Delta Craft
Jonc, torchis, peaux tannées, produits textiles aux décorations spécifiques – voilà quelques richesses du delta du Danube mises en valeur par un projet dont le but est d’encourager les métiers traditionnels des zones éloignées du delta.
Ana-Maria Cononovici, 10.12.2017, 13:30
Jonc, torchis, peaux tannées, produits textiles aux décorations spécifiques – voilà quelques richesses du delta du Danube mises en valeur par un projet dont le but est d’encourager les métiers traditionnels des zones éloignées du delta.
Oana Neneciu, directrice exécutive du Centre pour les politiques durables Ecopolis, nous raconte l’histoire du projet Delta Craft : «Delta Craft » est né en 2015, lorsque nous avons fortement ressenti le besoin de mettre en valeur et même de faire revivre les métiers traditionnels pratiqués dans le delta du Danube, une région où nous menons des projets depuis plus de 7 ans. Ces métiers, mal préservés, sont pratiqués par très peu de personnes et nous avons pensé qu’il fallait leur apporter un nouveau souffle. Nous avons travaillé avec trois designers qui, en collaboration avec une dizaine d’artisans, ont réalisé la première collection Delta Craft, réunissant objets décoratifs et objets d’art.»
Les personnes engagées dans le projet « Delta Craft » ont commencé par identifier les ressources, et décidé d’utiliser les matériaux disponibles dans le delta, des matériaux naturels avec lesquels les artisans travaillent déjà : le jonc, le torchis, la glaise ou le sable. Ensuite, ils ont étudié les coutumes et les traditions de la région, la façon dont les gens organisent leur maison et tout ce qui l’entoure, enfin, ils ont cherché les symboles traditionnels transmis d’une génération à l’autre et qui sont encore présents dans les maisons des gens vivant au delta.
Une collection inédite est ainsi née. En quoi consiste-t-elle ? Oana Neneciu : « On a vu ainsi apparaître une table en torchis, une cloison mobile, une sorte de paravent pour séparer les espaces, des chaussettes et des draps ornés de symboles anciens, une chaise en cuir tanné, travaillée manuellement par un artisan de la région, un banc creusé dans un tronc d’arbre immergé que l’on a pu récupérer. Tous ces objets sont à retrouver sur le site du projet. »
Au savoir-faire ancestral, les artisans ayant participé à ce projet ont joint la fantaisie des designers, réalisant ainsi des créations sophistiquées. Les designers et les artisans ont travaillé ensemble, chacun faisant des expériences nouvelles et des découvertes. Les objets de cette première collection illustrent les techniques usuelles de l’artisanat. Ils utilisent des ressources naturelles locales : la terre glaise, pour une table, la pierre pour réaliser un filtre d’eau, le bois pour créer un banc, le cuir pour faire une chaise et le jonc pour une cloison. Ils prouvent un style de vie durable – et c’est le cas du « filet de pêche », utilisé pour se procurer de la nourriture, ou la vigueur de la tradition, présente dans les « pompons pour les chevaux » ; ils explorent également la mémoire des lieux, par des objets tels le coffre à dot spécifique au delta ou les chaussettes brodées. Et la collection ne s’arrête pas là.
Oana Neneciu : « Nous avons essayé de créer des objets qui puissent être vendus sur les marchés roumains et étrangers. Nous avons travaillé avec trois autres designers et avec trois artisans spécialistes du jonc et du cuir. Nous avons réalisé plusieurs mini-séries comportant un sac à outils, en cuir clouté, destiné aux peaussiers, un harnais pour transporter le panier à pique-nique et la couverture pour aller dans la nature et une écharpe ornée des motifs traditionnels de Letea, car c’est là que nous avons installé le camp de création pour les designers et les artisans. »
Techniques traditionnelles et utilité contemporaine, sagesse ancienne et style de vie actuel se retrouvent dans cette collection.
Oana Neneciu: « Notre intention est de créer un large éventail de produits, pour offrir aux artisans avec lesquels nous collaborons une possibilité de gagner de l’argent par leur activité et de mettre éventuellement sur pied leur propre micro-affaire. Nous envisageons également d’organiser un concours de design, car beaucoup de designers roumains sont intéressés par ce genre de projet. Et nous pensons aussi à de nouveaux produits. Nous ne nous arrêterons pas là. Il s’agit de renouveler ces métiers traditionnels en les utilisant pour créer des objets modernes. Cette année nous avons collaboré avec trois jeunes designers talentueux – Dragoş Motică, Magda Vieriu et Ana Botezatu – et trois artisans : Florian Toma, qui est dans la peausserie depuis l’âge de 5 ans (à présent il en a 35), Florica Arion, qui tresse des paniers en jonc et qui a 65 ans, et Petre Crismschi, un des meilleurs artisans qui construit des toits en chaume. »
Le projet a été élaboré et mis en œuvre par le Centre pour les politiques durables Ecopolis, en collaboration avec KraftMade et l’Institut de recherches écologiques et muséales « Gavrilă Simion » de Tulcea. Les objets créés dans le cadre de ce projet peuvent être visualisés et achetés sur le site du projet. Vous y retrouverez également des vidéos et des images prises lors des différentes campagnes de promotion. (Trad. : Dominique)