vu faire en Grèce ou en Italie. Les olives sont aussi très recherchées durant cette période de l’année. Les pâtes – voici un autre produit à la portée de tous et facile à préparer. Mais, à mon avis, elles ne sont pas des plus saines. Si on arrive à mettre un équilibre et à compenser avec des légumes et des fruits, on peut réussir à nourrir notre corps d’une manière plus saine, tant d’un point de vue alimentaire, que spirituel ».
Alors, cela vaut la peine d’essayer une nouvelle approche, même si les plats végétariens ne sont pas votre tasse de thé. Vous pourrez être surpris ! Mais attention, l’équilibre est toujours le maître-mot, même dans la cuisine ! (trad. Valentina Beleavski)