Foires traditionnelles vs foires virtuelles
Certaines, comme la Foire du mărțișor de Bucarest, ont renforcé les mesures sanitaires pour pouvoir accueillir leurs visiteurs sur place, d’autres ont déménagé en ligne, comme par exemple la Foire du tourisme. Davantage sur l’édition de cette année avec Traian Bădulescu, consultant en tourisme : « La toute récente édition 2021 de la Foire du tourisme a marqué une première absolue. Ce fut pour la première fois que cette foire a été organisée en ligne, un véritable défi à relever par les tour-opérateurs. Les organisateurs ont fait de leur mieux pour que l’événement ait du succès, même si le nombre d’exposants fut moindre par rapport aux éditions précédentes. Un logiciel performant censé nous permettre de refaire virtuellement une véritable foire du tourisme avait été mis à disposition. Y ont participé toute sorte d’agences, de localités, de régions touristiques ou d’associations aussi bien de Roumanie que d’ailleurs. Même si tout le monde espère pouvoir se retrouver face à face le plus vite possible, la pandémie nous oblige à patienter et à continuer à privilégier le format virtuel. Presque toutes les foires touristiques organisées cette dernière année dans le monde ont eu lieu en ligne, y compris les plus grandes telles World Travel Market de Londres ou la Foire du tourisme d’affaires de Barcelone. Moi, je dis que même en cas d’un retour aux événements traditionnels, il faudrait maintenir quelques composantes virtuelles. Par exemple, comme c’est difficile de faire venir sur place toutes les agences de tourisme importantes, et beaucoup de tour-opérateurs, j’encouragerais la promotion de la Roumanie à travers des conférences et des événements en ligne. A part ça, je continuerais à mettre en place des réunions d’affaires en visioconférence, car cet aspect mérite de perdurer après la pandémie aussi. Bien sûr que j’espère que la Foire du tourisme revienne bientôt au Centre d’expositions Romexpo, mais je ne peux pas m’empêcher de constater que le format virtuel lui confère plus de visibilité à l’étranger. »
Ana-Maria Cononovici, 09.03.2021, 22:29
Considérée comme la Foire du livre ayant l’existence la plus longue du pays, Gaudeamus, avec Radio Roumanie pour principal organisateur, se déroulera également dans l’espace virtuel, permettant aux passionnés de lecture de la visiter jusqu’à la fin du mois de mars, depuis chez eux.
Parmi les quelques téméraires ayant opté pour un format traditionnel, on retrouve le Musée du paysan roumain de Bucarest, qui a ouvert récemment ses portes au public désireux de visiter la Foire du mărțișor. Détails avec Lila Passima, coordinatrice de la Section d’Education muséale de l’établissement. Selon elle, même dans l’actuel contexte pandémique, la tradition du mărțișor ne saurait être mise de côté. « Et ce principalement pour deux raisons. D’abord parce que les traditions urbaines sont devenues tout aussi importantes que les traditions paysannes. Voilà comment s’explique le fait qu’au début du printemps, le Musée du paysan roumain de Bucarest accueille depuis quinze ans déjà la Foire du mărțișor, un événement adapté à l’univers citadin. Comme vous le savez très bien déjà, les origines de cette coutume se perdent dans la nuit des temps. Elle tire ses sources du calendrier agraire paysan qui célébrait l’arrivée d’une nouvelle année. C’est un symbole du renouvellement, tout comme Baba Dochia ou le Dragobete, autant de rituels printaniers issus de l’univers rural. Et même si au début du XXe siècle, les ethnologues ne lui prédisaient pas longue vie, le mărțișor perdure de nos jours encore, adapté, il est vrai, à la culture urbaine. Notre foire se veut un acte culturel avec pour point de départ ce porte-bonheur né à la campagne dont les paysans se servaient jadis pour protéger même la santé de leurs animaux, en leur accrochant aux cornes le fil tressé rouge et blanc. A partir du moment où la tradition de ce fil auquel on attachait, dans un premier temps, une pièce de monnaie, a conquis la ville, le mărțișor s’est transformé en un souvenir. »
Dans les minutes suivantes, Lila Passima nous invite à faire un tour de la Foire du mărțișor déroulée dans la cour du Musée du paysan roumain de Bucarest. « Ce printemps, nous avons été contraints d’affronter le contexte pandémique, en faisant recours à notre humour, à la créativité et à l’esprit d’innovation. C’est pourquoi nous avons demandé aux participants de faire preuve d’imagination pour nous proposer une offre tout aussi riche que les années antérieures. Le mărțișor, ce petit porte-bonheur tout sympa, se décline sous de nombreuses formes et expressions artistiques, depuis la petite pièce d’argent attachée au fil tressé rouge et blanc, en passant par des représentations des différents héros de la mythologie paysanne et jusqu’aux personnages actuels, tributaires de la culture urbaine et issus des BD, des dessins animés, bref, tous ces héros des technologies actuelles et que l’on retrouve sur Internet. La foire propose aussi des mărțișoare très élégants, réalisés en terre cuite ou en porcelaine et plaqués or. Nous nous félicitons de ce que malgré les conditions strictes de déroulement telle la diminution du nombre d’exposants et la distanciation sociale, nos participants n’ont pas abandonné cette tradition et ont participé à cette foire pour marquer l’arrivée du printemps d’une manière artistique pleine d’imagination et d’humour. »
Avec chaque nouvelle édition, la Foire du mărțișor reconfirme une tradition qui attire des gens issus de nombreux domaines, comme l’affirme Lila Passima : « Entrée définitivement dans la conscience collective, la Foire du mărțișor attire à chaque fois plus de 10 mille visiteurs. C’est un projet qui perdure. Nous nous sommes vu proposer d’inscrire sur la liste des participants les comédiens de l’Association Grivita 53 dont la présidente, Chris Simion, a mis en place une collecte de fonds pour la construction d’un théâtre. Déroulée sous le slogan « Un mărțișor suffit pour ériger un théâtre », la campagne se veut une excellente initiative pour appuyer le secteur artistique indépendant qui traverse actuellement une période particulièrement néfaste. Cette idée est en égale mesure simple, belle et percutante ».
Bien que plus triste que d’habitude en raison du contexte pandémique actuel, la Foire du mărțișor a réussi, par son organisation sur place, à offrir au public l’occasion de vivre comme avant.
(Trad.: Ioana Stancescu)