Espace Minoux
Un demi sous-sol plein de charme, avec vue sur de larges horizons en général et la rue en particulier, ouvert aux expériences gourmet, ateliers et formations en tout genre, aux dégustations de vins et d’histoires. Ainsi pourrait-on résumer en quelques mots l’endroit qui nous accueille aujourd’hui.
România Internațional, 01.05.2014, 17:53
Nous sommes rue Spătarului, tout près de Calea Moşilor, une des principales artères de la capitale roumaine, au demi sous-sol d’un bâtiment datant de 1886. L’endroit, appelé Espace Minoux, est destiné aux rencontres restreintes mais mémorables. Il a été créé dans le but affirmé de mettre sur le plan de la ville un lieu pas comme les autres, ouvert notamment à ceux qui savent dire « Bonjour », « S’il vous plaît » et « Merci ».
Răzvan Voiculescu est photographe professionnel et notre guide d’aujourd’hui: « Espace Minoux est un espace culturel de très petites dimensions, aménagé dans un bâtiment classé mais qui était dans un état tout à fait déplorable lorsque je l’ai acheté. Un bâtiment squatté par des gens qui l’on pratiquement détruit. J’ai décidé de le restaurer entièrement. Je précise: je ne l’ai pas réparé, j’ai réussi à le restaurer, à sauver des éléments d’origine, tels que les poêles et les voûtes en briques sur lesquelles les anciens locataires avaient collé de grands morceaux de carton… J’ai également récupéré la mosaïque du demi sous-sol de la maison. C’est là que je veux organiser de petits événements culturels, de sorte que l’endroit devienne connu et qu’il soit fréquenté notamment par des personnes qui apprécient sa beauté. »
Cela fait à peine deux ans que Răzvan Voiculescu a ouvert les portes en verre du rez-de-chaussée de sa maison. Ceux qui en ont franchi le seuil ont découvert une véritable galerie d’art, avec une exposition permanente réunissant une vingtaine des meilleurs sculptures en bronze d’Anca Sârbulescu. Une mini-exposition entrée dans le circuit artistique bucarestois grâce aux efforts de Răzvan Voiculescu et de ses invités.
Au demi sous-sol, 35 chaises, très exactement, attendent le public tous les jours de la semaine. Les 35 chanceux de chaque soirée se réunissent pour les différents ateliers et débats qui y sont organisés. Ou bien ils ont l’occasion d’écouter, presque en tête-à-tête, de grands artistes de musique folk roumaine. Des concerts comme entre amis, sans micro ni projecteurs.
Et ce n’est pas tout, comme nous le dit Răzvan Voiculescu: « Il y a de petites sociétés qui louent notre espace. Si j’aime le concept et l’idée que quelqu’un veut mettre en place, j’accepte. Par exemple, on y organise tous les mois des classes d’éducation parentale. En tant qu’hôte, j’écoute les débats et je constate qu’ils sont très pertinents. Le psychologue qui anime ces cours élargit l’horizon des parents, il leur explique où ils font des erreurs et pourquoi. Des fois il n’y a que les parents qui y participent, d’autres fois, ils emmènent aussi leurs enfants dans l’espoir d’arriver à une relation harmonieuse. »
Et puis il y a les soirées réservées aux gourmands. Răzvan Voiculescu nous en dit davantage. «Je choisis un chef qui ne doit pas forcément avoir des étoiles Michelin, mais du véritable talent. Le premier que j’ai invité vient de Zalău et s’appelle Mircea Groza. Il est lui-même tout un personnage. Côté cuisine, tout ce qu’il prépare est absolument divin. Il n’utilise jamais de produits du commerce. Il a ses propres producteurs qui lui préparent le formage, même la charcuterie — des dizaines de kilos par jour, tout fait manuellement, sans aucun outillage, qu’ils distribuent aux restaurants désireux d’avoir dans leur menu de la charcuterie de qualité. Il en va de même pour la viande. Sans oublier les légumes, qu’il achète chez des fournisseurs qui ont leur propres potagers. On voit que les légumes sont imparfaits, mais on sait qu’ils sont naturels, cultivés uniquement avec de l’eau, c’est pourquoi ils ont un goût extraordinaire. Mircea est un poète de la gastronomie et pas en dernier lieu une personne très cultivée. C’est un véritable plaisir de l’écouter parler de la gastronomie et de l’histoire de sa région natale, celle de Zalău. C’est un plaisir de passer toute une soirée en sa compagnie et d’écouter ses histoires.»
Vous vous demandez peut-être comment on peut réserver une place pour participer à une soirée de ce genre. Rien de plus simple : sur la page Espace Minoux de Facebook il y a une liste des prochains événements. Mais il faut se dépêcher, pour être parmi les 35 premiers demandeurs. Il n’y a que de petites exceptions, explique Răzvan Voiculescu: « Il y a des gens qui m’écrivent : « Je veux 2 billets ». Point. Je ne réponds pas à de tels messages. « Je veux » tout court, sans dire au moins « bonjour », ou un salut quelconque, sans dire « merci » — cela me donne un sentiment très désagréable. De telles personnes n’existent pas pour moi. Elles n’ont pas de place dans mon club. Heureusement, la plupart de nos visiteurs savent dire « merci », « est-ce que pourrais » ou n’importe quelle autre formule de politesse et je les invite chez moi les bras ouverts, je leur dis: oui vous pouvez occuper une de mes 35 places. Et j’ai plein de demandes, au moins 200 par événement. Je respecte l’ordre chronologique des inscriptions, avec la seule exception que je viens de mentionner: ne réponds pas aux personnes qui ne savent pas s’exprimer poliment ».
Ce n’est pas vraiment un bar, ce n’est pas vraiment un club… c’est Espace Minoux. Avec un peu de chance vous pouvez le visiter vous-mêmes si vous êtes de passage à Bucarest. (trad.: Valentina Beleavski)