Chaussures anti-Covid 19
L’humanité a
apporté, ces derniers temps, toute sorte de réponses à la crise provoquée par
la pandémie de Covid-19. Pour un cordonnier créatif, la pandémie a été une
occasion de lancer la chaussure parfaite pour les temps que nous vivions.
Depuis son atelier de Cluj-Napoca (nord-ouest), Grigore Lup raconte comment il
a créé des chaussures pour respecter la distanciation sociale : « L’idée m’est venue après
l’institution de l’état d’urgence. Tout d’un coup, l’activité de notre atelier a
été bloquée ; plus personne ne franchissait le seuil de notre boutique.
Alors les ouvriers – une dizaine – ont été mis en chômage technique. Moi, je me
rendais de temps à autre à l’atelier et un jour je me suis rappelé qu’il y a
quelques années, j’avais travaillé des chaussures en cuir à pointe allongée,
pour le théâtre. Et comme j’avais vu à la télé que la distanciation sociale,
bien que fortement recommandée, n’était pas respectée, je me suis dit : je
vais faire trois paires de chaussures et les poster sur ma page Facebook, pour plaisanter,
et puis on verra bien. J’ai donc posté les chaussures, que j’ai appelées chaussures pour respecter la distanciation sociale. »
Ana-Maria Cononovici, 28.07.2020, 13:30
L’humanité a
apporté, ces derniers temps, toute sorte de réponses à la crise provoquée par
la pandémie de Covid-19. Pour un cordonnier créatif, la pandémie a été une
occasion de lancer la chaussure parfaite pour les temps que nous vivions.
Depuis son atelier de Cluj-Napoca (nord-ouest), Grigore Lup raconte comment il
a créé des chaussures pour respecter la distanciation sociale : « L’idée m’est venue après
l’institution de l’état d’urgence. Tout d’un coup, l’activité de notre atelier a
été bloquée ; plus personne ne franchissait le seuil de notre boutique.
Alors les ouvriers – une dizaine – ont été mis en chômage technique. Moi, je me
rendais de temps à autre à l’atelier et un jour je me suis rappelé qu’il y a
quelques années, j’avais travaillé des chaussures en cuir à pointe allongée,
pour le théâtre. Et comme j’avais vu à la télé que la distanciation sociale,
bien que fortement recommandée, n’était pas respectée, je me suis dit : je
vais faire trois paires de chaussures et les poster sur ma page Facebook, pour plaisanter,
et puis on verra bien. J’ai donc posté les chaussures, que j’ai appelées chaussures pour respecter la distanciation sociale. »
Nous avons
invité Grigore Lup à nous expliquer comment il fabrique ces chaussures : « Elles sont un peu difficiles à
travailler, il faut un patron spécial, les tailler manuellement, ensuite les river,
les coudre à la machine, achever les claques ; ensuite il faut un
embauchoir, pour les allonger. Pour vous donner un exemple : le joueur
roumain de basket Ghiţă Mureşan mesurait 2,31 m. C’était le plus grand joueur de
la NBA. Sa pointure était 53. Imaginez, par comparaison, les chaussures taille 75
que j’ai conçues. Elles sont très, très grandes, ces chaussures, et tout est
travaillé à la main. Et on doit utiliser des matériaux légers, pour qu’elles
puissent être portées. »
Bien qu’âgé de
55 ans seulement, Grigore Lup fabrique des chaussures depuis 39 ans. Il a commencé
quand il avait 16 ans. Né dans une famille qui comptait 8 enfants, il n’a pas
pu continuer ses études et il est allé apprendre un métier. Après 3 mois – au
lieu des 6 que durait normalement l’apprentissage pour devenir cordonnier -
Grigore Lup réalisait sa première paire de chaussures. Depuis, il n’a refusé
aucune commande – nous a-t-il confessé. Combien de temps lui faut-il pour
réaliser une paire de ces chaussures géantes ? « Ça prend
deux jours, car, après les avoir placées sur l’embauchoir manuel, on doit les enduire
de toute sorte de solutions et les laisser sécher. A présent, que les ouvriers
sont revenus à l’atelier, je pourrais en travailler plusieurs en même temps.
J’ai beaucoup d’idées. »
Grigore Lup est
fier d’avoir réalisé, au fil du temps, des chaussures pour des chanteurs très
connus de musique traditionnelle du pays, pour des ensembles de musique
traditionnelle, ainsi que des chaussures traditionnelles roumaines, une sorte
de sabots en cuir appelés « opinci », pour les étrangers qui viennent
à Cluj apprendre les danses folkloriques roumaines. Pourtant, une fois mises en
ligne sur un réseau de socialisation, les chaussures pour respecter la
distanciation sociale ont fait le buzz sur la toile, valant à Grigore Lup une
notoriété mondiale : « Avec mes chaussures, je suis
arrivé là où je n’aurais jamais pensé pouvoir arriver ! Je vous raconterai
une petite anecdote : il y a cent ans, mon grand-père est parti aux
Etats-Unis avec plusieurs autres paysans transylvains, pour gagner de
l’argent ; revenu au village, il achetait des terrains. Et voilà qu’après
tant d’années, l’histoire de mes chaussures est arrivée, elle aussi, dans le
New York Times, aux Etats-Unis. Et, par l’intermédiaire de plusieurs agences
qui m’ont promu dans le monde entier, je reçois des appels du Canada,
d’Australie, des Etats-Unis, où j’ai d’ailleurs des petits-fils, de Russie,
d’Allemagne. Le quotidien espagnol « El Mundo », qui est un journal
très important, ainsi que «The Telegraph » ont parlé de moi. La dernière
agence à m’avoir contacté est la plus grande d’Amérique du Sud et mes
chaussures ont commencé à être distribuées en Argentine et au Brésil. C’est incroyable
! »
Et, évidemment,
après tant de publicité, au grand amusement du créateur de ces chaussures, des
commandes sont arrivées de Roumanie aussi, ainsi que du Canada et du
Royaume-Uni. Puisque le masque est déjà un accessoire obligatoire, pourquoi les
« chaussures pour faire respecter distanciation sociale » ne
deviendraient-elles pas, elles aussi, à la mode ? (Trad. Dominique)