Dans Bucarest, sur les traces de Mircea Eliade
Pour marquer le 110e anniversaire de la naissance de l’écrivain et philosophe Mircea Eliade, nous vous proposons aujourd’hui un itinéraire culturel qui vous fera découvrir des rues bucarestoises dont l’auteur parle dans ses romans. A compter du 30 mars dernier, les itinéraires culturels « A travers le Bucarest de Mircea Eliade » se poursuivront pendant tous les week-ends jusqu’au 27 avril. En 2015, ce projet a attiré plus de 5 mille participants pendant seulement quelques week-ends de promenade à travers la ville.
Ana-Maria Cononovici, 16.04.2017, 14:53
Edmond Niculuşcă, président de l’Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité (ARCEN) nous parle de ce projet: « Nous venons de fêter le 110e anniversaire de la naissance de Mircea Eliade, ce qui nous a incité à un retour sur son œuvre littéraire, pour la regarder, pourquoi pas, sous un nouvel angle. Notre projet — « Eliade 110 » comporte deux conférences et 6 itinéraires culturels, « A travers le Bucarest de Mircea Eliade », comme nous les avons appelés.
La première conférence, déjà tenue à l’Institut français de Bucarest, a porté sur 7 endroits dont Eliade parle dans ses romans et qui sont à retrouver presque tous dans la capitale roumaine d’aujourd’hui. La dernière conférence portera sur un personnage féminin: Ileana — qui apparaît parfois sous les noms dérivés de Leana, Lena, Elena, mais qui est la même représentante de la féminité. Elle porte également d’autres noms dans ses nouvelles fantastiques et dans ses romans « La nuit bengali » et « Forêt interdite »
Les « Promenades à travers le Bucarest de Mircea Eliade » réunissent des histoires sur les anciens faubourgs et sur l’architecture de la ville, sur l’enfance de Mircea Eliade et des fragments de prose fantastique datant de la période de son exil. Le point de départ en est à chaque fois le même : 20, rue Mântuleasa, tout près de l’église Mântuleasa. Nous avons demandé à Edmond Niculuşcă si les rues de Bucarest gardaient encore leur charme pittoresque d’autrefois : « Il y a des maisons qui gardent encore leur ancienne peinture. Ce sont des veilles maisons, bâties avant la première guerre mondiale et qui ont une cour profonde, plantée de vigne et d’arbres fruitiers.
D’autres parties de cette zone ont été mutilées, comme toutes les zones historiques de la capitale, d’ailleurs. Nous avons choisi à dessein, pour ces promenades, des rues qui gardent encore de nombreux endroits précieux, où le paysage culturel et l’identité du quartier restent assez proches du Bucarest tranquille d’autrefois, du Bucarest des faubourgs et des quartiers résidentiels du début du 20e siècle. »
Ce projet est une invitation à mieux connaître la ville et, en même temps, une invitation à la lecture : « C’est une invitation à regarder la ville sous un autre angle. Les personnages de Mircea Eliade ont tous une relation affective avec la ville. C’est pourquoi, lors de nos promenades, nous souhaitons justement découvrir comment on peut vivre la ville et comment la ville peut vivre à travers nous.
Et c’est aussi une invitation à la lecture, car tout l’itinéraire, toutes les haltes correspondent à un passage d’un récit ou d’un roman de Mircea Eliade. C’est aussi une invitation à se rapprocher davantage de la ville. Car, de nos jours, la relation entre les Bucarestois et leur ville n’est pas saine. Or, cette relation toxique se reflète dans ce qui se passe dans les rues anciennes de la capitale, soit les mutilations de la ville et la perte de son identité ou de sa mémoire. »
Au-delà des détails concernant les particularités de la zone où Eliade a passé son enfance, les deux guides, Alberto Groşescu et Edmond Niculuşcă, ont enchanté les participants en leur présentant des histoires, des mémoires, en évoquant des concepts propres à l’époque et en dressant un portrait de l’habitant des faubourgs d’antan.
Et puisque le projet s’achève fin avril, Edmond Niculuşcă lance une dernière invitation: « Nous attendons les Bucarestois samedi et dimanche, 20, rue Mântuleasa, pour une promenade d’une heure à travers le Bucarest de l’enfance de Mircea Eliade. Enfant, il allait à l’école Mântuleasa, il se rendait chez ses grands-parents, dont la maison se trouvait dans l’impasse Mătăsari, il allait voir sa sœur, rue Traian. C’est là tout un espace de l’enfance, un espace mythique, qui se retrouvera plus tard dans ses écrits fantastiques. »
La série d’événements « Eliade 110 » est organisée en collaboration avec l’Institut français de Bucarest, car la France a joué un rôle décisif dans la vie de Mircea Eliade: elle a été son premier pays d’adoption, c’est là qu’il a enseigné à l’École pratique des hautes études, c’est elle qui lui a frayé la voie de l’universalité, qui a traduit et publié ses livres. (trad. : Dominique)