Cérémonies humanistes
România Internațional, 13.02.2014, 14:32
Exemptes de leur composante religieuse habituelle et officiées par un célébrant ayant suivi une formation spéciale, ces cérémonies marquent des moments importants de notre vie, tels — pour l’instant — le mariage ou la naissance d’un enfant.
Monica Beliţoiu est la porte-parole de l’Association séculière humaniste de Roumanie, qui organise ces cérémonies. L’idée de créer un tel service lui est venue en 2012, lors de la célébration de son mariage. « Mon mari et moi n’avons pas voulu nous marier à l’église. Nous souhaitions une cérémonie en plein air, où nous puissions échanger des serments devant nos parents et nos amis. La cérémonie s’est déroulée dans un cercle restreint de personnes, au bord d’un lac et elle a été officiée par un ami, car, à ce moment-là, il n’y avait pas encore un service spécialisé en Roumanie et donc nous ne savions pas à qui nous pouvions nous adresser. Faire venir un célébrant de l’étranger aurait coûté trop cher et la cérémonie n’aurait pas pu se dérouler en roumain. Nous avons choisi un ami qui sait parler en public et nous l’avons prié de s’en charger. Nous lui avons dit ce que nous souhaitions, il a écrit un discours où il a raconté notre histoire d’amour, telle qu’il la connaissait, il a parlé de nous et dit pourquoi il avait accepté d’officier la cérémonie de notre mariage. Ensuite, mon mari et moi, nous avons échangé des serments et nos alliances. Notre ami nous a félicité et invité les autres à en faire autant. Nous nous étions déjà mariés à la mairie, quelques mois avant, pourtant, un mariage civil, qui ne dure que quelques minutes, n’est pas une vraie cérémonie. Pour nous, c’était un moment important et nous voulions le marquer d’une autre manière. La cérémonie a plu à tout le monde et nos mères ont pleuré d’émotion. Nos grands-parents ont toutefois été d’avis que nous devrions nous marier à l’église aussi, ne serait-ce que pour nous mettre à l’abri des mauvaises langues. Pourtant, ceux qui ont fait connaître leur opinion sur la cérémonie, ont dit du bien de nous. Nos amis ont été enchantés. Certains d’entre eux se marieront cette année et ils ont auront, eux aussi, une cérémonie humaniste. »
Est-ce là, en fait, une nouvelle forme de religion ? Monica Beliţoiu estime qu’il s’agit plutôt d’une nouvelle attitude envers la vie. « Les principes humanistes sont des principes de tolérence, de bonne entente, de coopération, de non-discrimination, d’égalité entre les êtres humains et devant la loi. Je considère que nous n’avons qu’une vie et que nous sommes responsables de tout ce que nous faisons ; si nous commettons une erreur, c’est nous qui en sommes responsables et pas le destin et si nous réussissions, c’est notre mérite et celui des personnes qui nous ont aidé. Nous ne ressentons pas le besoin d’appartenir à une religion. En échange, nous respectons celle des autres. Nous nous rendons chez nos parents pour les fêtes et nous les célébrons ensemble, mais c’est tout. »
Puisque les personnes invitées à leurs noces ont été enchantées et qu’il y avait des demandes et un intérêt pour ce type de cérémonies, Monica et ses collègues de l’Association ASUR ont tenté d’esquisser une offre à l’intention des personnes intéressées.
Assistés par les vétérans des cérémonies humanistes, en octobre 2012, ils ont mis au point un stage de formation des célébrants, qui sont à présent déjà aptes à répondre aux exigences de tout couple non-conformiste. Rêvez-vous de noces thématiques, de noces où les invités soient des personnages littéraires ou de cinéma ? Ou peut-être aimeriez-vous souhaiter à votre bébé la bienvenue au monde d’une façon plus originale ? A présent c’est possible. Donnez libre cours à votre fantaisie, les professionnels des cérémonies humanistes feront le reste — dans les limites de la laïcité. « Nous ne faisons rien qui soit de nature religieuse, nous n’offrons pas une réplique des cérémonies pratiquées par les différentes religions, nous ne lisons pas de passages des livres saints, nous n’organisons pas de cérémonies pareilles à celles de Las Vegas. Nous organisons des cérémonies pour les couples sérieux, qui souhaitent rester ensemble et bénéficier d’une telle cérémonie non pas pour apporter plus d’amusement à leurs noces, mais pour célébrer leur amour — si je puis dire. On a besoin de partager avec les êtres chers les moments importants de sa vie, on a besoin de dire aux siens et aux amis : voilà, je me suis mariée et c’est lui l’homme que j’aime et avec lequel je souhaite passer le reste de ma vie et je lui promets et je vous promets de nous respecter et de nous entendre. On a besoin de dire : « C’est mon enfant, je suis fier ou fière de lui, je vais l’aider et l’aimer toujours. » On a besoin de marquer ces moments. A mon avis, l’idée de cérémonie ne doit pas être strictement liée à un vécu de nature religieuse ; il s’agit de sentiments humains, que tout le monde éprouve — que l’on croie ou non à une divinité. »
Les couples mixtes qui ont besoin de cérémonies en roumain, mais aussi en anglais, semblent très attirés par l’offre de l’Association ASUR. Depuis le début de l’année, 8 couples ont déjà choisi un célébrant pour leur mariage, qui aura lieu en 2014 ou même en 2015. 10 autres couples hésitent encore entre les 3 célébrants de l’Association. Les deux premiers mariages auront lieu le 31 mai à Bucarest. Avant la cérémonie, les mariés rencontreront le célébrant, lui raconteront leur histoire d’amour, lui diront ce qui les a uni et lui offriront les informations dont il a besoin pour écrire son discours. Après la cérémonie, les mariés signeront un certificat avec un stylo qui leur sera offert en souvenir.
Les cérémonies humanistes sont purement symboliques, le certificat n’a pas de valeur légale, il leur rappellera le jour heureux de leur mariage.
Les réactions de l’Eglise ne se sont pas fait attendre. « Peu de temps après l’annonce concernant la création de ces services, les prêtres ont affirmé que ces cérémonies n’étaient pas bénies par la grâce divine et qu’elles n’étaient pas reconnues par l’église. Je ne saurais dire si ma définition de la grâce divine correspond à celle de l’Eglise. Pourtant, ce que nous faisons découle plutôt du désir d’offrir aux gens les moments dont ils ont rêvé pour marquer un événement important de leur vie. » (Trad. : Dominique)