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De la lumière pour la Roumanie

L’histoire a commencé au moment où notre invité d’aujourd’hui, Iulian Angheluţă, a pris son vélo et n’est rentré chez lui qu’après avoir parcouru 8.205 kilomètres, traversant 1.047 localités de 30 comtés. Avant son départ, il avait cherché des informations sur les zones sans électricité de Roumanie. En pédalant à travers le pays, il a frappé à la porte de gens qui, avant cette aventure, n’étaient pour lui que des chiffres sur une feuille de papier.

De la lumière pour la Roumanie
De la lumière pour la Roumanie

, 28.03.2015, 13:45



Iulian Angheluţă, président de l’Association Free Mioriţa et initiateur de la campagne « De la lumière pour la Roumanie », nous raconte comment tout a commencé: « L’idée est née d’une nécessité sociale réelle et douloureuse : en Roumanie, des centaines de milliers de personnes, des dizaines de maisons ne sont pas connectées au réseau électrique, leur seule source de lumière étant une lampe à pétrole ou une bougie et, bien sûr, le soleil. 4 écoles se trouvaient également dans cette situation. Heureusement, nous avons réussi à y apporter de la lumière et, avec elle aussi, la lumière de la connaissance sous forme d’ordinateurs équipés de logiciels éducatifs. Nous avons commencé par une campagne de sensibilisation et de collecte de fonds pour un village du comté de Hunedoara, au centre-ouest du pays. Nous y avons installé 14 panneaux photovoltaïques, produisant de l’énergie alternative, non-polluante. Nous avons continué avec l’école d’Inelet, une localité du comté de Caraş-Severin, dans le sud-ouest du pays, où nous avons apporté de la lumière au printemps dernier. En 2014, pendant six mois, j’ai traversé le pays à vélo, parcourant 8 mille kilomètres. Je l’ai fait pour découvrir les familles qui n’ont pas d’électricité dans leurs maisons. La campagne a continué. Cette année, en février-mars, nous avons branché au réseau électrique 3 écoles des compté de Suceava et de Maramureş, dans le nord du pays, et une école du compté de Caraş-Severin, dans le sud-ouest. C’étaient les dernières écoles de Roumanie qui ne disposaient pas d’électricité. Nous avons également réussi à doter d’un panneau photovoltaïque la maison d’une famille de la commune de Teregova, toujours dans le comté de Caraş-Severin. Et la campagne va continuer. »



Nous avons demandé à Iulian Angheluţă comment les autres considèrent les gens qui passent d’un coup de la bougie à l’ampoule électrique, utilisant une technologie de pointe : « Avec réticence. Les gens sont plutôt méfiants pour avoir entendu, au fil du temps, bien des promesses de certaines autorités ou de certaines autres personnes. Au moment où l’on arrive sur le terrain, ils se reprennent et réalisent que nous sommes là pour les aider vraiment. Le système nouveau les interpelle, puisqu’ils sont habitués au modèle classique du fil qui les relie au réseau. Ils ignorent l’existence des autres variantes, non conventionnelles, de production de l’énergie électrique. Or, pendant notre campagne, nous visons à faire prendre conscience aux villageois qui habitent des localités plus isolées du fait qu’il existe d’autres alternatives aussi. »



Se référant à la vie que mènent ces gens-là, notre interlocuteur a affirmé qu’il s’agit de personnes âgées, aux maigres pensions de retraite et qui vivent, oubliées du monde, dans de petites maisons, ou bien d’enfants qui aident leurs parents aux travaux quotidiens et qui attendent le soir pour faire leurs devoirs d’école à la lumière d’une bougie. C’est la situation de ces enfants qui a le plus touché Iulian Angheluţă: « Ce sont eux qui me donnent la force d’aller de l’avant. Pour la famille de Teregova, j’ai installé aussi un téléviseur et un petit DVD avec des dessins animés. Il y avait six petits dans une chambre étroite. Lorsque j’y suis entré et que j’ai allumé la télé et puis le DVD avec des dessins animés, j’ai été saisi par la fascination et l’émerveillement que l’on pouvait lire sur leurs visages. C’était pour eux une autre façon de découvrir le monde, un autre univers avec lequel ils entraient en contact. Leur curiosité et leur désir d’explorer le monde ont désormais un support, puisqu’ils ont accès à davantage d’informations. »



Conscient du fait qu’une ampoule électrique ne suffit pas pour changer la vie, Iulian envisage de lancer le site dédié à la campagne “De la lumière pour la Roumanie”, où il va poster ce qu’il appelle “La carte de la lumière”: « Je voudrais mentionner sur cette carte toutes les écoles et tous les foyers où j’ai apporté de la lumière, mais aussi et surtout indiquer les milliers de ménages toujours privés d’électricité. Ce sera une carte unique, que vous ne retrouverez nulle part ailleurs. Les gens ne se rendent pas compte de l’ampleur de ce problème. Les données fournies par le recensement de 2011 font état de 284 mille foyers manquant d’éclairage électrique. »



Il tient à ce que tout un chacun puisse voir ce qui a été fait, le travail qu’il reste encore à faire et puis de quelle manière on peut s’y impliquer. Quant à l’implication dans cet effort, tous les pas à franchir sont précisés: on regarde tout d’abord la carte, puis on choisit une famille dont on devient l’ami. Deux sont les possibilités de leur venir en aide. La première consiste à acheter un panneau solaire, que Iulian et d’autres bénévoles vont installer. La seconde c’est acheter le panneau solaire et puis aller chercher deux ou trois copains pour le monter vous-mêmes. Les deux variantes se valent, explique Iulian, qui affirme pourtant qu’il ne faut surtout pas rater l’expérience sur le terrain. Tous les bénévoles qui l’ont accompagnés dans ce genre d’actions en gardent de très beaux souvenirs et sont surtout plus conscients du fait qu’ils contribuent ainsi à rendre meilleure la vie de certains de leurs semblables. Iulian Angheluţă souhaiterait aussi que l’Etat mette en place un programme similaire à celui intitulé « Le premier logement » ou « La première voiture ». Il serait bien entendu baptisé « Le premier panneau solaire ». (Trad. Dominique, Mariana Tudose)

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